Il a envoyé sa lettre de démission lundi dernier au préfet d'Aquitaine, Pierre Dartout. Révolté par un contrôle musclé de son parc le 11 décembre dernier, il se dit usé par le contexte difficile. Les quatre vice-présidents du comité conchylicole ont, eux-aussi, démissionné...
A quelques jours de Noël, période difficile s'il en est pour les conchyliculteurs, la profession est en train de vivre une nouvelle crise : le patron des ostréiculteurs vient de jeter l'éponge.
Le quotidien Sud-Ouest indique que le contrôle, le 11 décembre dernier, de la parcelle exploitée par Olivier Laban au Banc d'Arguin (réserve naturelle) est en quelque sorte la "goutte d'eau" qui a mené le président à cette décision.
Les services de la Direction départementale des territoires et de la Mer, alerté par le gestionnaire de la réserve naturelle, sont venus, ce jour-là, contrôler le parc d'Olivier Laban avec une forte mobilisation de moyens : des agents du service des cultures marines et des plongeurs.
La raison ? Olivier Laban a immergé dans ses parcs du Banc d'Arguin des casiers remplies de bouteilles de vin mais il n'en avait pas l'autorisation expresse.
Un "excès de zèle d'un chef de service"
Il nous a expliqué qu'il l'a fait pour "rendre service" au viticulteur bordelais qui, lui, avait obtenu des services de l'Etat de mener cette expérience de vieillissement en mer mais... du côté de l'île aux Oiseaux. Il aurait rendu service parce que le viticulteur et l'ostréiculteur (près de l'île) auraient mis fin à leur collaboration. Olivier Laban dit l'avoir, à l'époque, signalé à la DDTM...Je crois que c'est un chef de service qui a voulu faire du zèle car dès jeudi j'avais indiqué que c'était moi qui avait immergé ces bouteilles. Je l'avais dit avant ce déploiement de force le vendredi
Après 15 ans au service de la profession, Olivier Laban est aussi déçu par "cette administration "qui n'a jamais de moyens" et qui là en trouve... et "me fait escorter, devant tout le monde jusqu'au port d'Arcachon, devant même des collègues et en cette période de vols d'huîtres..." "J'ai beaucoup collaboré avec les services de l'Etat, mais là, je crois qu'on n'est pas dans le même monde". Et de préciser :"je me suis toujours engagé professionnellement sans dette fiscale ou sociale"
Pourtant, je pense avoir été un vrai partenaire qui a de la crédibilité auprès des professionnels de la mer..
Les vice-présidents solidaires
Les quatre vice-présidents du comité régional conchylicole, Benoît Bidondo, Christophe Lafond, Thierry Lafon, Laurent Bidart, ont eux-aussi adressé leurs démissions en expliquant, aussi, à leurs collègues que le contexte difficile (risque d'épizootie venue du Portugal, problème de vols d'huîtres avant les fêtes, l'organisation des ventes...) et ce dernier incident avec l'administration les ont mené à cette décision... Ils regrettent l'ampleur qu'a pris cette affaire.Olivier Laban, de son côté, parle "d'usure" et estime avoir "assumé ses responsabilités jusqu'au bout" mais qu'avec cette "erreur d'exploitation" qui lui est reprochée, il ne s'estimait plus légitime pour mener les discussions sur les enjeux à venir dans cette zone.
Rendez-vous avec le préfet
La période des fêtes est difficile mais après sa lettre de démission, le préfet Pierre Dartout a demandé à le rencontrer le 23 décembre prochain.Pour Olivier Laban, aujourd'hui, il n'est pas question de revenir sur sa décision mais il confirme : "aujourd'hui ma préoccupation c'est que le comité régional continue à avancer et à vivre. Et j'aiderai à motiver mes collègues. Je réunirai les 30 ostréiculteurs du comité le 4 janvier".
Et de rappeler qu'il fait lui aussi partie de ces 350 professionnels. "J'ai 48 ans, je suis encore en activité et j'ai besoin d'être dans mon entreprise".
Je ne claque pas la porte au nez de mes collègues.
Et sur une note poétique, il évoque son parcours de 15 ans "j'ai toujours pris des engagements... je pense ne pas trop m'être trompé" et le contexte difficile mais intéressant de la conchyliculture, des enjeux régionaux : "C'est comme l'histoire du colibri qui tente d'éteindre le feu de forêt à qui l'ont dit ça ne sert à rien... J'aurais au moins fait ma part..."