Le 13 novembre 2002, le pétrolier "Le Prestige" lance un appel de détresse au large de la Galice : sa coque est fissurée. Quelques jours plus tard, il sombre dans l’océan, déversant son chargement. Du fioul, qui arrive sur nos côtes le 31 décembre 2002. 20 ans après, ceux qui ont vécu de près ce naufrage se souviennent.
"On a vu les premières boulettes arriver..." Sur les côtes de Gironde et des Landes, la pollution est d'un coup devenue réelle le 31 décembre. Sur les plages de Biscarosse, du bassin d'Arcachon, "on s'est beaucoup inquiétés. On s'est dit, c'est le début de la pollution annoncée".
Daniel Pujos, l'ancien chef du centre des pompiers de Mimizan, n'a rien oublié. Ni Olivier Le Gall, le président de la Ligue Pour les Oiseaux (LPO) Aquitaine.
De l'avarie au naufrage
Le 13 novembre 2002, au large de la Galice en Espagne, le pétrolier "Le Prestige" lance un appel de détresse : sa coque est fissurée. Six jours plus tard, le navire se brise en deux et sombre. Ce faisant, il déverse quelques 63 000 tonnes de fioul dans l’océan : une catastrophe sans précédent.
Près de 3 000 kilomètres de côtes sont alors souillées par la pollution de ces hydrocarbures, en Espagne, au Portugal et en France où la marée noire arrive le dernier jour de l'année 2002.
La marée noires sur nos plages
Sur les plages des Landes, de Gironde et du Pays basque, le fluide visqueux se disperse sur le sable. Les premières traces d'hydrocarbures arrivent sur le littoral aquitain le 31 décembre 2002. Le résultat des analyses le confirme : ces boulettes sur la plage de Biscarrosse proviennent bien des cuves du Prestige.
Sur tout le littoral, les pompiers, les militaires mais aussi des bénévoles s'affairent pour contrer la pollution. Ils agissent en mer et sur les plages de sable en Gironde, mais sur les rochers également au Pays basque.
"C'était pas joli à voir", décrit Daniel Pujos, ancien chef des pompiers à Mimizan. "Quand on faisait des reconnaissances en hélicoptère, on les voyait ces nappes qui progressaient vers la plage. On voyait qu'on n'en finissait pas ! On était en plein dedans !"
Et de fait, le ramassage s'est poursuivi, inlassablement, du matin au soir pendant près de trois mois, par ces femmes et ces hommes en combinaisons blanches, gants et bottes de caoutchouc.
Les images persistent dans les mémoires, c'est comme si elles avaient été figées dans le sol, comme collées par ce liquide visqueux qui aurait remplacé la mer sur le sable. Des images, mais des odeurs aussi qui prenaient à la gorge.
Des milliers d'oiseaux mazoutés
Après les boulettes, les nappes d'hydrocarbures arrivent jusqu'à nous, puis les dommages collatéraux : des milliers d'oiseaux de mer, cormorans, fous de Bassan ou guillemots qui ne survivront pas. On en compte 23 000. Des oiseaux mazoutés, intoxiqués par les hydrocarbures… Face au désastre, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) monte en urgence un centre de soin.
Aujourd’hui sur notre littoral, les galettes d’hydrocarbures ont disparu. Mais la pollution continue de faire son œuvre, plus au large. D'après Olivier Le Gall, c'est "une pollution diffuse dans le Golfe de Gascogne, celle-là, elle existe. Elle pollue des animaux, des oiseaux chaque année". "Des hydrocarbures d'origine terrestre qui ruissellent de nos voitures", se retrouvent dans les cours d'eau puis dans l'océan.
Condamnés
Le capitaine du navire a été condamné à deux ans de prison par la justice espagnole, pour « atteinte à l’environnement par imprudence » qui a déclaré civilement responsables le propriétaire libérien et l’assureur britannique du bateau.
En 2017, soit 15 ans après la marée noire, un tribunal espagnol fixe la condamnation à près d'1.6 milliard d'euros pour l'Etat espagnol et 61 millions pour l'Etat français dont 520.000 euros au département des Landes.
Qui devait payer ? Le capitaine mais surtout son assureur, ainsi que la société propriétaire du bateau dont le siège était au Libéria...
Une indemnisation qui ne répare pas le préjudice mais qui est censée rembourser les frais de nettoyage des côtes.