En Haute-Vienne, depuis plusieurs semaines, le lavage de voiture est limité pour les particuliers à cause de la sécheresse. Mais l'arrêté préfectoral a du mal à être respecté.
Dans l’une des stations de lavage automobile de Limoges, un petit panneau soigneusement encadré, mais pas forcément très visible : « Fermeture temporaire. En raison de l’arrêté préfectoral relatif aux restrictions d’usage de l’eau et à la sécheresse ici en vigueur, le lavage des véhicules est interdit (…) »
Depuis le 12 juillet 2022, en effet, un arrêté préfectoral interdit le lavage de véhicules particuliers dans les stations qui ne sont pas équipées de système de recyclage de l’eau.
Une interdiction pas assez visible
Problème, le message n’est visiblement pas passé partout. Ce samedi 6 août 2022, alors que le thermomètre affiche encore presque 30°C et qu’il n’est pas tombé une goutte de pluie depuis plusieurs jours, certains (ou plutôt certaines) lavent tranquillement leur voiture : « Je me doutais que c’était interdit, mais je dois aller à un mariage », se justifie une utilisatrice. Dans une autre station où un balisage interdit l’usage des boxes de lavage, un particulier de retour de l’île d’Oléron explique qu’il s’est permis « juste de faire un petit rinçage pour éviter que le sable raye la peinture ».
Ces attitudes peu compréhensibles ne sont, fort heureusement, pas la norme pour tous les conducteurs. Pour la plupart, le lavage de la voiture dans cette période de sécheresse n’est pas une priorité et l’arrêté d’interdiction apparaît plutôt normal : "On ne peut pas crier au dérèglement climatique, aux problèmes d’eau, à l’augmentation de prix et ne pas agir aussi soi-même", assure Caroline qui arbore presque fièrement une voiture passablement poussiéreuse, faute de lavage récent.
C’est normal en pleine canicule, il faut réserver l’eau pour ceux qui en ont vraiment besoin comme les agriculteurs ou tous ceux qui cultivent leur terre.
Jawad, automobiliste
Ce que dit l’arrêté préfectoral
Avec l’avancée de l’été et la sécheresse qui s’installe durablement, la préfecture de la Haute-Vienne a restreint progressivement les usages de l’eau dans le département. Ceci « pour garder comme priorité la garantie de l’accès à l’eau potable pour tous », explique Jean-Philippe Aurignac, secrétaire général de la Préfecture de la Haute-Vienne
En vigilance depuis le mois de mai, le département a été placé en crise le 12 juillet 2022, et les mesures de restriction d’usage de l’eau ont été durcies : l’arrosage des espaces verts, les piscines, etc sont désormais limités.
En ce qui concerne le lavage de véhicules, il est désormais interdit :
Le lavage des véhicules publics ou privés, hors stations de lavage spécialisées avec circuit de recyclage, sauf pour les véhicules ayant une obligation réglementaire (véhicules sanitaires, alimentaires ou transport de bétail) ou technique (bétonnière…)
Extrait arrêté préfecture de la Haute-Vienne
Le recyclage de l'eau
Seul recours pour les particuliers donc, les stations équipées d’un système de recyclage de l’eau. Ce système permet à l’eau utilisée pour laver le véhicule de repartir dans un circuit où elle est filtrée, puis réinjectée pour le lavage du véhicule suivant.
Une station qui est équipée de recyclage consomme 50 litres pour un lavage de véhicule quand une station non équipée consomme 200 litres.
Jean-Philippe Aurignac, secrétaire général de la Préfecture de la Haute-Vienne
L’intérêt écologique et économique est donc important. Pour ce propriétaire indépendant qui possède plusieurs stations de lavage automobile à Limoges et dans l’agglomération, ce dispositif « c’est la base du bon sens, je déteste le gaspillage. Comme je fais beaucoup de choses par moi-même, j’ai réussi à mettre en place des systèmes d’assemblage qui recyclent l’eau dans toutes mes stations, au fur et à mesure que je les reprenais ».
Des aides préfectorales
Où cela se complique, c’est que toutes les stations de lavage automobile sont loin d’être aussi vertueuses et les grosses enseignes ne sont pas forcément les mieux équipées. Pour les inciter à installer ces systèmes de recyclage d'eau, la préfecture a mis en place des dispositions spécifiques : « Nous développons un message auprès des professionnels afin que ceux-ci équipent dans les prochains mois et assez rapidement leurs stations de lavage de dispositif de recyclage. », poursuit Jean-Philippe Aurignac. Concrètement, les stations de lavage qui n’ont pas le dispositif de recyclage peuvent bénéficier de l’activité partielle dès lors qu’elles ont des salariés, afin d'éviter qu’elles aient un préjudice financier trop important. En parallèle, la préfecture travaille également avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Haute-Vienne pour voir de quelle manière accompagner les propriétaires de ces stations.
Pas d'affichage clair
Reste qu’aujourd’hui, il est impossible de distinguer clairement les stations qui recyclent l'eau et celles qui ne le font pas. « C’est vrai, poursuit le laveur indépendant. On réfléchit à mettre en place quelque chose qui explique qu’on recycle l’eau et qu’on éteint les lumières la nuit».
En attendant, des contrôles notamment de l’Office français de la biodiversité sont effectués auprès des particuliers, des collectivités et des entreprises. Pour l’heure, la préfecture compte surtout sur la pédagogie et le sens civique (ou le bon sens, tout court) pour éviter de laver sa voiture en ce moment. Mais si les ressources en eau s’amenuisent encore, elle pourrait durcir le ton. En cas d’infraction, les contrevenants s’exposent à une amende de 1500 euros.