Féminicide de Mérignac : le rapport de la mission d'inspection de la justice très attendu ce mardi 11 mai

Chahinez D., 31 ans, a été tuée par son mari le 4 mai dans les rues de Mérignac. Le gouvernement a lancé une mission d'inspection pour faire toute la lumière sur cette affaire. Les associations dénoncent le manque de suivi du meurtrier et de protection de la victime.

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Comment une mère de famille de trois enfants a-t-elle pu être brûlée vive par son mari violent et récidiviste en pleine rue de Mérignac ? La question a été formulée par Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté, lors de sa venue en Gironde la semaine du drame. C’est la question à laquelle vont devoir répondre les membres de la mission d’inspection créée, jeudi 6 mai, par les ministères de la justice et de l’intérieur. Les premières conclusions sont attendues ce mardi 11 mai.

Mission d’inspection sur d'éventuelles défaillances

Les ministères de la justice et de l’intérieur ont déclenché jeudi 6 mai une mission d’inspection, qui devra notamment étudier les conditions de remise en liberté et le suivi de Mounir Boutaa, qui purgeait une peine de prison avec sursis, ont annoncé le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa, dans un communiqué conjoint.

Cette mission, dont les premières conclusions sont attendues le 11 mai, doit « vérifier les modalités de mise en œuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet », « examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie » et « analyser les suites réservées à la plainte du 16 mars 2021 déposée par la victime », ont détaillé les ministères.

Cette mission a été lancée alors que le gouvernement est la cible de nombreuses critiques. Pour les associations féministes "ce drame aurait pu être évité". Le syndicat de police nationale Alliance reproche à la justice d'avoit été "trop laxiste" à l'égard de ce récidiviste. Pourquoi la victime n'a-t-elle pas été prévenue lors de la sortie de son ancien compagnon ? Pourquoi la victime n'avait pas de téléphone grand danger (TGD) et le mari violent de bracelet anti-rapprochement ?

La dangerosité du conjoint a été "sous-estimée"

Le mari violent et récidiviste, poursuivi pour avoir immolé sa femme par le feu mardi à Mérignac en Gironde a été mis en examen pour homicide volontaire sur conjoint et placé en détention provisoire.

Me Solène Roquain-Bardet, avocate de la victime, estime que "la dangerosité du conjoint a été sous-estimée".

L’homme de 44 ans, qui avait déjà été emprisonné pour violences conjugales en 2020, a poursuivi sa femme, Chahinez Boutaa, 31 ans, qu’il guettait depuis le matin. Il lui a tiré deux coups de feu dans les jambes puis l’a aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et l’a immolée. Le suspect a ensuite mis le feu au domicile de la victime, 31 ans, mère de trois enfants.

Nos confrères de France 2 ont rencontré son avocate qui estime que la dangerosité du mari a été sous-estimée > 

Pas de suivi efficace ni de protection adéquate

Chahinez D. est la 39ème victime de féminicide depuis le début de l'année. Pour les associations féministes, "c'est une victime de trop" et qui montre que la prise en charge des victimes n'est pas "efficace" en France et ce malgré les lois et les dispositifs existants comme les bracelets anti-rapprochement et les téléphones grand danger qui devraient être "systématiques" selon Naïma Charaï, directrice de l'APAFED, une association qui protège les femmes battues et leur enfants, dans la banlieue de Bordeaux. Cette structure associative accueille une centaine de femmes et leurs enfants hébergés dans leurs locaux et sur le département pour être mis hors de danger. Concernant la mort de Chahinez, la directrice s'interroge sur de nombreux points du dossier. Selon elle "la loi n'as pas été appliquée". En particulier, depuis le Grenelle sur les violences conugales en 2019, il y a la possibilité de confisquer les armes à feu aux personnes condamnées pour violences conjugales. "Pourquoi Mounir Boutaa était-il armé jusqu'aux dents le jour du drame ? 

Pourquoi Chahinez n'a-t-elle pas été prévenue de la libération de son ex-compagnon violent ? Pourquoi n'avait-elle pas de téléphone grand danger, et son mari violent de bracelet anti-rapprochement ? Pourquoi la loi n'a-t-elle pas été appliquée ?

Naïma Charaï, directrice de l'APAFED

 

"Concernant la qualification des faits lors de sa condamnation à 18 mois de prison dont neuf avec sursis, pourquoi la tentative de meurtre sur conjoint n'a pas été retenue ? Et pourquoi une peine aussi légère pour un multirécidiviste au regard des violences qu'il a fait subir à Chahinez en 2020, mais aussi à sa précédente compagne en 2015 ? " s'interroge à nouveau Naïma Charaï.

Il y a une vraie urgence à agir et il faut faire appliquer la loi quand il s'agit de protéger les victimes. On ne veut plus être confronter à un nouveau féminicide. Tous les services de police et de justice doivent être mobilisés contre ce fléau.

Naïma Charaï, directrice de l'APAFED

"En Espagne, le nombre de féminicides a baissé grâce à une mobilisation de tous. Depuis le mouvement #MeToo, toute la société est mobilisée et consciente de ce fléau, on ne veut plus de nouvelles femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint."

En Gironde, avant le féminicide de Chahinez D., il y avait eu Safia Mohammedi, mère de quatre enfants et âgée de 35 ans, poignardée à mort par son mari le 21 octobre 2019 sur le pallier de son appartement dans le quartier du Grand Parc à Bordeaux. "Comme Chahinez, Safia avait déposé plainte contre son ex-mari violent. Et lui aussi avait écopé d'une peine légère eu égard aux faits de violences", déplore Naïma Charaï

Aide aux victimes de violences conjugales en Gironde

Une cellule opérationnelle départementale a été mise en place par la Préfecture, les associations de lutte contre les violences et d’accompagnement des victimes dont l'APAFED, y participent activement. Cette cellule se réunira mercredi 12 mai, avec à l’ordre du jour la mort de Chahinez dans des "conditions atroces" et d’autres situations d’urgence. "Les représentants des institutions concernées de notre département doivent maintenant montrer concrètement leur détermination à lutter contre les violences de manière efficace et surtout durable. Des lois, des dispositifs, des outils existent ! ont déclaré les associations dans un communiqué. La directrice de l'APAFED Naïma Charaï aimerait que "les associations puissent avoir le droit d'octroyer les téléphones grand danger aux victimes". Son association qui offre l'accueil et l'hébergement d'urgence, a reçu de nombreux appels de femmes depuis le drame de Mérignac et accueilli de nouvelles victimes dans leurs foyers. 

►Une ligne d'écoute est ouverte 24h/24 et 7j/7 au 05 56 40 93 66

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