Municipales : triangulaire en vue pour le deuxième tour à Périgueux

Depuis l’annonce d’un second tour à la date du 28 juin, les équipes des différents candidats pour la  mairie de Périgueux s’agitent en coulisses. Des alliances se dessinent et laissent présager d’une triangulaire entre Antoine Audi, Delphine Labails et Patrick Palem.
 

Elles étaient huit le 15 mars. Le 28 juin, elles ne seront plus que trois. Elles ? Les listes électorales en course pour les élections municipales de Périgueux.

Huit candidats, c’était du jamais vu dans l’histoire de la préfecture de la Dordogne. Un casse-tête politique fruit des désunions de la gauche, comme de la droite, au niveau national, additionnées, ou plutôt multipliées, par des conflits de personnes propres à Périgueux.

Au soir du premier tour, le 15 mars, après le dépouillement des urnes, l’horizon n’était pas beaucoup plus dégagé.
Cinq listes, ayant dépassé les 10%, pouvaient se maintenir. Trois autres, au-dessus de 5%, pouvaient fusionner.

Pour rappel, tels étaient les résultats :  

Antoine Audi, maire sortant LR : 19.15%
Delphine Labails, PS : 17.37%
Patrick Palem, soutenu par la République En Marche : 15.49%
Michel Moyrand, ex-PS et ancien maire de Périgueux : 13.73%
Hélène Reys, Collectif citoyen (France Insoumise, PCF, Génération…) : 11.68%
Laurent Rouquié, Dvd, ex-adjoint aux finances d’Antoine Audi : 9%
François Carême, Europe, Ecologie les Verts : 7.34%
Elisabeth Dartencet, Dvd, ex-adjointe à la culture d’Antoine Audi : 6.19%
 


Le suspense de ce scrutin historique a été bien gâché par l’épidémie de coronavirus. Tout d’abord, le climat de panique a dissuadé une majorité d’électeurs de se déplacer. La participation n’a été que de 43%. Ensuite, c’est le confinement, à compter du 17 mars, qui a fini de casser l’ambiance en repoussant aux calendes grecques le second tour et la résolution du casse-tête politique de Périgueux.
L’excitation de la campagne électorale est très vite retombée. Un consensus, à peu près unanime, a dissuadé les politiques de s’exprimer durant ces deux longs mois d’alerte sanitaire.

Mais maintenant que la date du 28 juin a été annoncée pour le deuxième tour des élections municipales, cela s’agite à nouveau parmi les équipes des différents candidats.

Une triangulaire se dessine autour d’Antoine Audi, Delphine Labails et Patrick Palem.


De ces trois candidats, c’est le plus novice en politique, Patrick Palem, qui semble avoir été le plus réactif. L’ancien dirigeant de la Socra est en mesure de présenter sa liste de second tour dès ce vendredi matin. Une liste nettement remaniée par rapport au premier tour puisque le candidat soutenu par La République En Marche a tendu la main à Elisabeth Dartencet ainsi qu’à l’équipe de Michel Moyrand.

«Il faut faire des alliances. Je m’inspire de ce qui existe au niveau du Grand Périgueux, où le président de l’agglomération, Jacques Auzou, du PCF, gouverne avec une majorité composite. Et ça marche. »

Elisabeth Dartencet, comme Michel Moyrand, ont décidé de tirer un trait sur leur vie politique au soir du premier tour. Ils ne figureront pas sur la liste de Patrick Palem, mais respectivement deux et neuf de leurs co-listiers devraient intégrer l’équipe de l’ancien chef d’entreprise.

Du côté de Moyrand, Thomas Sarlat a négocié l’accord, qui ne s’est pas tant fait sur le nombre de places que sur le programme. Le numéro trois de la liste Moyrand ne figurera d’ailleurs pas lui-même sur cette liste d’union allant de la droite à la gauche.

« On s’est mis d’accord sur un projet de ville. ».

Le programme de second tour de Patrick Palem devrait ainsi inclure des propositions issues de la liste de Renovons Périgueux, comme un centre de soins mobiles, la rénovation de l’école André Boissière, un projet d’espace culturel.

Autre condition posée à ce ralliement au candidat de centre-droit, la mise en retrait de l’étiquette de la République en Marche. C’est en effet, le parti macroniste, qui au début de l’histoire de cette candidature a débauché Patrick Palem.
Mais au fur et à mesure de l’impopularité croissante du Président, Patrick Palem avait pris ses distances avec le parti au pouvoir tout en conservant trois membres de LaREM sur sa liste.
Aujourd’hui, Patrick Palem se dit « centre-gauche, centre-droit, transpartisan ».

