Stocks d'invendus, fin de série, matériaux d'occasion, de sérieuses marges d'économies peuvent être réalisées dans le bâtiment, à condition de changer les habitudes. Illustration en Périgord où vingt enseignes du bâtiment ont organisé une "Brocante aux matériaux"
C'est un barnum sur une esplanade, une sorte de vente en plein air... nous sommes à côté de Périgueux, sur le parking d'un marchand de bois, de quincaillerie et de matériaux. Sur des palettes, des panneaux de contreplaqué, des rouleaux de laine de verre, des lots de parquet flottant, des plans de travail... et entre les allées, un jeune couple très affairé. "On est en train de faire construire actuellement, et on a vu qu'il y avait beaucoup de matériaux qui étaient en vente à des prix vraiment très bas" explique le jeune homme. "Tous les matériaux ont augmenté, donc on essaye de trouver les bonnes affaires, et ça aide !" renchérit sa compagne.
Prix fous, vente raisonnée
Et pour cause ! Les étiquettes affichent jusqu'à moins 80 % sur certains produits. Pas de miracle, il s'agit d'invendus et de stocks que le magasin ne souhaitait pas conserver, explique Pauline Fiandrino, directrice de Périgord Bois. "Tous ces produits peuvent être soit des surplus de stocks, soit des modèles d'exposition, on peut avoir des invendus qui seraient restés sur nos racks, qui, à terme, se seraient abîmés, et donc peut-être jetés". Autant, effectivement, en faire profiter les clients et ne pas gaspiller.
Jouer le jeu du recyclage
L'opération s'est déroulée sur deux jours dans une vingtaine d'entreprises qui se sont prêtées à l'expérience à l'initiative de Coop Action, association qui facilite et accélère des projets au service des transitions et des besoins des habitants. Une nécessité. La France n'a pas la culture des matériaux de construction recyclés. L'initiative est à rapprocher de celle du Tri Cycle Enchanté, association départementale qui propose des matériaux de seconde main dans son local de Brantôme, après les avoir récupérés sur les chantiers.
"Les déchets du bâtiment, ça concerne à peu près 70 % de tous les déchets qu'on produit en France " plaide Krystal Botton, animatrice de Coop Action, "mais il n'y a qu'1% de ces déchets qui sont réemployés". La spécialiste explique toutefois que tous les déchets ne sont pas les invendus des magasins, bien évidemment. Du côté des magasins, le bilan aussi s'annonce positif. "On a triplé notre fréquentation, on a fait à peu près un tiers de notre chiffre d'affaires sur la brocante et le reste, c'est vraiment que des nouveaux clients sur des nouveaux produits", se réjouit Lucille Maury du magasin Gedimat.
Pour fonctionner, le système doit bien sûr garantir de vraies promotions et ne pas se transformer en opération commerciale déguisée. Il doit aussi rester limité dans le temps, sous peine de devenir aussi peu motivant que les traditionnelles soldes. Une deuxième édition est prévue pour l'an prochain, elle devrait concerner davantage de professionnels