Face à son refus de démolir le chantier de la route de contournement de Beynac, la cour administrative d'appel de Bordeaux a condamné le département de la Dordogne à verser 496 000 euros aux opposants. Malgré tout, le département espère toujours voir un projet de contournement aboutir. Pendant ce temps, l'addition continue de grimper et pourrait bien être salée pour le contribuable.
À raison de 3 000 euros d'astreintes par jour de retard, la note a rapidement grimpé pour le département de la Dordogne. Elle s'élève à présent à 496 000 euros, comme l'a notifié la cour administrative d'appel de Bordeaux, ce 4 juillet. Une somme colossale pour ne pas avoir entamé les travaux de démolition du chantier de la déviation de Beynac-et-Cazenac. Malgré tout, le président du département, Germinal Peiro, espère tout de même voir la déviation controversée aboutir.
Une astreinte de 3 000 euros par jour de retard
"Ça représente à peu près un euro par contribuable dans le département", calcule Philippe D'eaubonne, de l'association Sauvons la Vallée de la Dordogne qui s'oppose au projet de déviation. Le 7 juillet 2022, la cour administrative d'appel sommait le département de la Dordogne de démolir les travaux effectués de la route de contournement de Beynac dans les six mois, sous peine de payer une astreinte de 3 000 euros par jour de retard. Ce que le département s'est refusé à faire, campant sur ses positions depuis l'arrêt du chantier sur décision de justice en 2019.
Depuis le 8 janvier 2023, la date d'expiration du délai accordé par la cour administrative d'appel de Bordeaux, rien n'a changé. Avec 164 jours de retard, l'addition s'élève désormais à 496 000 euros pour le département, soit 163 000 euros par opposant, parmi lesquels les associations écologistes Sepanso et Sauvons la Vallée de Dordogne, l'association culturelle La demeure historique ainsi que la société Newell, propriétaire du château de Fayrac.
"Si le président du département avait fait son boulot et n'avait pas bafoué la loi comme il l'a fait, le contribuable n'aurait pas eu à payer, accuse Philippe D'eaubonne. Il faut que nos conseillers départementaux arrêtent de dire : "À 100 %, on continue"." Pourtant, au département, on ne semble pas disposer à abandonner cette déviation. En novembre dernier, le conseil départemental a même voté un budget de 1 million d'euros pour payer les astreintes.
Le département persiste et signe
Pour Germinal Peiro, le président du département de la Dordogne, cette perte d'argent public est de la responsabilité des opposants. "Moi, je me bats pour l'intérêt général, je ne me bats pas pour qu'on ne voit pas la route de mon château ou de ma demeure, répond-il agacé. Je me bats pour l'intérêt des Périgourdins, je me bats leur sécurité ! Les opposants, eux, ils ne veulent rien de tout cela ! Ils veulent nous faire perdre 40 millions d'euros !" Le président du département ajoute : "J'ai l'impression que la République marche sur la tête dans l'affaire de Beynac."
Celui qui porte ce projet de déviation, espère bien le voir aboutir. Germinal Peiro a d'ailleurs déposé un deuxième projet de contournement début juin, via une déclaration d'intention. Une deuxième version de la déviation de Beynac utilisant les constructions déjà existantes, ce qui l'empêcherait de les démolir. Face à cet entêtement, les opposants annoncent qu'ils saisiront une nouvelle fois la justice. À partir du 8 juillet 2023, un an après la décision ordonnant la destruction du chantier, les astreintes passeront de 3 000 à 8 000 euros par jour. De quoi faire encore monter la note du contribuable périgourdin.