S’adapter au réchauffement climatique, c'est une nécessité pour les entreprises. Rencontre avec un pisciculteur engagé installé en bordure de la rivière la Couze. Choix du site, de l'aliment des poissons, nouvelles techniques, tout est fait pour aller vers un élevage vertueux.
Dans le Haut Limousin, la Couze, affluent de la Gartempe, connaît un fort débit, et c’est pour cette raison que Jonathan Lebrun a choisi de reprendre une pisciculture, créée dans les années soixante. Un choix judicieux, face au réchauffement climatique.
Une eau garantie à 14° toute l'année
"Ce moulin, en aval du lac de Saint-Pardoux, me procure un débit suffisant même l'été et surtout une bonne température d'eau, car l'été le lac se vide par le fond et m'apporte une eau à 14°. Quand on voit qu'il y a deux ans, les rivières et les étangs sont montés à plus de 26°, la seule solution, c'est de trouver des alternatives comme ici pour pouvoir produire".
Ce saint-juniaud, formé en production aquacole en Creuse, veille sur un cheptel de 10 000 truites, qui nagent à contre-courant dans ces bassins en cascade.
"Je pourrais produire jusqu'à 100 tonnes de truites à l'année. Là, j'en produis 10 parce que j'ai à cœur de garder une dimension humaine. J'ai zéro traitement puisque je ne vois pas l'intérêt de traiter. Si on met les bonnes quantités de poisson, ils vont rester plutôt sains et en bonne santé".
Élevage de vers de farine
À 37 ans, ce pisciculteur essaie de limiter l’impact de son activité sur l’environnement, une réflexion qu’il mène depuis son installation. En matière d’alimentation, il a opté pour un aliment biologique, composé de farines et d’huiles de poisson, mais il aimerait aller plus loin, il expérimente, à petite échelle pour l’instant, l’élevage de vers de farine. À base d'un sous-produit, le son de blé, il crée de la protéine et du poisson.
Ces arguments en faveur d’un modèle raisonné trouvent un certain écho, la production, transformée sur place, est commercialisée, essentiellement en vente directe, les clients y sont sensibles.
"On essaie de soutenir les personnes et les professionnels qui font des efforts dans ce sens-là" expliquent deux visiteurs.
Aquaponie
Au Moulin de la Gorce, l’éleveur développe, en parallèle, une culture d’herbes aromatiques, en aquaponie, un système de production durable.
"C'est la symbiose entre un élevage de poissons et une culture maraîchère. On a des poissons, on les nourrit avec du granulé ou des insectes. On filtre ensuite les rejets des poissons qui sont assimilables par les plantes. Elles absorbent tous ces nutriments et on renvoie de l'eau propre au poisson et du coup, on fait un cycle fermé et on a deux productions en une".
Jonathan Lebrun, s’est engagé, dans une démarche de sobriété et de qualité, comme d’autres producteurs locaux, qui défendent une autre façon de produire, ils reflètent le désir de consommer autrement.