Enquête. Derrière le prestige des vignobles du Médoc, le mal-logement des saisonniers viticoles

L'hébergement des saisonniers viticoles : derrière les façades prestigieuses et les grands crus se cache une réalité bien moins reluisante, où l'itinérance et la précarité font la loi.

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Le Médoc, un territoire haut en couleur, connu dans le monde entier pour ses appellations Saint-Estèphe, Margaux, ou Pauillac.

Ici, des femmes et des hommes viennent de loin pour les vendanges. Mais la tradition de fournir le gîte aux saisonniers n'est plus ce qu'elle était.
 


Le jour dans les vignes, la nuit sur un terrain prêté par le château pour lequel ils travaillent. Les saisonniers font souvent la queue pour prendre une douche mais au moins ils disposent de sanitaires. "Je pense qu'il y a pire. On a même vu pire" dit l'un d'eux. 
 

Car ailleurs, la situation est parfois bien différente. Pas très loin de là, des saisonniers ont trouvé refuge sur un terrain vague.

Ce soir là, les occupants, des portugais qui ne veulent pas être filmés, de peur d'être chassés des lieux. "Chaque année qui passe c'est encore pire" confie l'un d'eux.

Un sentiment partagé par Serge Uria, le président du Secours populaire de Pauillac : 

Certains arrivent sans rien. Ils dorment dans les voitures un premier temps. Après, ils trouvent des amis pour qu'on leur propose un morceau de tente ou un coin dans le camping-car. Avant, les personnes prenaient leurs congés dans le Médoc pour faire les vendanges. Ils étaient nourris et logés dans de bonnes conditions.


Dans le Médoc, les propriétaires viticoles ne sont plus très nombreux à loger les saisonniers, invoquant de nouvelles normes trop contraignantes.
 

Loger les saisonniers, "une question de volonté"


Mais certains, comme les châteaux du groupe Mouton-Rothschild, ont mis en place une aire d'accueil avec gardien, pouvant héberger 300 personnes.

"C'est surtout une question de volonté, J'ai été choqué de voir que des gens pouvaient aller s'installer n'importe où. On est plus au Moyen-Age" insiste Philippe Dhalluin, le directeur général et directeur des Châteaux Groupe Baron Philippe de Rothschild S.A. 
 

Aujourd'hui, les châteaux font de plus en plus appel à des prestataires de service pour leur fournir la main d'oeuvre. Certains respectent les régles, d'autres pas. Et pour ces derniers, peu importe les conditions de vie. 


Des logements surpeuplés 


Le maire de Pauillac dénonce cette situation : "Vous avez dans des maisons de Pauillac des prestataires victicoles qui vont mettre parfois 30 Roumains ! Je considère qu'on est pas dans la dignité humainemartèle Florent Fatin.

Il aimerait établir une liste noire des entreprises qui utilisent ces procédés car derrière les logements surpeuplés se cachent des sociétés civiles immobilières, des sous-locations : " C'est connu ! Les maisons, on les connaît précise Emeline Borie, la présidente du syndicat viticole de Pauillac, mais ce n'est pas moi qui fait les montages financiers, des SCI qui abritent ces gens là !"

Reste que le malaise est bien réel même si les Vins de Bordeaux dont le chiffre d'affaires s'élevait en 2018 à quatre milliards d'euros, préfèrent parler de phénomène "rarissime".

Ainsi pour leur président, le viticulteur Bernard Farges, (Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux CIVB), il faut "probablement que les viticulteurs exigent de leurs prestataires que le sujet d'hébergement soit suffisament traité et tout à fait décent pour répondre à cette problématique".


Regardez l'enquête de Candice Olivari et Thierry Gardet : 
 
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