Visé par une expulsion pour "propos antisémites et haineux", l'imam de Pessac fait appel devant le Conseil d'état

Après le rejet du tribunal administratif de Paris, le président de la mosquée de Pessac près de Bordeaux, Abdourahmane Ridouane, a déposé un nouveau recours contre son expulsion le 27 août, cette fois devant le Conseil d'état, pour contester son expulsion du territoire français. Le ministère de l'Intérieur lui reproche de faire l'apologie du terrorisme.

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"Cela va bientôt faire une vingtaine de nuits qu'Abdourrahmane Ridouane, le président de l'association de la mosquée de Pessac, dort dans une cellule du Centre de Rétention Administrative du Mesnil-Amelot". Son avocat, Me Sefen Guez-Guez, vient de déposer un recours devant le Conseil d'État. Dans un communiqué du 27 août, il explique vouloir contester un arrêté d'expulsion jugé "injuste, arbitraire et profondément discriminatoire, qui a été pris au mépris de la liberté d'expression, mais aussi au mépris de la justice".

Nouveau recours

Le 10 août, le tribunal administratif de Paris avait rejeté un premier recours contre l'expulsion Abdourahmane Ridouane (59 ans), un imam de nationalité nigérienne, considéré par les autorités comme "d'obédience salafiste", et qui dirige la mosquée Al Farouk, dans la banlieue de Bordeaux.

Déjà sous le coup d'une assignation à résidence durant la période des Jeux olympiques, M. Ridouane avait été interpellé chez lui le 8 août dans le cadre d'un arrêté ministériel d'expulsion.

Le ministère de l'Intérieur Gérald Darmanin reprochait la diffusion sur les réseaux sociaux "d'une idéologie hostile aux valeurs et institutions de la République française", notamment des "publications à teneur antisémite et haineuse à l'encontre d'Israël et des juifs".  Ce que conteste son avocat.

"Cela fait plusieurs années que la mosquée de Pessac et son président, M. Abdourrahmane Ridouane, sont visés par l'État pour des motifs absolument fallacieux" assure Me Guez-Guez.

Cet acharnement politique s'inscrit dans un contexte plus large de répression visant, évidemment, les figures et structures de la communauté musulmane, mais aussi, bien au-delà, les voix contestataires.

Sefen Guez-Guez

Avocat de l'imam de Pessac

"Une mesure disproportionnée"

Au début du mois d'août, le tribunal administratif de Bordeaux avait ordonné aux autorités de "réexaminer" la demande de renouvellement de titre de séjour d'Abdourahmane Ridouane, restée sans réponse, et de lui délivrer un "récépissé" provisoire l'autorisant à travailler en France.

En juin, une commission d'expulsion du tribunal judiciaire avait, de son côté, donné un avis consultatif défavorable concernant sa possible reconduite à la frontière.

En 2022, des publications sur les réseaux sociaux avaient déjà conduit à une fermeture administrative de la mosquée de Pessac, finalement annulée par le tribunal administratif de Bordeaux puis le Conseil d'État. "La mesure est clairement disproportionnée, (...) aujourd'hui le ministère de l'Intérieur veut refaire le match", soutient Me Guez-guez. "En attendant l'audience devant le Conseil d'État, les soutiens de M. Abdourrahmane Ridouane, qui est un responsable associatif très apprécié et respecté dans la région bordelaise, restent mobilisés. Plusieurs actions et rencontres sont prévues dans les jours qui viennent".

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