Dans un contexte de crise viticole du vignoble bordelais en 2022, de nombreux vignerons de Gironde sont pris à la gorge. Certains ont fait le choix de l'arrachage des vignes pour survivre, d'autres sont bord de la faillite comme Bastien Mercier et son père, qui se battent pour sauver leur exploitation familiale.
Daniel Mercier en pleure. Comment lui et son fils vont-ils faire pour éviter la faillite ? Sans doute, en arrachant une partie de leurs vignes familiales pour percevoir des aides de l'Etat. Pas le choix.
Redressement judiciaire
Bastien Mercier, 34 ans est installé à Camiran, dans l'Entre-deux-Mers. Il a repris l'exploitation viticole de son père, qui la tenait déjà du sien. Plusieurs générations de Mercier ont survécu à des crises, mais celle-ci est particulièrement violente pour les petits vignerons girondins.
Les ventes des vins de Bordeaux ont chuté en 2022. La famille Mercier se retrouve avec des stocks d'hectolitres de vins non vendus, et une vigne à tailler qui ne le sera pas, tant les prochains mois sont incertains pour la trésorerie. "Sur 65 hectares de vignes, il y a une partie en fermage que nous allons devoir abandonner. Sur les deux autres tiers, une partie sera vouée à l'arrachage, et le dernier tiers, nous le conservons, car nous sommes en capacité de le vendre à une clientèle de particuliers", explique Bastien Mercier à notre équipe sur place.
En redressement judiciaire depuis un mois, le jeune viticulteur envisage d'installer des panneaux photovoltaïques sur les toits des chais pour payer les dettes. Pas question de vendre les bâtisses qui font partie du patrimoine familial. "Ce chai date de 1837, et plusieurs générations se sont succédées sur cette exploitation. Et ce que l'on redoute comme beaucoup d'agriculteurs, c'est de perdre ce bien familial et historique", poursuit le viticulteur.
►VIDEO. Voire le reportage sur Bastien Mercier, vigneron au bord de la faillite dans un contexte de crises des vins de Bordeaux diffusé le 4 janvier 2023 :
Le travail d'une vie
Son père Daniel Mercier constate que cette nouvelle crise qui ébranle le monde viticole est particulièrement rude pour la profession.
J'ai foncé, j'ai bossé. Avec mon père on a créé cette exploitation. Malheureusement aujourd'hui, je vais souvent me recueillir sur sa tombe, et quand je lui dis ce qui se passe, ça me fout les glandes.
Daniel Mercier, vigneron en GirondeFrance 3 Aquitaine
Bastien Mercier arrive à se payer un Smic par mois, mais pour son père, c'est très aléatoire. "C'est dur, comment on peut vivre avec un salaire sur deux ?, s'interroge-t-il. Ces viticulteurs vont devoir recourir à l'arrachage une nouvelle fois, car la constatation est que la baisse de la consommation de vins baisse de plus en plus.
De passage dans la région pour les fêtes de fins d'année, un couple de touristes des Yvelines venu acheter des bouteilles de vins compatit pleinement avec le désarroi de la famille Mercier. "Cela me touche, car ce sont des vies entières, et je ne savais pas qu'ils étaient en telle difficulté ici, c'est triste", commente Claude Dubois, une cliente.
Relancer les ventes
Daniel et Bastien Mercier font le vœu en ce début d'année que la consommation reparte pour relancer les ventes. Leur production est de 3000 hectolitres de vin par an. Dans leurs chais, les cuves sont encore bien pleines malgré la qualité des vins. Les restaurateurs, la grande distribution et les clients chinois ont fait cruellement défaut ces derniers temps.
Par ailleurs, il y a trois ans, ils ont investi dans dix nouvelles cuves en inox et une station d'épuration pour moderniser leurs équipements. Des crédits qu'ils devront rembourser, même s'ils ne savent pas encore comment.