La menace de relégation n'a jamais été aussi forte. Dans un contexte économique difficile et face au coût que représente le stade Matmut Atlantique, le groupe américain Fenway Sports s'est retiré du rachat du club bordelais qui doit réunir, in extremis, 40 millions d'euros pour jouer en Ligue 2 à la saison prochaine.
"Ce n'est pas une surprise", regrette Jean-François Brocard, économiste du sport à l'université de Limoges. Après plusieurs semaines de négociations, le réputé Fenway Sports Group a annoncé annuler, mardi 16 juillet, son rachat du FC Girondins de Bordeaux. "Une très mauvaise nouvelle", qui s'explique en grande partie par une situation financière complexe. Dorénavant, le club a seulement quelques jours pour réunir 40 millions d'euros et éviter sa relégation en National, pour la saison 2024/2025.
"Il gère le développement du club via la dette"
"La situation empire chaque année", regrette Jean-François Brocard. Le maître de conférences voit dans le retrait de la société américaine, pourtant propriétaire des Red Sox de Boston et du club de football de Liverpool, la conséquence d'une gestion financière à "risques", menée par Gérard Lopez, président-propriétaire du club bordelais depuis juillet 2021. "Il gère le développement du club via la dette, le mettant dans des situations délicates, analyse l'économiste du sport. C'est ce qu'il avait déjà fait avec le club de Lille."
Chaque été, c'est un miracle que les Girondins de Bordeaux puissent encore jouer au niveau professionnel
Jean-François BrocardEconomiste du sport, maître de conférences à l'université de Limoges
Après des études approfondies menées par le Fenway Sports Group, celui-ci "s'est rendu compte que la situation était pire que celle vendue au départ", rapporte Jean-François Brocard. L'économiste pointe notamment du doigt le contexte économique du football français, qui "n'incite pas à investir". Dans le cas des Girondins de Bordeaux, le "coût important du stade Matmut Atlantique dans les années à venir" a aussi pesé dans la balance, estime le club dans son communiqué.
Avant ce revirement de situation, les espoirs étaient pourtant bien là. Jean-François Brocard s'en souvient : "on pensait tous que ce rachat allait être une porte de sortie très positive." Pour cause, la société américaine comptait investir 80 millions d'euros dans le club bordelais. Une aubaine pour les Girondins de Bordeaux qui, il y a encore deux semaines, étaient auditionnés par le gendarme financier du football français, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG).
40 millions d'euros de déficit
Cette audition avec la DNCG s'est déroulée au regard de l'important déficit structurel du club, évalué à plus de 40 millions d'euros. Face à ce constat, le gendarme financier du football français a décidé de reléguer, à titre conservatoire, le club bordelais au National. Immédiatement, le président-propriétaire Gérard Lopez a fait appel de cette décision. Une seconde audition est donc prévue, cette fois face à la DNCG fédérale, le mardi 23 ou mercredi 24 juillet. Le club espère conserver sa place en Ligue 2, une compétition qui sera lancée le 17 août, et surtout réunir 40 millions d'euros pour assurer sa survie.