En grève, les policiers municipaux se sont mobilisés devant l'hôtel de ville de Bordeaux ce vendredi 28 juin. Ils réclament des armes létales individuelles au même titre que la police nationale.
"Primo-intervenant, primo-oublié". Devant l'hôtel de ville de Bordeaux, les banderoles sont écrites à l'encre de la colère. Ce vendredi, les policiers municipaux sont en grève, à l'appel de la CGT. En cause : une décision concernant le port d'armes létales attendue le 4 juillet prochain, finalement reportée à septembre au vu de l'agenda politique.
"Stratégie politique"
Sifflets à la bouche, ils sont une quarantaine à avoir fait le déplacement devant les bureaux du maire, Pierre Hurmic. Car c'est bien à la ville, qui s'est dotée d'une police municipale, d'accorder ou non ce port d'armes létales.
Jérôme Desorthes est élu du personnel CGT à la ville de Bordeaux, il dénonce le report de la décision. "Le calendrier politique est un fait exogène à la mairie. Ce n'est que de la stratégie politique, argumente-t-il. En attendant, nos agents vont continuer d'être exposés dans les mêmes circonstances tout l'été."
Les policiers présents sur place ne s'expriment pas mais leurs pancartes traduisent leur désarroi : "Je suis une cible", arborent certains sur le thorax. Via leur porte-parole syndicaliste, ils pointent le "problème idéologique" de Pierre Hurmic, "en décalage avec le pratico pratique du terrain."
Manque d'équipement
Si le débat existe depuis des années à la mairie de Bordeaux, la colère s'est véritablement cristallisée le 10 avril dernier, lors de l'attaque au couteau sur les quais. Après avoir tué un homme, l'agresseur avait été abattu par la police nationale. Par un communiqué, la mairie de Bordeaux assure avoir déjà répondu à 11 des 12 revendications déposées par la CGT, le 21 mai dernier.
Quant à la question des armes létales, elle rappelle que "les agents de la police municipale bénéficient déjà d'armes de défense qui correspondent aux besoins d'une police de proximité." Le même matériel (pistolets à impulsion électrique, bâtons électroniques) est jugé insuffisant selon les policiers. "Leur équipement ne répond pas à toutes les situations. L'arme létale est une arme de disuasion", explique l'élu du personnel CGT.
Ils interviennent pour tout, un problème de stationnement mais aussi pour des rixes, des problèmes beaucoup plus graves."
Jérôme DesorthesElu du personnel CGT à la ville de Bordeaux
Au hasard de la manifestation, certains acquiescent, comme Philippe, habitant de Bordeaux : "avoir une arme ça fait réfléchir." Mais pour d'autres, l'avis est plus nuancé : "Depuis quelques années, il y a des bavures. Donc il faut faire attention à l'escalade de la violence", regrette un passant.
Certaines communes de la métropole bordelaise ont, elles, déjà passé le cap. Le cas de Pessac ou encore du Bouscat. "Mais les cas particuliers doivent-ils devenir une généralité ?", questionne un autre habitant. "Je ne pense pas."
Désengagement de l'Etat
La municipalité se dit "toutefois sensible à cette revendication, conséquence directe d'un désengagement de l'Etat". Elle fait notamment référence au manque d'effectif parmi les agents de la police nationale à Bordeaux. "Ils sont moins nombreux et donc moins disponibles", abonde Jérôme Desorthes.
Selon lui, la police municipale est donc en première ligne. "On ne connaît pas bien ce métier mais ces agents, qui sont censés agir sur la tranquillité publique, la sécurité et le bon ordre, ont les mêmes prérogatives que la police nationale". À l’exception de l'enquête, notamment.
En colère, les policiers municipaux demandent l'armement létal pour être mieux protégés. Avant de se prononcer en septembre prochain, la mairie répond pour l'instant par le contrat de sécurité intégrée négocié entre la ville et l'Etat le 21 juin dernier. À la clé, plusieurs promesses : "l'obtention de 40 policiers nationaux supplémentaires dès septembre 2024, le recrutement de 30 policiers municipaux et l'installation de 60 caméras supplémentaires.