L'ouverture du 60ᵉ Salon International de l’agriculture est particulièrement perturbée, ce samedi 24 février. Des centaines d’agriculteurs crient depuis ce samedi matin leur colère. Depuis le Lot-et-Garonne, la Coordination Rurale 47 a mené plusieurs actions, parfois violentes, ce qui a nécessité l'intervention des CRS.
Ils l’avaient annoncé : le Salon de l’Agriculture ne sera pas épargné. Depuis 7 h ce samedi matin, les syndicats d’agriculteurs manifestent leur colère dans les allées après avoir forcé les grilles . Parmi eux, les bonnets jaunes de la Coordination Rurale sont nombreux, aux côtés des casquettes vertes de la FNSEA.
Garde-à-vue
Plusieurs affrontements ont d’ailleurs éclaté entre les CRS et les agriculteurs qui tentaient de passer les barrages, au sein même du Salon. “On est reçus par des milliers de CRS. C’est quoi cette politique ? Non, on ne va pas rentrer comme ça”, martèle Karine Duc, coprésidente de la Coordination Rurale 47.
Plusieurs agriculteurs ont été interpellés. “Il y a un agriculteur qui a été placé en garde à vue avec sa fille parce qu’il est passé derrière les cordons de sécurité”, regrette José Perez.
En ligne de mire, les hommes politiques et particulièrement le président. “Macron Démission”, ont ainsi scandé plusieurs agriculteurs.
Si ce dernier a fait quelques annonces ce samedi matin, elles n’ont pas suffi à apaiser la colère. “Si les agriculteurs sont dehors aujourd’hui, c'est parce qu’ils n’ont pas un rond. Il faut nous donner de l’oxygène”, hurle José Perez, à la presse.
Faisons une vraie Europe identique pour tout le monde.
José Perez,co-président de la FNSEA 47
À 10 h 30, le ruban d’inauguration n’était toujours pas coupé. L’ouverture a d’ailleurs été retardée d’une heure et demie, créant également de nombreuses tensions à l’extérieur, où des milliers de visiteurs patientaient. Pour autant, le pavillon 1, où se trouvent les élevages et le concours général, restait inaccessible. Il n'a finalement ouvert ses portes qu'à 12 h.
Débat improvisé
Après l’annulation du grand débat, Emmanuel Macron a finalement choisi de recevoir des délégations de chaque syndicat dans un hall, à l’étage du SIA. Rééquilibrage des prix, calendrier d’applications des mesures, normes, l’échange est improvisé. “Appliquez tout ce que vous pouvez appliquer. Vous avez proposé 1200 mesures, mais maintenant, il faut les appliquer”, explique José Perez, aux côtés de Karine Duc.
En quelques minutes, le débat s'apaise, malgré la colère latente. Chaque agriculteur prend la parole. "J'ai une secrétaire deux jours par semaine et je dois en plus l'aider et du coup, ne plus être sur mon exploitation", soupire un agriculteur aquitaine. Un autre rappelle les conditions de travail des paysans. "C'est un suicide tous les deux jours. Moi, j'ai failli passer à l'acte en août. Comment peut-on parler de bien-être ?", lance cet éleveur de volaille en Dordogne.
Face aux revendications, Emmanuel Macron note, répond, parfois avec véhémence. "Si le discours ambiant, c’est de dire que l’agriculture est foutue, on ne fait pas de loi d’orientation et on ferme la boutique", lance-t-il, refusant une "agriculture mourante". Lui, avance plusieurs mesures : réforme de la loi Egalim "d'ici à trois semaines", plan d'urgence sur les trésoreries des agriculteurs, mais aussi des artisans et du bâtiment ou encore instauration de prix planchers. "On va faire un recensement de toutes les exploitations en difficulté, dès lundi", assure le Président.
Un numéro d'équilibriste pendant deux heures entre annonce et volonté d'apaiser pour "permettre au salon d'ouvrir, aux agriculteurs d'exposer et au public de visiter". La mission n'est qu'à moitié remplie : insatisfaits et "plus en confiance", les agriculteurs refusent toujours de lever la pression, sifflets en bouche.
En début d'après-midi, le Président, dans un programme complètement chamboulé, a enfin emprunté les allées du pavillon 1, à la rencontre des professionnels, puis du pavillon 4 sous les huées des agriculteurs et le mécontentement des visiteurs.