En septembre 2020, l'association "Alerte aux toxiques" publiait une analyse révélant la présence de résidus de pesticides dans 22 vins certifiés Haute Valeur Environnementale. Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux a porté plainte pour "dénigrement collectif" contre la filière.
L'association "Alerte aux toxiques" et sa porte-parole Valérie Murat ont été condamnées par le tribunal judiciaire de Libourne, ce jeudi 25 février, pour "dénigrement collectif" de la filière.
125 000 euros de dommages et intérêts
Elle et l'association ont été condamnées, en première instance, à payer 100 000 euros de dommages et intérêts au CIVB, le conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, ainsi que 25 003 euros à d'autres plaignants du monde du vin.
Valérie Murat et son association doivent aussi supprimer les documents relatifs à l'analyse en question du site internet, Facebook et Twitter, dans un délai de 15 jours, sous peine d'une amende de 500 euros par jour.
"Une grande satisfaction" pour le CIVB
"C'est une décision plutôt satisfaisante pour le monde du vin, et une bonne nouvelle. Il y a la reconnaissance du dénigrement, ce qui signifie en définitive que les analyses, qui avaient été publiées de manière un peu violente par Mme Murat et par Alerte aux Toxiques, constituent un discrédit de toute la filière vin", se félicite Constance Duval-Veron, qui représentait plusieurs propriétés viticoles.
"Pour résumer les choses de manière presque simpliste, Mme Murat avait publié des analyses qui expliquaient que si vous buviez du vin, vous preniez un risque mortel", détaille l'avocate. "C'est peut-être un peu excessif de le dire de cette manière-là, et surtout, c'est totalement faux".
C'est une grande satisfaction, le CIVB et mes confrères parisiens ont bien travaillé pour sauver la viticulture girondine des attaques totalement inconsidérées de la part de Mme Murat, et de son association.
L'avocat du CIVB souligne aussi que Mme Murat et son association font l'objet d'une condamnation très lourde.
Valérie Murat fera appel
Valérie Murat annonce déjà sa volonté de faire appel de cette décision. "Sale temps pour les lanceurs d'alerte", réagit Valérie Murat, qui ajoute que "jamais une procédure baillon n'aura aussi bien porté son nom".
Sale temps pour les lanceurs d alerte. L air semblait bien vicié à Libourne ça se confirme.
— Valérie Murat (@MuratValerie) February 25, 2021
Le prétendu pays du vin protégé le pire dans le vin. Nous faisons bien entendu APPEL DE cette décision
→ Vidéo : Valérie Murat réagit à sa condamnation en première instance
Le rappel des faits
En septembre 2020, l'association Alerte aux Toxiques et sa porte-parole Valérie Murat publiaient les résultats d'une analyse de 22 vins du Bordelais certifiés Haute Valeur Environnementale.
Des vins produits dans le Bordelais, mais aussi en Champagne et Languedoc, dans lesquels le laboratoire chargé des analyses retrouvait des résidus de pesticides, nocifs pour l'humain et l'environnement.
Le CIVB ainsi qu'une trentaine d'autres représentants du monde du vin avaient porté plainte, pour "dénigrement collectif" de la filière.
Bernard Farges, président du CIVB expliquait alors que les quantités de pesticides décelées dans les vins étaient infinitésimales : "quand on est entre 60 et 5 000 fois en-dessous les limites autorisées par la règlementation française, on est 60 à 5 000 fois en-dessous de la règle. Alors, dire que ces vins sont dangereux, c'est du dénigrement".
Valérie Murat est la fille d'un vigneron décédé en 2012 d'un cancer reconnu comme maladie professionnelle. Il avait été exposé pendant plus de 40 ans, à un produit utilisé dans les traitements contre une maladie de la vigne, et interdit en France depuis 2001. Une procédure au pénal est en cours.
→ regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Dominique Mazères