Une lycéenne de 17 ans est décédée d'une infection bactérienne à méningocoque, le 7 mai dernier à Pau. Quelles sont les causes et les symptômes de cette infection grave et potentiellement mortelle ? On fait le point.
C'est une maladie dont le nom fait peur. Le 7 mai, une adolescente scolarisée en classe de 1ʳᵉ à Pau est décédée d'un méningocoque. Treize élèves du même établissement ont reçu un traitement préventif.
Un drame, qui reste extrêmement rare. En 2023, seuls 500 cas de méningite ont été recensés en France. Mais dès novembre dernier, l'Institut Pasteur alertait sur un rebond de ces infections à méningocoques aux conséquences parfois très graves, suite notamment au relâchement des mesures barrières instaurées durant la pandémie de Covid-19.
Par ailleurs, les souches bactériennes de méningocoques, aujourd’hui responsables de méningites, ne sont plus les mêmes que celles qui circulaient avant la pandémie et ciblent plus de tranches d’âge différentes. Les plus touchés par ces nouvelles vagues d'infections ont entre 16 et 24 ans.
"Les méningocoques des groupes W et Y sont apparus beaucoup plus nombreux que les autres après la pandémie", indiquaient alors les chercheurs.
La méningite, c'est quoi ?
C'est une infection des méninges, les membranes qui entourent le cerveau. L'inflammation est due à la présence de virus ou de bactéries. Le nombre de cas par an de méningite bactérienne est d'environ "deux pour 100 000 habitants", précise le Pr Brissaud du CHU de Bordeaux. En général, elle concerne "surtout les enfants".
"La méningite à méningocoques est une maladie qui a toujours existé", assure le pédiatre, le Dr Jean Sarlangue, "mais il y en a moins depuis que des vaccinations ont été mises en place. Selon les années, il y en a entre 300 et 600 en France et 50 à 60 décès".
Le pédiatre précise qu'il existe plusieurs méningocoques : A, B, C, W et Y. Mais "depuis plusieurs années en France, on n'a quasiment plus de méningite à méningocoque C, grâce à la vaccination obligatoire", depuis 2018 pour entrer en collectivité. D'autres souches feront bientôt l'objet d'une vaccination obligatoire pour les nourrissons, conseillée pour les adolescents et accessible pour tous avec remboursement.
Quels symptômes ?
"Chez les grands enfants, les signes cliniques sont de la fièvre, parfois des maux de tête, des vomissements. Les enfants peuvent se plaindre d'un inconfort, d'une fatigue assez grande, parfois des douleurs musculaires souvent au niveau du cou", détaille le professeur Brissaud dans une vidéo publiée sur le sujet. Chez les nourrissons, il est plus difficile d'identifier certains signes. On peut retrouver des vomissements, parfois les parents indiquent que leur bébé "n'est pas comme d'habitude".
On peut constater chez l'enfant plus grand "une raideur méningée", des difficultés à fléchir la tête en avant. En revanche, chez le nourrisson, "on va avoir des enfants tout mou, très hypotoniques".
Des signes graves
Parfois des signes cliniques indiquent la gravité tels que "des troubles de la conscience". "Il s'agit des enfants qui ont du mal à répondre aux questions, avec un comportement altéré.
Il peut y avoir également des signes de complications comme, par exemple, des convulsions.
Professeur BrissaudResponsable du service réanimation pédiatrique au CHU de Bordeaux
Quand la conscience est fortement altérée, il faut craindre que "la méningite crée une hypertension à l'intérieur de la boîte crânienne" ce qui, d'après le spécialiste, est une urgence absolue.
Par ailleurs, souligne le Dr Sarlangue, il faut être attentif à des petites taches rouge sang à violet qui pourraient apparaître sur le corps en cas d'infection. Leur apparition qui peut être parfois discrète, sous la chaussette par exemple, est le signe "d'une forme grave de la maladie".
Dans ces trois cas : troubles de la conscience, convulsion ou coma, il faut appeler le 15.
Pas égaux face à la méningite
"Oui la méningite, c'est grave", insiste le professeur Brissaud, Elle peut se présenter sous la forme d'un virus ou d'une bactérie. "Au sein de ces micro-organismes , certains virus sont plus agressifs que d'autres" et de même pour les bactéries. Selon leur nature, la gravité peut être différente.
"Ça dépend de la personne qui est infectée. On est inégaux face à la maladie !" Certains, porteurs d'un virus, vont faire une angine et d'autres une méningite. D'autres vont être porteurs d'un méningocoque dans leur gorge ou voies aériennes sans aucun signe clinique...
Par ailleurs, "malgré un traitement adapté, chez certains individus, avec certains micro-organismes", il risque d'y avoir une forte inflammation qui se poursuit pendant quelques jours voire quelques semaines et qui "peut être à l'origine d'anomalies à l'intérieur du tissu cérébral".
Les conséquences ?
Les conséquences immédiates peuvent être pour les plus graves la mise en jeu du pronostic vital de l'enfant. Une prise en charge en urgence et un traitement adapté doivent être effectués.
L'infection peut avoir eu d'autres conséquences graves dans la zone cérébrale. "Des abcès cérébraux ou des convulsions qui peuvent durer parfois très longtemps"
À plus long terme, l'infection peut également avoir des effets plus ou moins importants, selon le micro-organisme ou le patient, sur le développement neuro-psychomoteur de l'enfant.
Vaccination obligatoire en 2025
La vaccination contre la méningite est actuellement obligatoire pour les nourrissons et concerne seulement une famille de bactéries. Face au rebond de ces infections graves, cette vaccination va être élargie à partir de début 2025, selon un nouveau calendrier vaccinal publié le 26 avril par les autorités sanitaires. Jusque-là, le seul vaccin obligatoire était celui contre le méningocoque C. Elle sera remboursée par l'assurance maladie.
L'objectif est de contrer le fort rebond des méningites bactériennes généralement bien plus graves que les méningites virales et la montée des familles de méningocoques Y et W.
Le vaccin ciblant les quatre souches de méningocoques, ACWY, est aussi recommandé chez les adolescents de 11 à 14 ans, avec un rattrapage chez les 15-24 ans. Un seul vaccin, dit tétravalent, ciblera désormais A, C, W et Y. Donné séparément en trois doses successives (3, 5 et 12 mois), un autre ciblera toujours la souche B.
Pour le Dr Sarlangue, cette perspective de vaccination obligatoire, dès le 1er janvier 2025, devrait permettre une protection directe des bébés et puis une protection collective dans la perspective, comme pour la souche C, de presque faire disparaître les autres souches de méningocoques.