Des litres d’eau utilisés pour arroser les pelouses des stades, des pistes de ski enneigées artificiellement en hiver, des gadgets distribués par milliers... Le monde du sport est loin d’être exemplaire sur le plan écologique. Mais, c'est aussi un secteur qui planche activement sur cet enjeu. Comment ? Organisateurs, élus, sportifs, nous avons interrogé les acteurs en Nouvelle-Aquitaine.
Samedi 1er juillet, Bilbao, le coup d'envoi de la 110ᵉ édition du Tour de France est donné. Les 176 coureurs s'élancent pour trois semaines de compétition sous un soleil de plomb. La chaleur est un peu plus écrasante d'années en années. Les conséquences du changement climatique sont là.
À la fois victime, mais aussi responsable du réchauffement de notre planète, le Tour de France est souvent pointé du doigt pour son empreinte écologique. Alors comment travaille-t-il sur cet enjeu ?
Bilan carbone calculé depuis 2013
"On a commencé à se pencher sur notre empreinte environnementale en 2013, c'est cette année-là qu'on a fait notre premier bilan carbone, puis on en a fait un autre en 2021 pour comparer ce bilan. Entre les deux dates, on a réduit de 37% nos émissions directes", explique Karine, Bozzacchi, responsable RSE du Tour de France.
Si le Tour de France se penche sur son bilan carbone, c'est encore loin d'être le cas de tous les évènements sportifs. Maël Besson, est spécialiste de la transition écologique du sport, il nous explique "il n'y a pas d'obligation légale pour les organisateurs à mesurer leurs émissions, par contre ça devient de plus en plus incontournable. Le Ministère des Sports, les citoyens demandent de plus en plus de rendre compte pour voir quels efforts sont faits".
Empreinte carbone du Tour de France en 2021 : 216 000 Tonnes de CO2
216 000 Tonnes de CO2, ou 216 000 allers-retours en avion Paris-New-York, voilà l'empreinte du Tour de France en 2021. Un chiffre considérable, que l'organisation tend encore à diminuer.
On travaille beaucoup sur la mobilité, on le sait, c'est notre point noir. Par exemple, ici à Bordeaux, un parking à vélo de 1 000 places a été installé pour les visiteurs. On essaye au maximum de faire venir le public en mode décarboné.
Karine Bozzacchi, responsable RSE du Tour de France
Cette année encore, d'autres engagements ont été pris par l'organisation du tour, "on a passé tous nos camions en biocarburant, on a économisé 150 Tonnes de CO2, on est dans l'amélioration continue, mais, on est un évènement itinérant, on a besoin de ces camions, ces voitures pour se déplacer", précise Karine Bozzacchi.
Le transport, c'est en effet le poste le plus polluant des évènements sportifs, il représente entre 80 et 90% des évènements carbone selon Maël Besson.
Des solutions, mais aussi des limites. Camions, voitures... le Tour de France est loin de la neutralité carbone, "quand on a évité, réduit, après, on compense. Depuis 2021, on compense par des programmes labels bas-carbone. Par exemple, sur l'étape d'aujourd'hui à Bordeaux, on a un programme sur Landiras, on compense avec de la replantation d'arbres".
La voile, une discipline 100% écolo ?
À la différence du Tour de France, pour les navigateurs, ce n'est pas le transport qui représente le poste le plus important lorsque l'on parle d'émissions de carbone. Pour eux, le point noir, c'est la construction des bateaux.
"On commence à travailler avec du carbone recyclé, c'est une technique un peu récente, on réfléchit à la développer. C'est important que la réglementation sportive permette à des bateaux d'être recyclés pour faire plusieurs saisons", explique Yannick Bestaven, skipper de l’Imoca Maître Coq, vainqueur du Vendée Globe 2021.
La voile est un sport précurseur, déjà on est poussé par le vent, on peut dire que c'est un sport qui est propre.
Yannick Bestaven, skipper de l’Imoca Maître Coq, vainqueur du Vendée Globe 2021
Dans cette discipline, la préservation de l'environnement est une évidence. Pour de nombreux sportifs, compétition rime avec engagement.
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"Notre plus beau théâtre, c'est l'océan, les ciels étoilés, le vent, les tempêtes, c'est quelque chose qu'on veut préserver. J'ai fait de la voile, de la course au large essentiellement pour découvrir la planète. Sensibiliser les jeunes, c'est important, le monde de demain leur appartient", conclut Yannick Bestaven.