Ce samedi 24 février, Emmanuel Macron s'est entretenu avec de nombreux agriculteurs, lors de l'inauguration du 60ᵉ Salon de l'Agriculture. Parmi les mesures annoncées, celle des "prix planchers", mais certains agriculteurs en Limousin parlent de "mesure irréalisable". Explications.

Lors de son inauguration mouvementée du salon international de l'agriculture, ce samedi 24 février 2024, Emmanuel Macron a longuement échangé avec les agriculteurs. Lors de ces débats houleux, le Président de la République a notamment précisé que l'objectif fixé par le gouvernement est "qu'on puisse déboucher" sur "des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole". Un principe soutenu par la Confédération paysanne et certains partis de gauche, mais qui ne fait toutefois pas l'unanimité au sein de la profession.

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Des prix planchers, une solution efficace pour protéger le revenu agricole ?

Stéphane Malivert a été producteur laitier pendant 17 ans. Aujourd'hui spécialisé dans le bovin à Saint-Bazile (Haute-Vienne), il se dit sceptique : "Ce n'est qu'un effet d'annonce, car ce n'est pas eurocompatible. Je ne vois pas bien comment on peut mettre en place des prix planchers si on laisse les frontières ouvertes".

Ça semble être une bonne solution à première réflexion, mais en réalité, c'est irréalisable, sauf si la France était déconnectée du reste du monde.

Tony Cornelissen

Membre et ex-président de la chambre d'agriculture de la Corrèze

Un point de vue partagé par Tony Cornelissen, membre et ex-président de la chambre d'agriculture de la Corrèze : "Ça semble être une bonne solution à première réflexion, mais en réalité, c'est irréalisable, sauf si la France était déconnectée du reste du monde. On est concurrencé par des produits importés aux normes différentes", explique-t-il. "Le prix plancher de la viande serait fixé en fonction de sa catégorie, pareil pour les fruits et légumes. C'est faire diversion sur la loi Egalim, plus intéressante pour les agriculteurs", regrette le producteur de lait corrézien, membre de la FDSEA.

En clair, plus il y a de normes à respecter, plus le coût de production est élevé et moins importante est la marge pour l'agriculteur. Ce prix plancher ne prendrait donc pas suffisamment en compte le coût de production et la spécificité de chaque exploitation. Il pourrait permettre un profit pour certains et une perte pour d'autres, selon le barème fixé. 

D'autres réactions dans ce reportage : 

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Une des mesures évoquées par Emmanuel Macron lors de son inauguration du Salon de l'agriculture 2024 : la mise en place d'un "prix plancher". Qu'est-ce que c'est ? Et pourquoi certains agriculteurs n'y croient pas ? Réactions en Limousin ©Justine Salles - Mathilde Leconte - France Télévisions

"La seule profession qui n'a pas le droit d'imposer son prix de vente, fixé au bon vouloir de celui qui achète"

Pour ce dernier, La loi Egalim prévoit en effet déjà la répercussion du coût d'un produit en fonction de son coût de production, fluctuant - par exemple - du fait de lois environnementales désormais plus sévères.

Pour le prix plancher, la logique serait différente, et défavorable pour les agriculteurs, selon ces derniers : "Les distributeurs et les centrales d'achat nous disent que pour acheter nos produits français, il faut qu'ils soient au même prix que ceux importés. Nous sommes la seule profession qui n'a pas le droit d'imposer son prix de vente, fixé au bon vouloir de celui qui achète. C'est injuste. C'est de l'esclavage déguisé", s'indigne Tony Cornelissen. "Par exemple, on nous paie le lait un prix fixe, mais le coût de production diffère d'un producteur à un autre selon son taux de matières grasses, protéique, de sa qualité bactériologique..."

Une logique défavorable qui permettrait toutefois de limiter la casse en cas d'effondrement des prix, selon certaines spécialistes.

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Le président de la République a promis ce samedi 24 février de réunir à l'Elysée "l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble des filières agricoles" dans trois semaines. "Il joue la montre", est persuadé Stéphane Malivert, membre de la coordination rurale de la Haute-Vienne. "Ce sera le printemps, il faudra être dans les champs et on ne pourra peut-être pas se mobiliser comme ça a été le cas jusqu'à présent."

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