Les gels tardifs devraient priver les viticulteurs français d'un tiers de leur récoltes pour ce millésime 2021. Mais il y aura de grandes disparités selon les territoires. Illustration sur ce coteau de Montravel en Dordogne où les vendanges ont débuté sous de bons auspices.

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Une année bonne, et l'autre non... la chanson n'est pas nouvelle dans l'agriculture et dans la viticulture particulièrement. Mais avec le yoyo de la météo, et les changements climatiques aussi erratiques que répétés, il devient difficile de généraliser la situation sur l'ensemble du pays, voire même à l'échelle d'une région ou d'une appellation. Tel viticulteur réussira de belles vendanges, alors qu'à quelques kilomètres, les parcelles auront été frappées par le gel tardif ou un épisode de grêle ravageur.

Une chose est sûre, c'est que plus rien ne semble sûr. L'autre certitude, c'est qu'en moyenne cette année, la majorité des bassins viticoles devra faire face à des situations dans les vignes plus complexes à gérer que d’ordinaire.

Pour l'instant, tout va bien

Daniel Hecquet arbore un sourire prudent. Pour l'instant, tout se passe bien sur la parcelle de Sauvignon blanc qu'il a commencé à récolter, dans son domaine de Puyservain, en Bergeracois. Ici, on fait du AOC Montravel blanc et rouge, Pécharmant, Bergerac et des IGP Périgord en rouge, blanc et rosé. Et sur cette première parcelle récoltée, le raisin s'annonce beau.
En goûtant le raisin frais pressé, l'œnologue-viticulteur confirme l'impression visuelle.

Malgré le relatif "mauvais" de l'été que nous avons eu, il n'y avait pas tellement d'eau, il n'a pas beaucoup plu depuis deux mois. Et on a une certaine épaisseur de dépôt qui rend le vin un peu charnu, un peu épais, un peu dense. Ça reste à confirmer avec les prochaines cuvées qu'on va ramasser les prochaines semaines.

Daniel Hecquet

 

Botrytis et Oïdium aux aguets

C'est bien connu, l'humidité est favorable aux champignons. Et cet été, la pluie n'a pas manqué, favorisant l'apparition du Botrytis, responsable de la "pourriture grise", maladie cryptogamique s'attaquant aux fraises, tournesols, tomates... et à la vigne.  
Cette même "pourriture noble" qui permet d'obtenir certains vins liquoreux, comme le Sauternes ou le Tokay, fait des ravages dans d'autres vignobles.
Avec les risques de pourriture acide et l'oïdium, "la pourriture blanche" bien connue des jardiniers, les maladies forcent les agriculteurs à la plus grande vigilance, pour récolter exactement au bon moment dans un laps de temps très court, et ne pas laisser se perdre la récolte. Dans certains cas, l'urgence poussera sans doute à faire des choix.

Hétérogénéité

On l'a dit, il y a les parcelles qui ont gelé, celles qui ont reçu trop d'eau, celles touchées par la maladie, et les autres.
Et parfois, tout cela se retrouve sur la même exploitation. Du coup, difficile d'avoir un vin uniforme, il y aura des différences de maturité d'acidité, de taux de sucre, de quantité, avec lesquelles les vignerons, les assembleurs et les coopératives vont devoir composer. D'où la nécessité d'être encore plus vigilant sur la qualité des moûts selon les parcelles, de choisir la bonne méthode de vendange (manuelle ou mécanique), voire de faire des tri au moment de vendanger.

Choix, arbitrages, et changement d'habitudes

Pour obtenir un millésime 2021 honorable, les récoltants vont devoir redoubler de vigilance et faire les bons choix entre qualité et quantité. Quitte à casser les habitudes et le type de vin qu'ils produisent.
Il s'agit maintenant d'adapter ce que la nature leur offre à la demande des consommateurs. Partant du principe que l'irrégularité risque de devenir la norme, cette flexibilité sera plus que jamais nécessaire. Car en viticulture, la bonne bouteille n'offre des débouchés que lorsqu'elle est débouchée. En attendant, pour cette vendange 2021, Daniel Hecquet s'apprête à suivre la maxime qu'il a toujours respecté : faire le meilleur, à la limite du possible.

 

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