Il n’en demeure pas moins que le ralliement de la liste de l’ex-maire PS de Périgueux fait jaser à gauche.
« C’est infernal le nombre d’appels que je reçois », témoigne Delphine Labails, qui fut la première adjointe de Michel Moyrand, lors de son mandat entre 2008 et 2014. « On ne comprend pas ce ralliement à la droite et à la République en marche. »

La candidate socialiste joue elle-même la carte du rassemblement de la gauche.
En incluant les voix de Michel Moyrand, la gauche a dépassé les 50% au premier tour.
L’accord entre Rénovons Périgueux et Patrick Palem pourrait redistribuer les cartes. Mais les voix n’appartiennent pas aux candidats et puis dans une triangulaire, il ne sera peut-être pas nécessaire de faire plus de 50% pour remporter le suffrage.
 


« Sereine et confiante », Delphine Labails devrait pouvoir compter sur le ralliement des Verts et du Collectif Citoyen. Rien n’est officiellement acté, les discussions se poursuivent (notamment entre les membres du Collectif qui vont trancher via une votation interne), mais les convergences de vues sont là.
« Nous constatons ensemble que nos projets sont très complémentaires. La gauche à Périgueux est claire sur ses valeurs et sur le projet ». Hum… avec une réserve, du côté de François Carême. L’écologiste est allé se signaler auprès de Patrick Palem, sans que celui-ci ne donne suite.

« Ce que je tire de mon expérience, c’est que la force d’une équipe tient dans ce temps de préparation », poursuit Delphine Labails. Celle qui pourrait potentiellement devenir la première femme maire de Périgueux, a trouvé en particulier un terrain d’entente sur la question de la transition démocratique avec Hélène Reys, la tête de liste du Collectif Citoyen. La transition démocratique, c’est la volonté d’associer un peu plus les citoyens aux prises de décision.  

« Je sens une vraie volonté de renouvellement », confirme Hélène Reys, qui nous confie avoir rediscuté avec humour de choses qui s’étaient passées durant la campagne. Les chicaneries n’ont pas manqué entre les Mélenchonistes et les socialistes. 

Dernier candidat, et non des moindres, dans ce passage en revue des forces en présence, Antoine Audi, le maire sortant, n’a pas d’alliance à nous annoncer.
« Je lis la presse comme tout un chacun. Des listes se rapprochent. Moi j’ai appris que des choux et des carottes ne s’additionnent pas. Le problème, c’est qu’elle est la colonne vertébrale d’une liste ? ».

Mobilisé quotidiennement sur la gestion de la crise sanitaire, l’élu LR éprouve la satisfaction d’avoir « accompli des choses » durant ces dernières semaines.
Une expérience qui lui a fait reconsidérer une partie de son programme : les grands projets. Comme la Manufacture gourmande, le quartier Montaigne.

« Ça a remis un coup de projecteur sur la quotidienneté et la proximité, c’est essentiel ! Peut-être que des projets vont être réinterrogés… ».

Sachant que certains de ces fameux projets ont été défendus mordicus face à une hostilité certaine jusque dans ses propres rangs, ce serait un revirement étonnant. Une conséquence supplémentaire du coronavirus. Cette maladie nous aura décidément bien secoué !

Réflexion similaire chez Patrick Palem, qui avait plusieurs idées d’aménagements comme des parkings en silo sous les allées Tourny ou un grand projet place Mauvard. Le contre-coup économique du coronavirus sur les finances de la ville pourrait remettre en cause la faisabilité de ces éléments de son programme.  

Chez Delphine Labails, l’épidémie n’a pas ébranlé de certitudes ou remis en cause de propositions majeures. C’est plutôt l’effet inverse. L’expérience du confinement est venue « la conforter dans des questions programmatiques concernant le logement et la nécessité de conduire des travaux sur l’isolation phonique et thermique ».

Reste un problème majeur posé par l’épidémie auquel aucun candidat ne pourra échapper. Comment faire campagne à l’heure de la distanciation sociale ?

Impossibilité de tenir de grandes réunions publiques, porte à porte déconseillé, tractage interdit… la campagne électorale va prendre des allures inédites.

Chacune des équipes se creuse la tête à la recherche de la bonne idée pour toucher les électeurs et les convaincre de se déplacer jusque devant les urnes.

 
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