Confusion à l'Assemblée Nationale ce jeudi 16 mars alors que la Première ministre défend le vote de loi sur la réforme des retraites. Les députés du sud ouest réagissent, décrivant une situation tendue.
"J'engage la responsabilité de mon gouvernement" Élisabeth Borne déclenche officiellement le 49.3. La parole de la Première ministre ce jeudi après-midi a donné lieu à un tollé dans les rangs de l'Assemblée.
Un recours qui a donné lieu à des huées dans l'hémicycle, et des prises de position quelques minutes plus tard des députés dans la salle des quatre colonnes et sur les réseaux sociaux.
"Dur, Dur" pour le député Modem de Dordogne, Jean-Pierre Cubertafon joint par téléphone en réunion juste après la suspension. Son parti est allié de la majorité présidentielle.
La situation est très tendue. La séance, c'était terrible.
Jean-Pierre Cubertafon - député Modem de DordogneRédaction Web, France 3 Aquitaine
"J'aurais voté pour. Avec le 49.3, la question ne se pose plus. On assume, on aurait préféré aller jusqu'au vote, qu'il soit gagnant ou perdant. On attend la motion de censure", soupire Jean-Pierre Curbertafon.
"Une majorité pas majoritaire"
Le député socialiste des Landes, Boris Vallaud, est l'un des porte-voix de son parti. Il enchaîne les prises de parole dans la salle des quatre colonnes et réagit sur les réseaux.
"La "majorité" n'est pas majoritaire dans le pays, elle ne l'est donc pas non plus à l'Assemblée. La peur de perdre le vote amène à un coup de force de plus pour une réforme des retraites brutale et injuste dont personne ne veut en France. Il faut retirer la réforme.
Boris Vallaud - député socialiste des Landes
"Il caporalise et brutalise pour faire passer le 49.3", poursuit le député socialiste qui désigne le président de la République. "C'est brutal pour un pays." Boris Vallaud décrit les prochaines étapes pour l'opposition au Parlement : "motion de censure, recours au conseil constitutionnel".
Le député de la France Insoumise Loïc Prud'homme, élu en Gironde, avait "exhorté tous les parlementaires à entendre la voix des travailleurs et du peuple uni contre cette casse sociale". Au sein de l'Assemblée, c'est la confusion. "Nous entamons la Marseillaise quand la Première ministre monte à la tribune. Séance suspendue.", relate-t-il sur son compte Twitter.
"Le gouvernement se tire une balle dans le pied"
"Cette Marseillaise, elle était là pour rappeler notre attachement à la démocratie. Pour opposer à cette mascarade un peu de solennité et rappeler que l'Assemblée nationale, ce n'est pas juste un cirque. On est là pour voter des lois au nom du peuple", justifie le député LFI, joint par téléphone à l'issue de la séance.
Pour l'élu LFI, ce choix du recours au 49.3, signe "la déroute complète du gouvernement".
"Quand vous n'êtes pas capables de faire passer un texte qui soi-disant était l'alpha et l'oméga de ce quinquennat, que vous n'allez même pas au vote et préférez utiliser cet outil autoritaire, c'est une défaite en rase campagne", poursuit-il, qualifiant la stratégie gouvernementale de "débile". Le député envisage, lui aussi, l'après, à savoir le temps des motions de censure.
Les emmerdements du gouvernement, pardonnez-moi l'expression, ne sont pas finis. Je ne suis pas persuadé qu'il va se sortir de cette nasse complétement indemne. Il se tire une balle dans le pied.
Loïc Prud'homme, député LFI de la Girondeà rédaction web France 3 Aquitaine
Plusieurs groupes devraient déposer des motions de censure. Parmi eux, le Rassemblement national qui a déjà fait part de son intention. Mais pas question pour les élus LFI de la soutenir. "C'est une ligne rouge que nous ne franchirons pas", rappelle Loic Prdhomme qui explique étudier avec son groupe "toutes les options pour s'accorder sur une motion de censure qui pourrait recueillir l'assentiment du maximum des groupes opposés à cette réforme des retraites".
Une séance "incroyable"
Des scènes pareilles ne sont pas fréquentes dans l'hémicycle. En tout cas, du jamais vu depuis la nouvelle Assemblée sortie des urnes en juin dernier.
La députée du Rassemblement National du nord Gironde, Edwige Diaz, décrit une séance "incroyable" sur les réseaux. "Incroyable ! Les NUPES brandissent des pancartes en violation du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. La Première Ministre, arrivée en retard, est huée. "
La Présidente de l‘Assemblée Nationale est dépassée. Ce sont des incompétents ! Il faut les remplacer ! Dehors !
Edwige Diaz - député Rassemblement National de Gironde
Les heures à venir vont être tendues. Les manifestations comme dans différents points autour de Bayonne et actions spontanées comme le blocage de l'accès à la zone de fret près de Bordeaux se sont multipliées dans la région depuis ce jeudi matin.