Violences sexuelles : enquête préliminaire ouverte après les aveux de l'ex-archevêque de Bordeaux, le cardinal Ricard

L'évêque de Nice avait déjà saisi la justice en octobre, lorsque Monseigneur Ricard lui a confié avoir "embrassé" une adolescente, selon le parquet de Marseille.

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Après les révélations de l'église, la justice se saisi de l'affaire. Le parquet de Marseille a ordonné une enquête préliminaire pour "agression sexuelle aggravée". Elle devra permettre "de vérifier dans un premier temps la nature exacte des faits dénoncés ainsi que leur datation et faire entendre l'ensemble des personnes ayant reçu des confidences ainsi que la personne qui en aurait été victime", selon le parquet marseillais.  

L'ex-archevêque de Bordeaux a reconnu lundi 7 novembre s'être "conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans" en 1987 alors qu'il était curé de Marseille. Le parquet a précisé qu'"aucune plainte" n'a pour l'instant été déposée.

Datant de 35 ans, les faits sont vraisemblablement prescrits, mais la justice a quand même ouvert une enquête préliminaire, premier stade d'une enquête pénale destinée à éclairer le ministère public sur le bien fondé d'une éventuelle poursuite. Elle cherchera aussi à déterminer s'il y a d'autres victimes du cardinal. 

L'église était déjà au courant

L'alerte a été lancée par les parents de la victime. En février 2022, l'évêque de Nice avait été informé de ce cas via un courrier des parents de la victime, indique le parquet de Marseille. Monseigneur Ricard lui aurait alors confié avoir "embrassé" une adolescente. Selon le parquet de Marseille, l'évêque de Nice a saisi la justice le 24 octobre, lorsqu'il aurait appris la minorité de la jeune fille. 

Le Président de la Conférence des évêques de France a également avoué être au courant depuis févier dernier. "Depuis février, je suis en lien avec la personne victime, (...) qui souhaite surtout ne pas être repérée(...), identifiée", a-t-il poursuivi. À la question de savoir s'il y avait eu dissimulation de l'affaire, il a répondu : "je ne vois pas de quoi vous parlez, parce qu'il y a, depuis que j'ai appris ces faits, que j'ai parlé avec la (victime), un travail continu pour pouvoir aboutir et faire le signalement", a-t-il ajouté. 

Création d'un comité de suivi 

"Nous sommes conscients que ces révélations affectent douloureusement les personnes victimes", ont écrit les évêques de France dans une lettre pastorale publiée à l'issue de leur assemblée plénière, disant aussi comprendre "l'ébranlement de nombreux fidèles". 

L'église souhaite maintenant mieux lutter contre ces affaires de violences sexuelles et de pédocriminalité en son sein. Le président de la Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé mardi à Lourdes la mise en place d'un "comité de suivi" sur lequel tout évêque pourra se "référer" tout au long d'une procédure visant un de ses pairs.

L'idée est d'avoir "une équipe d'experts extérieurs", qui aura "un regard et une aide extérieurs sur l'ensemble des démarches, civiles et canoniques (du droit de l'Eglise, ndlr) afin d'accompagner l'évêque concerné dans la mise en œuvre des démarches à faire pour n'y ait pas de trous dans la raquette et éviter tout dysfonctionnement", a précisé la CEF interrogée par l'AFP. 

Au Sacré-Cœur à Bordeaux, entre besoin de vérité et pardon 

Jean-Pierre Ricard a été l'archevêque de Bordeaux pendant 18 ans, entre 2001 et 2019. Il a également été élu deux fois Président de la Conférence des évêques de France, en 2001 et 2007. Ce matin, devant l'église du Sacré-Cœur à Bordeaux, les croyants ne savaient que penser de cette nouvelle fracassante. 

Depuis le temps, je ne m'attendais pas à ça de Monseigneur Ricard, parce que moi, je suis toujours à l'église, je le connaissais bien.

une fidèle devant le Sacré Coeur à Bordeaux

France 3 Aquitaine

Une autre croyante insiste au contraire sur le fait que "les prêtres sont aussi des hommes". "On fait tous des choses pas bien dans nos vies et il faut savoir pardonner", estime cette femme croisée devant l'église. 

Enfin, plusieurs ont insisté sur la nécessité de parler, et d'entendre les victimes. "C'est bien de faire la lumière et la vérité, je ne juge pas les autres, j'ai bien de la peine bien sûr", confie un chrétien. Après cette révélation, cette autre fidèle ne se détournera pas de sa foi. "L'église est sainte, les personnes qui la composent sont des pêcheurs", estime-t-elle. 

Dans le monde d'aujourd'hui, c'est super important de pouvoir dire les choses, que la justice fasse son travail, que les victimes soient reconnues, que les coupables soient punis s'il y a besoin, au moins qu'ils aient conscience de ce qu'il s'est passé et surtout que ça s'arrête.

une fidèle devant le Sacré-Coeur à Bordeaux

France 3 Aquitaine

L'écoute d'éventuelles autres victimes 

L'actuel archevêque de Bordeaux Jean-Paul James a également réagi lundi 7 novembre, après les aveux du cardinal Ricard. Il dit "partager la peine de tous ceux, en particulier dans le diocèse de Bordeaux, qui seront blessés par ces révélations. Je pense spécialement à celles et ceux qui ont été victimes de prêtres, de religieux, ici en Gironde".

Il a également appelé les éventuelles autres victimes à parler. 

Je renouvelle mon invitation aux personnes qui auraient pu être victimes en Gironde d’actes répréhensibles à le faire savoir à l’équipe de veille du diocèse, je me tiens moi aussi disponible pour cela.

Msg Jean-Paul James, archevêque de Bordeaux

Le cardinal Ricard avait pris sa retraite en 2019, après 18 ans d'office à Bordeaux. Il est depuis archevêque émérite de Bordeaux. Il s'était installé dans un presbytère des Alpes-de-Haute-Provence. Il a indiqué dans un communiqué se mettre à la disposition de la justice. 

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