Après un hiver compliqué, marqué par l’interdiction de commercialisation des huîtres sur le bassin d’Arcachon, les ostréiculteurs sont de nouveau sur le pont. Le week-end de l’Ascension a relancé le chiffre d’affaires. Avec en ligne de mire, une saison estivale déterminante.
Les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon retrouvent le sourire. Loin le souvenir du 27 décembre dernier, où le préfet de la Gironde prononçait l’interdiction de vente des huîtres dans la région. En cause : un norovirus lié aux débordements du réseau d’assainissement du bassin. Quatre mois plus tard, le pont de l’Ascension fait office de résurrection pour les professionnels du secteur, favorisé par une météo au beau fixe.
Week-end record
A Gujan-Mestras, Cyril Hardouin parle même d’un week-end “exceptionnel”, 130 couverts par jour dans sa petite cabane le long du port. Des chiffres records, comme pour tous les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon ce week-end. “Ça redémarre enfin, lâche Laurent Bidart, installé juste en face depuis trente-cinq ans. Les clients sont vraiment contents de nous retrouver.”
Soulagement aussi du côté du comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine, sous tension depuis le début de l’hiver. Le président Olivier Laban sourit : “on avait quelques indicateurs sur la confiance accordée aux professionnels, mais là, c’était super, ça redonne de la motivation.” Un week-end pour se rassurer donc, et retrouver le moral au contact des consommateurs.
Selon les ostréiculteurs, tous semblent avoir retrouvé le goût de l’huître, sans appréhension après les contaminations de l’hiver. Et malgré un redémarrage compliqué mi-janvier, “les gens ont vraiment tourné la page, assure Laurent Bidart. En plus, les huîtres sont gustativement très bonnes.”
L'hiver, c'est du passé. Maintenant, il faut aller de l'avant et penser au présent.
Cyril HardouinOstréiculteur à Gujan-Mestras
L’été, un "second Noël"
Car contrairement aux idées reçues, l’été est progressivement devenu une période primordiale pour les ostréiculteurs. Le long de sa chaîne de tri, Laurent Bidart affirme que la saison estivale est même devenue “un second Noël avec l’afflux de touristes." Certains arrivent désormais à réaliser un chiffre d’affaires similaire sur les deux périodes, du 50/50, selon l’ostréiculteur.
Pour récupérer le manque à gagner de l’hiver, l’été arrive donc à point nommé : “Tout ça, c’est du passé, relate Cyril Hardouin. Maintenant, il faut aller de l'avant, on doit penser au présent, à la saison et il faut être prêt.”
10 millions d’euros de pertes
Sur le bassin d’Arcachon, les pertes sont évaluées à dix millions d’euros, “sept millions sur la période de fermeture, auxquels on peut ajouter trois millions parce que les ventes et le redémarrage étaient en demi-teinte”, note Olivier Laban.
Malgré la période, qui s’annonce plus productive, le président du comité régional de la conchyliculture préfère donc temporiser. Cette perte sèche sera difficile à combler : “Les huîtres qui n’ont pas été mangées en janvier, les gens n’en mangeront pas le double en mai." Un enjeu plus compliqué encore pour les ostréiculteurs qui ne vendent que sur les marchés.
D’ici la fin de l’été, les ostréiculteurs espèrent la mise en place des travaux d’urgence promis par le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon sur son réseau d’assainissement. Primordial pour envisager sereinement l’arrivée de l’automne.