Du Saint-Emilion à 159 euros au Riesling à 4,90 euros: comme chaque année, les enseignes font le grand écart en termes d'offres et de prix à l'occasion des Foires aux vins pour satisfaire amateurs de grandes cuvées et néophytes, et doper leur fréquentation.
Démarrant fin août (Aldi, Biocoop) et se prolongeant jusqu'à la mi-octobre (Auchan, Simply Market), les Foires aux vins sont devenues depuis leur création en 1973 un rendez-vous incontournable pour les consommateurs, comme pour la grande distribution. Chaque année, l'évènement rapporte entre 460 et 480 millions d'euros, représentant ainsi un chiffre d'affaire et un enjeu conséquent pour les enseignes.
Chez Leclerc, elles concentrent 15% des ventes annuelles du rayon vins. Selon un sondage "Terre de vins", 40% des Français estiment que les Foires aux vins restent l'occasion de réaliser de bonnes affaires. Une autre étude Toluna pour LSA indique que jusqu'à 70,6% (+2,3 points) des Français comptent y participer cette année.
Un véritable enjeu
Les Foires sont aussi un "vrai enjeu en terme d'image", l'évènement étant pour les distributeurs l'occasion d'attirer des clients qui ne les fréquentent pas habituellement. "C'est une très grande vitrine qui nous permet de nous différencier de nos concurrents", explique ainsi Olivier Simon, directeur d'un magasin Leclerc. "C'est une bonne occasion de montrer que Lidl a changé, que nous ne sommes plus un hard-discounter mais un supermarché de proximité", capable de proposer des produits diversifiés, y compris des grands crus, renchérit Michel Biero, responsable achats chez Lidl.
Toutes les enseignes, à l'exemple de Casino, mettent également en avant le fait qu'une large partie de leur offre a été distinguée (médailles, guide...), comme gage d'une montée en qualité des vins proposés pendant la période. Système U mise lui sur les recommandations des consommateurs, avec son label "Club des vins et terroir".
Franprix souligne que "plus de 60% des bouteilles sont proposées à moins de 8 euros".Mais le maître-mot reste toujours le prix.
En effet, pendant la période, le panier moyen se situe entre 7 et 8 euros. "C'est plus que la dépense moyenne en vins dans les grandes surfaces (entre 3 et 4 euros), mais le seuil des 10 euros la bouteille reste symbolique pour nombre de consommateurs, période de crise oblige", explique M. Berahya-Lazarus.
Des oeonologues résidant dans les vignobles
Cette année, le budget global consacré à l'évènement sera d'ailleurs en baisse de 4,6%, à 92,85 euros, relève Toluna. Depuis plusieurs années, au-delà du prix, c'est aussi la diversité de l'offre qui prime - Carrefour propose plus de 800 références, CDiscount plus de 3.000 - pour séduire le plus grand nombre. Ce changement résulte aussi du fait que les Bordeaux, longtemps stars incontestées des Foires aux vins, connaissent depuis quelques années une montée en prix, qui décourage un peu les ardeurs des distributeurs.Cela a donc ouvert la porte à des second crus des grandes maisons, mais également à beaucoup de vins régionaux, devenus un vrai facteur de différenciation pour les enseignes. Leclerc indique ainsi que 60% de son offre est régionale, tandis qu'Intermarché fait valoir qu'il est le seul distributeur "à avoir des oenologues résidant dans les vignobles". D'autres comme Casino avec ses vins espagnols ou Carrefour avec ses cépages bio misent sur des références plus inattendues pour se démarquer.
Enfin, pour attirer les néophytes (68,4% des participants aux Foires aux vins) et pas seulement les oenophiles aguerris, l'accent sera mis sur le conseil et les services, notamment au travers d'internet. Carrefour et Lidl proposent ainsi des systèmes de pré-réservations en ligne, tandis que Monoprix présente les accords mets-vins pour orienter les épicuriens dans leursachats.