"On veut redonner envie aux jeunes de faire ce métier", la viticulture veut recruter en améliorant les conditions de travail

Alors qu'elle fait partie des secteurs recrutant le plus en Nouvelle-Aquitaine, la viticulture peine à attirer des candidats. Conditions de travail difficiles et mauvaises rémunérations peuvent effrayer les plus jeunes. Les professionnels tentent alors de développer des outils pour redynamiser le recrutement dans la filière.

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"Quand on poste des annonces, on ne croule pas sous les CV." Julien Benquet en est bien conscient, la viticulture est en peine de candidatures. "Nous sommes une filière dans laquelle il est compliqué de trouver de la main-d’œuvre formée quand on en cherche", regrette le chef de culture dans le domaine du château Pichon. 

Un secteur qui recrute

Pourtant, en Gironde, la moitié de la surface agricole est consacrée à la viticulture, faisant du vignoble bordelais le plus grand de France, devant les départements de l'Hérault et de l'Aude. Si les offres d'emploi dans la filière ne cessent d'augmenter, les recrutements, quant à eux, ne permettent pas de combler les besoins des exploitants. Près de 48 000 recrutements ont été comptabilisés en 2023, mais 4 300 emplois restaient encore à pourvoir à la fin de l'année.

Pour tenter de mettre en lumière la filière, de nombreux évènements sont organisés sur tout le territoire dans le cadre de la Quinzaine des métiers de la vigne et du vin. Des initiations pour attirer un nouveau public et favoriser le recrutement. Ce mercredi 13 mars, à Pauillac par exemple, l'organisme de formation Agricap donnait la possibilité aux intéressés de découvrir les châteaux Pichon tout en s'informant sur la formation de tractoriste qui permet, par la suite, la conduite d'engins agricoles. 

"Donner de bonnes conditions de travail"

Moins d'une dizaine de participants étaient présents. Anthony Dassé est l'un d'eux. Aujourd'hui en reconversion professionnelle, il décide de postuler la formation pour travailler dans des châteaux proches de Saint-Estèphe. "J'ai appris beaucoup de choses, et quand on est tractoriste, il y a moins de pénibilité que quand on est à la vigne", note-t-il. Car c'est là que le bât blesse. "Le métier de conducteur de tracteur est physique, mais celui de vigneron l'est d'autant plus, explique Julien Benquet, chef de culture. C'est être toute la journée dehors, courbé, sous la pluie, avec des conditions de travail pas toujours faciles."

Une pénibilité qui peut expliquer le manque de candidatures dans la filière. "Notre volonté, c'est de donner envie aux jeunes de faire ce métier et de mettre en place des outils qui vont aller dans ce sens. On est dans des travaux plutôt physiques et on voudrait les y intéresser en leur offrant des conditions de travail plus adaptées à ce qu'ils recherchent", précise le chef de culture.

Réduire la pénibilité

Sur le domaine du château Pichon, plusieurs outils ont été développés pour faciliter le travail dans les vignes. Un chariot d'épandage électrique, par exemple, "qui permet de faire des tâches assises sans avoir à se baisser en permanence". "On essaie également de mettre en place des solutions mécaniques pour le sécaillage, pour éviter d'avoir des vignerons qui passent leur journée à taper sur des piquets avec une masse", ajoute Julien Benquet.

On essaie au quotidien de faciliter leur travail et éviter qu'ils se fassent mal

Julien Benquet

chef de culture dans le domaine du château Pichon

"Ils ont tous des compétences et nous, on a besoin de les avoir chez nous", insiste le chef de culture. Car cette pénibilité au travail se répercute directement dans l'entreprise. Avec le développement de certaines techniques, moins difficiles, le domaine du château Pichon a permis de réduire son taux d'absentéisme à 5 % contre 50 % à certaines périodes de l'année. "Pour nous, c'est vraiment essentiel."

Mieux former pour mieux recruter

Julien Benquet mise sur ce renouvellement des conditions de travail pour attirer de nouveaux candidats, notamment des plus jeunes en contrat d'apprentissage. "L'intérêt, c'est de les avoir très régulièrement sur le site et d'avoir des élèves proches du terrain, qui pratiquent de façon intensive et sont rapidement opérationnels", précise-t-il. Une expérience souvent gagnante. "Le premier candidat qu'on a formé va continuer avec nous puisqu'il va intégrer l'entreprise en CDI", se réjouit le chef de culture. 

Pierre Deffanges fait partie des candidats du jour. À 25 ans, ce Médocain, peu effrayé par les conditions de travail du secteur, aimerait devenir conducteur de tracteur en apprentissage. "Ma famille travaille dans les vignes, c'est une passion, je préfère travailler dur que rester sur le canapé", sourit-il.

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