Le cantonnier du village était l'un des pédocriminels les plus recherchés au monde : ouverture du procès ce mercredi

Il était cantonnier, père de famille... et pédophile. L'un des cyber-pédocriminels les plus recherchés du monde sera jugé du 29 novembre au 1ᵉʳ décembre à la cour d'assises de la Gironde. Il est accusé d'avoir géré des sites de contenus pédopornographiques sur le darknet, en plus de viols sur ses filles.

Qui aurait pu croire qu'un des dix cyber-pédocriminels les plus recherchés du monde vivait tranquillement dans son pavillon de Frontenac, dans l'Entre-deux-Mers ? Un Girondin sera jugé du 29 novembre au 1er décembre, devant la cour d'assises de Bordeaux. Il est accusé d'avoir violé deux de ses enfants et d'avoir administré des sites pédopornographiques à grande échelle sur le darkweb.  

Particulièrement actif, l'homme est une des "dix cibles prioritaires mondiales" des autorités spécialisées dans la lutte contre la pédocriminalité en ligne. Pourtant, d'apparence, ce Girondin de 43 ans menait une vie tranquille. Il habitait à Frontenac avec sa femme et leurs enfants. Chacun pouvait le croiser sur les routes des villages alentours, en train d'entretenir la voirie : le père de famille était cantonnier. 

Poursuivi pour "viol incestueux" 

Mais derrière cette façade, il cachait une autre personnalité. Sous le pseudonyme de "Kali", l'accusé menait une vie parallèle, sur le darkweb. Sur cette partie "souterraine" d'internet, accessible uniquement via des logiciels qui anonymisent l'identité des utilisateurs, il est accusé d'avoir géré plusieurs sites pédopornographiques. Il aurait ainsi permis à des dizaines de milliers d'internautes du monde entier d'échanger des photos illicites. 

Interpellé le 7 juillet 2020, l'homme a avoué les faits lors de sa garde à vue. Les actes décrits dans l'ordonnance de mise en accusation, à laquelle France 3 Aquitaine a eu accès, sont tous plus terribles les uns que les autres. 

En 2017, il a alimenté ces sites avec des images pédopornographiques, qui apparaissent comme étant celles de ses deux filles. Lors de sa garde à vue, le Girondin a également avoué des agressions sexuelles sur ses filles.
Il comparait pour "viol incestueux" et "agressions sexuelles incestueuses" sur deux mineurs entre 2012 et 2020, ainsi que pour "détention", "enregistrement" et "diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique". 

"Aucun soupçon"

La mère de ses enfants, choquée au moment où elle a appris les faits, assure par la voix de son avocat qu'elle n'avait jamais eu "aucun soupçon" sur son mari. Aujourd'hui, "elle attend que la justice passe", informe son avocat, Maître Rémy Legigan.

"Elle veut protéger ses enfants pour qu'ils puissent être considérés comme des victimes dans cette affaire qui représente un énorme traumatisme", fait savoir son conseil, qui précise que le procès aura lieu à huis-clos. 

Les deux filles étaient très jeunes au moment des faits. On sait que l'évolution, le passage à l'adolescence pourrait révéler d'autres traumatismes.

Maître Rémy Legigan

avocat de la partie civile

Des dizaines de milliers de fichiers

L'homme est accusé d'avoir détenu une quantité astronomique d'images pédopornographiques. Soixante mille fichiers ont notamment été retrouvés sur le disque dur de son ordinateur portable. Plusieurs associations se sont portées parties civiles, parmi elles, la Fondation pour l'enfance représentée par Maître Céline Astolfe. L'avocate appelle à ne surtout pas banaliser la détention de ces images. 

Derrière ces fichiers pédopornographiques, il y a des enfants qu'on n'entendra jamais. Ce n'est pas de la simple détention d'image. On oublie qu'on est en bout d'une chaîne de violences absolument innommables.

Maître Céline Astolfe,

Avocate de la Fondation pour l'enfance

C'est pour porter la voix de ces enfants que l'association se porte systématiquement partie civile en cas de cyber-pédocriminalité. "Ce qu'on observe, c'est que la détention d'images peut très souvent être le début d'un futur passage à l'acte", prévient Céline Astolfe. 

L'un des hommes les plus recherchés du darknet

L'homme était une des "dix cibles prioritaires mondiales" des autorités spécialisées. Interpol, Europol, l'Office central pour la répression des violences aux personnes, et même le FBI et la police australienne ont été mobilisés sur cette enquête, qui a mené à l'interpellation du Girondin. 

Si son arrestation a été possible, c'est parce que l'intéressé a fait une erreur. Les policiers, infiltrés sur le darkweb, ont repéré une vidéo, postée par le suspect, sous le pseudonyme de "Kali". Or le fichier avait été téléversé sur un serveur français. Les enquêteurs ont donc pu demander l'adresse IP correspondante à l'opérateur, et identifier le domicile du suspect. 

D'autres éléments, notamment ses mots de passe, ont fini de convaincre les policiers qu'ils avaient enfin mis la main sur le fameux "Kali". Mais alors comment un quadragénaire sans connaissance particulière en informatique a pu devenir un des hommes les plus recherchés du darknet ? 
Lors de son interrogatoire, il a déclaré qu'il avait commencé à consulter des sites pédopornographiques en 2014. Selon les investigations menés, l'accusé semble s'être formé seul, en ayant recours à des guides et à des logiciels pour réussir à créer des serveurs cachés et anonymes. Ne parlant pas très bien anglais, il a expliqué avoir recours à des sites de traduction pour communiquer avec d'autres pédocriminels. 

Une histoire familiale marquée par l'inceste

Si elle redoute la confrontation, la mère de ses enfants attend désormais d'entendre son ex-mari lors du procès, afin de comprendre "ce qui lui a pris, ce qui a fait qu'il est rentré dans cette logique criminelle", explique son avocat, Maître Rémy Legigan. 

Lors des interrogatoires, l'accusé a expliqué avoir été lui-même violé par un oncle ou d'un ami de la famille lorsqu'il avait 5 ou 6 ans. Il a également raconté avoir été témoin, pendant sa jeunesse, des agressions sexuelles perpétrées par son père sur sa sœur, ce que cette dernière a confirmé devant les enquêteurs. Son frère lui aurait un jour dit, en parlant de leur père, "j'ai peur d'être comme lui".

Contacté par France 3 Aquitaine, l'avocat de l'accusé n'a pas donné suite. 

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