Les élus des 28 communes de Bordeaux métropole ont donc voté pour le financement de la LGV. Mais pas dans le consensus. Deux visions qui créent une fracture dans la majorité socialiste associée aux écologistes. Mais aussi à droite, où les élus ne votent pas tous pour.
C'est un sujet épineux, et hautement stratégique au sein de l'assemblée Bordeaux Métropole.
62 élus pour, 38 contre, 2 abstentions. Trois heures de débat ont été nécessaires pour exprimer des visions opposées pour financer le projet à hauteur de 354 millions d'euros.
Comment utiliser l'argent et pour quels chantiers ferroviaires prioritairement ? Pour la Ligne à grande vitesse qui réduit les temps de trajet vers Toulouse, et vers l'Espagne si le projet voit le jour pour ce dernier tracé ? Ou prioriser sur les autres lignes type TER ou RER métropolitains utilisés pour les trajets quotidiens.
Un projet d'avenir pour les défenseurs
Les défenseurs du projet, comme le socialiste Alain Anziani, avancent les bienfaits pour l'environnement à ses yeux : moins de voitures, de camions, d'avions en circulation. La voie ouverte pour faire avancer le projet de RER métropolitain. Avec l'Etat, par la voix de Jean Castex qui a relancé au printemps dernier cet énorme chantier en payant une partie de l'addition, c'est "un alignement des planètes pour réaliser un projet vieux de 20 ans."
Et puis il y a l'Europe qui s'impatiente, l'Europe prête à payer une partie aussi de l'addition mais qui veut que le projet aboutisse vers l'Espagne. Et Alain Anziani de conclure sur ses convictions.
C'est un projet d'avenir pour nous et si nous ne le faisons pas, la génération qui nous suivra aura des raisons de nous dire : " mais pourquoi je vois cette zone là bien grise et complètement polluée, pourquoi je ne peux pas aller aussi vite ? Ils auront raison de nous le reprocher.
Alain Anziani - président socialsite de Bordeaux MétropoleFrance 3 Aquitaine
Un projet d'envergure pour Patrick Bobet, le patron des élus de droite de la métropole qui rejoint là les socialistes. "Ce projet va permettre de faire sauter le bouchon ferroviaire au sud de Bordeaux et développer le RER métropolitain(.. ) Ce n'est vraiment pas rien" Le maire du Bouscat, qui menaçait il y a quelques jours de s'opposer au vote, défend finalement l'idée de ne pas rester isolé dans le grand sud-ouest, avec la menace de rester à l'écart des grands déplacements, "ce qui ne serait pas du tout une bonne chose pour notre attractivité. " ajoute-il.
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Une opposition qui traverse les courants politiques
Principal opposant, le maire de Bordeaux et premier vice-président de l'assemblée Pierre Hurmic, a pris la tête de la fronde. Et il se met ainsi en travers de la route de son président, le maire socialiste de Mérignac Alain Anziani.
"L'Etat nous impose une décision bâclée" peste-il lors des débats précédent le vote. Il dénonce "un plan de financement faux et approximatif". Beaucoup d'argent à engager alors " qu' "on n'a pas les moyens de financer les TER et le TGV" argumente-il.
Le maire de Bordeaux, à l'origine de la fronde depuis que le dossier LGV est ressorti des tiroirs, rappelle son incompréhension. Pourquoi le gouvernement a radicalement changé d'avis en 4 ans ? Il fait allusion au Président Macron qui avait publiquement dit préférer le développement des trains du quotidien plutôt que la poursuite des grands travaux pour la LGV.
Pierre Hurmic est rejoint dans son opposition au financement par un élu de droite, Franck Raynal. " Un concept daté du progrès, dispendieux et anachronique" pour le maire de Pessac. Il n'y voit pas les vertus écologiques avancées par les défenseurs du projet, bien au contraire.
De même Philippe Poutou, élu NPA/FI de Bordeaux présent au conseil s'est opposé à ce projet coûteux et peu écologique à ses yeux.
Les communes de l'agglomération sont sollicitées pour apporter leur pierre à l'édifice, tout comme les départements de l'ex-Aquitaine concernés par le passage de la LGV, ou encore d'autres villes sur le passage. Et les oppositions au paiement des contributions s'additionnent depuis ces dernières semaines. Alors que les tours de table dans les collectivités doivent être bouclés d'ici la fin de l'année.