Forêt usagère de La Teste-de-Buch : la discorde entre propriétaires et usagers est consommée

Cette forêt est régie par des textes datant du XVe siècle, aujourd’hui remis en question par certains propriétaires. Car ceux-ci souhaiteraient profiter des mêmes avantages que les usagers.

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Au Nord des Landes de Gascogne, nichée au pied de la dune du Pilat, la forêt usagère de la Teste-de-Buch est une forêt naturelle assez atypique. Sa gestion permet notamment aux habitants des communes alentours de venir s’y fournir en bois de chauffage gratuitement. Les propriétaires forestiers, eux ne peuvent prélever du bois que s’ils habitent les lieux. Une condition que l’un d’entre eux remet en question aujourd’hui, mettant en avant le code forestier.

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Propriétaire en colère

« Le code forestier est fait pour l’ensemble des massifs français » affirme Thibaud Lemaire depuis la Belgique où il vit. « Et le massif de La teste-de-Buch et ses 3800 hectares ne fait pas exception », poursuit celui qui possède une parcelle de 50 hectares.

« Cela autorise inévitablement à un certain moment de sortir des bois, d’y faire des travaux, de réaliser des taches sylvicoles ».

Thibaud Lemaire

Thibaud Lemaire compte relancer le gemmage sur sa parcelle mais voudrait aussi pouvoir y couper du bois librement. Un droit qui n’est attribué par les « baillettes » qu’aux habitants des communes d'Arcachon, La Teste-de-Buch, Gujan-Mestras et de Lège-Cap-Ferret. Il ne répond donc pas aux conditions imposées par les textes ancestraux, puisqu’il vit en Belgique. Mais pour lui le code forestier doit donc primer, ce que conteste l'Association de Défense des Droits d'Usage et de la Forêt Usagère (ADDUFU).

« Un propriétaire qui n’est pas habitant (…) ne peut pas prélever de bois »

Pour les usagers de la forêt, « le code forestier ne s’applique pas ici ». C’est ce qu’affirme Philippe-Pascal Fur, Président de l'Association de Défense des Droits d'Usage (ADDUFU). « La forêt est gérée par des textes anciens qui datent de 1468, qui existent toujours, qui ont été validés par les tribunaux, il s’agit des « baillettes et transactions ». 

"Ces textes sont plus larges que le code forestier, car ils traitent à la fois des droits d’usage et des servitudes mais aussi de la gestion de ce massif forestier. Pour nous il est donc supérieur au code forestier ».

Philippe-Pascal Fur

Alors que prévoient ces baillettes datant du XVe siècle ? « Les propriétaires peuvent tirer profit de la récolte de la résine », explique Christian Gousset, membre de l'ADDUFU. « Et c’est un droit supplémentaire par rapport aux autres usagers qui n’ont que le droit de prélever du bois de chauffage et au bout de dix ans du bois de construction », précise-t-il. Une scierie a même été implantée sur le site pour pouvoir travailler ce bois destiné entre autres à la construction. « Par contre un propriétaire qui n’est pas habitant ne peut tirer de revenu que de la résine, mais ne peut pas prélever de bois sur la forêt ».

Tentatives de discussions

Philippe-Pascal Fur estime que le propriétaire belge ne peut pas découvrir ces conditions. « Quand les actes de propriété de transaction les servitudes sont écrites dessus ». « Il y a une situation conflictuelle », reconnait-il. « Je représente les usagers et je déplore que certains des propriétaires et les syndics des propriétaires ne veuillent pas se mettre autour de la table avec les syndics des usagers pour pouvoir faire fonctionner le système tel qu’il a fonctionné pendant des siècles. De notre point de vue il n’y a aucune raison que cela ne se passe pas ».

 Pins, chênes, houx, arbousiers, hêtres, de nombreuses essences sont présentes dans cette forêt. Les usagers ne peuvent ramasser que le bois mort des sous-bois. Interdiction de couper des pins maritimes.  Un droit vieux de plus de cinq cents ans, mais pour encore combien de temps ? 

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