Une soixantaine de personnes, principalement des travailleurs de la vigne, ont été expulsées, très tôt, ce jeudi 22 août, par la préfecture. Ils s’étaient installés le 28 mars sur un terrain près du parc des expositions. il s'agit de leur quatrième expulsion en moins d'un an.
Leur cauchemar continue. En mars, ces Roms de Roumanie avaient trouvé refuge sur ce terrain situé près de la Jalle noire, à Bruges, après avoir été expulsés d’un autre, au stade Matmut, en raison des Jeux Olympiques. Une nouvelle expulsion, la quatrième en un an, qui s’est déroulée dans la surprise.
"Ils n'ont plus leurs papiers"
Il est 8 heures. Le soleil est à peine levé. Les policiers venus de Bruges, mandatés par la préfecture de Gironde, sont sur site. Ce jeudi 22 août, ils doivent évacuer, de nouveau, le camp de Roms, installé ici depuis cinq mois.
Une soixantaine de personnes, pour la majorité des travailleurs de la vigne dans des châteaux girondins, est sous le choc. “On savait qu’il y avait une ordonnance d’expulsion, mais nous n’avions pas de date précise. Ils ont été évacués sans solution d’un autre terrain”, indique Jean-Luc Tarris, responsable du programme travailleurs précarisés à Médecins du monde.
Rapidement, chacun s’exécute et tente de récupérer des affaires. Pour ne rien perdre, certains prennent même des caddies dans lesquels ils entassent leurs affaires, dans la précipitation. “J’ai oublié ma carte d’identité dans la caravane, je peux la récupérer ?”, tente l’un des expulsés, sans succès.
Ils n’ont plus leurs papiers, leurs dossiers et doivent, pour certains, interrompre leur parcours de soin.
Jean-Luc TarrisResponsable du programme travailleurs précarisés à Médecins du monde
“L’opération d’évacuation s’est déroulée sans difficulté. Conformément à la réglementation en vigueur, les personnes vivant dans le bidonville ont fait l’objet d’un diagnostic social préalable par la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS)”, souligne, de son côté, la préfecture de Gironde.
Scolarité compromise
Ici, une vingtaine de familles sont présentes, avec notamment des femmes enceintes et une vingtaine d’enfants, scolarisés. “Ils étaient scolarisés à proximité du campement. avec la rentrée, si les familles bougent, ça veut dire relancer des inscriptions, beaucoup de familles abandonnent dans ce parcours-là”, rappelle léonard Velicu, président d’Eurrom.
Selon les associations, ils vivaient dans des conditions précaires, “sans eau, ni électricité, avec seulement l’évacuation des déchets”, indique le responsable de Médecins du monde.
La grande majorité d’entre eux ne répond pas aux critères d’éligibilité pour intégrer les dispositifs d’insertion de l’État ou ne souhaite pas en bénéficier.
Préfecture de Girondepar communiqué
Pour autant, seuls deux adultes et un mineur ont été placés en hébergement d’urgence. Dans son communiqué, la préfecture de Gironde précise également que des "représentants de la préfecture et de la direction départementale de l’emploi, du travail et de la cohésion sociale étaient présents" sur les lieux. Ils auraient ainsi "assuré la prise en charge des familles et des personnes les plus vulnérables".
Procédure judiciaire
Ces soixante Roms avaient pourtant espéré que leur cauchemar cesse, avant leur audience, le 27 mai dernier. Si la justice avait débouté leur demande, ils avaient réitéré leur position, qui devait être de nouveau analysée le 23 novembre prochain. Ce délai supplémentaire n’était cependant pas suspensif.
De son côté, la préfecture rappelle que l’évacuation du “squat” est intervenue suite à la “demande du propriétaire du site, Bordeaux métropole” et “en exécution de l’ordonnance d’expulsion rendue le 10 avril 2024 par le tribunal judiciaire de Bordeaux”.
Vers 11h, la silhouette des pelleteuses se dessine au loin. Elles ont pour mission de détruire les dernières caravanes et baraquements, impossibles à déplacer. Toutes les familles sont déjà parties, à la recherche d’un nouveau terrain où poser leurs caravanes dans la métropole bordelaise.