Polémique autour du parc photovoltaïque géant à Saucats : trop grand et trop risqué

Le débat public sur la future centrale solaire géante à Saucats, à 20 km au sud de Bordeaux, vient de s’achever. Les conclusions ont été rendues ce mercredi 9 mars par la Commission nationale du débat public. Ça ne vaut pas pour autant décision d'implantation ou pas. Il faudra encore attendre.

Nouvel épisode dans le projet de parc photovoltaïque à Saucats. Après quatre mois de débat public, les résultats ont été dévoilés par la CNDP (Commission nationale du débat public) ce mercredi 9 mars. Cette vaste consultation a permis le recueil de 4.000 avis et révèle des oppositions.

Le projet, baptisé Horizeo, est porté par les entreprises Engie, Neoen et RTE. Il prévoit la construction d’un parc de panneaux solaires sur 1.000 hectares. Horizeo deviendrait le plus grand parc photovoltaïque d’Europe, devant celui de la commune voisine de Cestas et ses 260 hectares.

La localisation et la taille du projet ne passent pas

Estimé à un milliard d’euros, ce projet baptisé Horizeo ne trouve pas consensus. Les résultats du débat public confirment ce qui fait polémique depuis plus d’un an et demi : la localisation et la taille du projet. Le défrichement de 1.000 hectares de pins, nécessaire pour faire naître le projet, est difficilement compréhensible pour le grand public, considérant que ce projet industriel pourrait être une incitation à “l’ébriété énergétique”.

Inquiétudes concernant le datacenter

L'implantation d'un centre de données, ou datacenter, est prévue autour du parc. Il permet aux entreprises d'héberger les équipements de leur système informatique. Cet aspect du projet a rencontré de vives oppositions dans les consultations.

“Le concept n’a pas été très bien compris par le public, beaucoup se demandent si le datacenter est absolument indispensable dans le projet”, relate Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP) et ancienne secrétaire d’État à l’Écologie sous le gouvernement Fillon III.

En cause : la question des risques, “très présente, plus que dans d’autres débats publics”, affirme Chantal Jouanno. Risque incendie, inondations ou couloirs de vents : les participants au débat public sont inquiets quant au cumul de risques, après l’incendie du datacenter d’OVH à Strasbourg en mars 2021.

Des recommandations

Les commissions nationale et particulière du débat public ont formulé des recommandations aux maîtres d’ouvrage, à l’État et à la région. Elles proposent notamment d’associer davantage le public au suivi des études.

Elles souhaitent également que la population locale ait la priorité sur l’utilisation de l’électricité produite, et que le maître d’ouvrage étudie les opportunités de reboisement pour compenser le défrichement de 1.000 hectares de forêt.

Les gens se posent des questions très importantes et intéressantes. Il appartiendra au maître d’ouvrage d’entendre les observations du public.

Jacques Archimbaud, président de la commission particulière en charge du débat (CPDP)

Indépendance et souveraineté énergétiques

À l’heure d’une flambée des prix de l’énergie, qui s’est intensifiée avec la guerre en Ukraine, la prise de conscience autour des enjeux d'indépendance et de souveraineté énergétiques est plus que d’actualité. Chantal Jouanno le voit dans les différentes concertations qu'elle mène :“Pour les personnes qui souhaitent plus d’indépendance énergétique, ça les pousse à soutenir des projets énergétiques sur notre territoire national. Mais sur des projets nucléaires, les opposants disent que cela crée un facteur de risque supplémentaire". 

Selon elle, la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine représente "un argument fort pour la souveraineté et l’indépendance énergétique mais pas au prix d’augmenter nos risques : voilà ce que l’on entend dans les débats publics aujourd’hui.”

Aujourd'hui, le projet de centrale solaire géante n'est pas figé et pourrait connaître des changements. D’ici le 9 juin 2022, les entreprises Engie, Neoen et RTE doivent préciser les conditions de réalisation du projet avec les conclusions du débat public. Au total, 58 % des dossiers qui passent entre les mains de la CNDP subissent des modifications.

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