Succès d'édition, succès du salon. Le livre de poche a 76 ans et le salon Lire en poche de Gradignan 15. Le senior et l'ado se portent très bien. Retour sur une histoire de poche avant l'édition 2019 du 11 au 13 octobre au théâtre des Quatre Saisons et à la Médiathèque Jean Vautrin.
Le livre de poche : une révolution
Une grande histoire commence souvent par une anecdote, un fait anodin . Pour le livre de poche, la légende veut qu'Henri Filippachi, secrétaire général de la librairie Hachette, ait eu l'idée d'actualiser ce format ancien en voyant un soldat américain acheter un livre dans une librairie française et le déchirer en deux pour le mettre dans sa poche. Convaincu et convaincant, il réussit, en 1953, à enrôler dans l'aventure ses amis éditeurs Albin Michel, Calmann-Lévy, Grasset et Gallimard.La société éditrice, La Librairie Générale française, prend ses quartiers boulevard de la Madeleine et l'idée initiale de Filippachi, d'éditer en intégralité les grands textes littéraires, classiques et modernes tombés dans le domaine public devient une réalité. Ce format était jusqu'alors réservé aux romans d'évasion, bien loin des textes réputés plus difficiles, ou en tout cas moins accessibles.
En 1953 Henri Filippachi lançait la collection du Livre de Poche.
— Squirelito ?️? (@Squirelito) March 27, 2017
Depuis, "on ne peut plus vivre sans lui" https://t.co/JtMaQZSlqi
Mais le livre de poche est loin de faire l'unanimité. Vendu six fois moins cher qu'un livre traditionnel, dans un format qui rappelle historiquement la "littérature de colportage", avec une couverture inspirée des affiches de cinéma, il est d'abord perçu comme un "produit industriel" qui inspire la méfiance des libraires, terrifiés à l'idée de voir leur chiffre d'affaires fondre comme neige au soleil, et surtout le mépris des caciques de la littérature et des belles lettres, persuadés d'être les seuls gardiens du temple. S'offrir Un amour de Swann de Marcel Proust pour 2 francs ne passe pas dans le milieu germano-pratin. Et pourtant, 500 000 exemplaires ont été écoulés au moment de sa publication.
Cette crainte de la désacralisation ne résistera pas au souffle de démocratisation qu'apporte le livre de poche : une nouvelle génération de lecteurs se fait jour et le succès commercial finit par mettre tout le monde d'accord.
Sans publicité, mais en élargissant le circuit de distribution des livres aux supermarchés, station services, drugstrores et kiosques, le livre de poche devient un véritable phénomène de société et accompagne l'essor de la scolarisation des enfants du Baby-Boom.
Le 9 février 1953 paraît le tout premier, Koenigsmark de Pierre Benoit.
Trois nouveaux titres sortent alors tous les quinze jours. Puis la fréquence augmente. En 1957-58, 8 millions d'exemplaires sont vendus. Et plus rien ne l'arrête : en 1969, les ventes passent à 28 millions.
Les chiffres sont éloquents : près d'un milliard de livres ont été vendus depuis 1953. Et la plupart des maisons d'édition ont désormais leur propre collection de poche.
Consécration suprême quand un format devient l'ADN d'un salon littéraire : Lire en poche à Gradignan a 15 ans.
Lire en poche : la vitalité de l'adolescence
Entre la rentrée littéraire de septembre et la saison des prix débutant en novembre se glisse LE salon de la rentrée littéraire du poche à Gradignan. Un rendez-vous devenu incontournable, aussi bien du point de vue des auteurs, des professionnels que du public. A l'image du format qui lui a donné son nom, Lire en poche rassemble : l'édition 2018 a comptabilisé près de 27 000 visiteurs et plus de 100 auteurs.De 2005, année de sa création, à 2014, le salon avait un président, le journaliste et écrivain bien connu des téléspectateurs de France 3, Olivier Barrot, entouré de deux invités d'honneur.
Mais en 2014, le succès persistant, Lire en poche a convié sa première marraine, Véronique Ovaldé. Une entrée des auteurs par la grande porte, qui ne s'est jamais refermée depuis.
Lui ont succédé Caryl Férey en 2015 :
PEF et son Prince de Motordu en 2016 :
Harlan Coben en 2017 :
Maylis de Kérangal en 2018 :
Des parrains à l'image de la diversification du salon, qui comprend aujourd'hui plusieurs départements : littérature générale, littérature étrangère, et jeunesse. Toujours dans l'esprit de diversité et d'éclectisme qui a animé les fondateurs du Livre de poche. Cette année, c'est l'écrivain, médecin et diplomate, Jean-Christophe Rufin qui endosse le rôle de parrain d'une édition consacrée au thème Cultiver la liberté:
Jean-Christophe RufinEtre publié, c'est une satisfaction immédiate. Etre publié en poche, c'est connaître un autre plasir : celui de la durée.
En s'installant lui aussi dans la durée, Lire en poche a multiplié les opérations pendant le salon : tables rondes, grands entretiens, focus sur un genre, rencontres thématiques, concerts ou encore petits-déjeuners littéraires. Et multiplie les rencontres entre le grand public et les auteurs bien sûr, mais aussi les scolaires, les étudiants, les libraires indépendants, les maisons d'édition régionales et nationales.
Des livres, des auteurs, des comédiens, des bénévoles, des passionnés, des rencontres et des bus, revivez la 15è édition en 15 minutes
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