"Ils ont pillé les recettes, ils ont pillé la marque." Passé le choc, les salariés des foies gras Rougié manifestent leur colère

Mettre la pression pour obtenir des garanties. Après l'annonce de la fermeture de leur site de Sarlat, les employés des foies gras Rougié ont entamé un mouvement de grève depuis ce lundi 25 novembre. Les négociations avec la direction d'Euralis doivent débuter en fin de semaine, mais la tension monte déjà.

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C'est une situation difficilement tenable. Alors qu'ils ont appris la fermeture de leur site de production la semaine dernière, les 73 employés du site emblématique de Sarlat, en plein Périgord noir, ignorent encore "à quelle sauce ils seront mangés". Les négociations ne doivent débuter officiellement que vendredi avec le premier volet du PSE, mais la tension est déjà palpable. Notamment autour des chiffres qui, avancés par la coopérative Euralis, motiveraient la fermeture du site sarladais.

Foies gras et mauvaise foi ?

Euralis gastronomie aurait cumulé 37 millions de pertes sur l'activité canard dans trois usines, dont 30 millions pour le seul site de Sarlat. "Comment voulez-vous cumuler 30 millions sur un seul site, c'est improbable et c'est impossible, s'indigne Nicolas Magnanou, responsable de la Fédération Nationale Agroalimentaire et Forestière CGT Aquitaine Midi-Pyrénées.

Il y a eu 9,6 millions d'aides de l'État, ce qui va servir maintenant, très clairement, à payer le plan social. Euralis est tranquille, ils vont pas débourser un seul euro de leur poche !

Nicolas Magnanou, responsable FNAF CGT Aquitaine Midi-Pyrénées

Il dénonce l'absence d'investissements dans leur usine et des "pseudo-projets" notamment avec l'agropole d'Agen. "Tout ça, ce n'était que pour camoufler, pour gagner du temps, préparer, récupérer de l'argent public, mettre ça dans les comptes gentiment pour préparer les licenciements, regrette le responsable CGT. Ça fait des années que sur le site de Sarlat, il n'y a plus de réels investissements. On laisse pourrir le site pour dire qu'à la fin, on ne peut plus faire, il n'y a plus assez de volumes."

La grippe aviaire fait encore tousser

"Quand il y a eu la première grippe aviaire, le site de Sarlat avait joué le jeu", continue le syndicaliste en rappelant qu'à l'époque, par solidarité, Sarlat avait "partagé" ses volumes avec l'usine principale de Maubourguet (Hautes-Pyrénées) pour soutenir l'activité. "Là, avec le peu de tonnage, on voit bien que l'ascenseur n'est pas renvoyé. Quand on veut tuer son chien, on le tue, c'est pas dur".

Cette concurrence fratricide avec le site de Maubourguet où l'activité est encouragée par Euralis et qui aurait "vampirisé" Sarlat fait partie des nombreux points de crispation. "Ils ont pillé les recettes, ils ont pillé la marque, ils ont pillé la notoriété. Les salariés ont réussi à créer cette notoriété", indique le représentant syndical.

Les salariés de Sarlat avaient un savoir-faire qu'ils n'ont pas réussi à reproduire, il y a eu des personnes, dans notre dos, qui nous regardaient à longueur de journée.

Nicolas Magnanou,

Responsable FNAF CGT Aquitaine Midi-Pyrénées

Résolus à voir disparaître le site

Un point peut surprendre : dans les revendications, il n'est pas question de la sauvegarde pure et simple du site. Même si la direction d'Euralis avait évoqué la possibilité d'un repreneur, les employés eux-mêmes n'y croient guère. "Le site, il est concrètement mort. Jusqu'à présent, on s'est battus pour la sauvegarde du site, aujourd'hui, on va tous se battre pour partir avec ce à quoi on a droit. C'est-à-dire une supralégale [indemnité supérieure à l'indemnité légale] digne de ce nom", explique Linda Zanini-Leroux, ancienne élue syndicale et employée chez Rougié depuis 17 ans.

Seule une quinzaine d'intérimaires continue actuellement la production. Dans la journée, les salariés en grève illimitée ont maintenu le piquet de grève devant la boutique et bloqué la circulation des marchandises vers et depuis les ateliers de transformation. Ils ont également distribué un tract intersyndical reprenant leurs arguments. Un tract largement validé par bon nombre de sarladais qui depuis 1977 ont vu Rougié faire rayonner le nom de la cité et leur savoir-faire gastronomique dans le monde entier.

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