L’association Houmbaba a étudié le loup entre 2019 et 2020 en Haute-Vienne et dans le PNR Millevaches. La présence permanente de 2 couples ou de 2 meutes était alors possible.
Ces dernières semaines, plusieurs attaques de loups ont eu lieu en Creuse et Corrèze.
L’hypothèse de loups solitaires de passage a jusqu’ici été avancée. Mais la question de la présence permanente du grand prédateur dans notre région se pose de plus en plus.
France 3 Limousin a pu se procurer le rapport de l’association Houmbaba. Son objectif est de « promouvoir concrètement le sauvage dans la lutte contre le réchauffement climatique et dans le paysage social des hommes ».
Financé par la région Nouvelle Aquitaine entre 2019 et 2020, ce groupe de scientifiques a étudié le loup en Limousin. Et c’est un zootechnicien de renommée mondiale qui s’est rendu dans notre région. Antoine Nochy était un spécialiste de la cohabitation avec les animaux sauvages. Il a été formé à l’étude et à la gestion du loup par les scientifiques du parc national de Yellowstone aux Etats Unis. Il est malheureusement décédé en janvier 2021.
Mais son rapport intermédiaire existe. Il a été communiqué à la région Nouvelle-Aquitaine ainsi qu’à l’université de Neuchâtel en Suisse, sans jamais être rendu public.
Révélations
Ce rapport de primo détection démontre de très nombreux cas de prédations extrêmement bien documentés par Houmbaba sur les secteurs Saint-Bonnet-Briance/Glanges/Saint-Médart ; Châteauneuf-La-Forêt/Saint-Anne/Saint-Priest/Eymouthiers et Sussac/Domps.
Sur chacun des trois secteurs, au moins deux individus ont été détectés simultanément.
Pour arriver à démontrer une présence permanente, il faut effectuer un suivi complet en hiver et en été, ce qui a été le cas en 2019.
Un faisceau d’indices concordants permet d’avancer la présence d’individus sédentarisés. Dans son rapport, Antoine Nochy évoque deux couples marquants, ou deux meutes probables.
Le territoire d’un loup peut aller jusqu’à 200 km². Ce qui pourrait expliquer les attaques récurrentes vécues par les éleveurs ces dernières semaines en Creuse et Corrèze.
Le rapport nous donne aussi une information des plus étonnantes : celle de la présence du lynx en Limousin.
Etude interrompue
La région Nouvelle-Aquitaine a cessé de financer l’association Houmbaba à partir de 2020.
Les scientifiques n’ont donc pas pu continuer à travailler.
Pour Hadrien Ragenbass, actuel président de Houmbaba, « il est scientifiquement impossible à l’heure actuelle dire si des meutes sont présentes ou non en Limousin». L'animal est en effet très élusif.
2 ans après son départ de la région, Houmbaba indique qu’un suivi actif, tel que pratiqué par le Yellowstone Wolf Project ou bien par le KORA en Suisse, serait nécessaire pour s’en assurer.