"J'étais venu dans un esprit de challenge" : après la liquidation judiciaire, dernier jour amer pour les salariés de cette entreprise spécialisée en implants médicaux

À Limoges, l'entreprise I.Ceram est placée en liquidation judiciaire. Spécialisée dans la fabrication d'implants chirurgicaux en céramique, la société cesse son activité ce vendredi 6 décembre. Vingt-deux salariés perdent leur emploi.

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C'est la fin d'un feuilleton qui n'aura duré que trop longtemps pour les salariés. Spécialisée dans la fabrication de prothèses et implants chirurgicaux, la société I.Ceram a fermé ses portes ce vendredi 6 décembre.

En redressement depuis le mois d'avril 2024, elle a été placée en liquidation judiciaire, cette semaine, par le tribunal de commerce de Limoges.

J'étais venu à I.Ceram dans un esprit de challenge, en me disant que c'était quelque chose de nouveau, que j'allais apprendre.

Benjamin

L'un des vingt-deux salariés qui vont perdre leur emploi

"J'étais venu à I.Ceram dans un esprit de challenge, en me disant que c'était quelque chose de nouveau, que j'allais apprendre", regrette Benjamin, l'un des vingt-deux salariés qui vont perdre leur emploi. "Quand je vois tout ce qui a été réalisé, j'ai moi-même conçu des implants sur mesure sur des patients avec leur scanner, c'est quelque chose que je ne pourrai jamais refaire après", poursuit-il, amer.

Dans l'atelier, l'atmosphère est pesante. Les machines sont à l'arrêt. En ces dernières heures, certains employés sont encore présents et ont du mal à quitter les lieux. "Disons que c'est un soulagement avant tout, soupire Christopher. Là, c'était difficile depuis plusieurs mois. Donc, je vais passer à autre chose."

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À Limoges, l'entreprise I.Ceram est placée en liquidation judiciaire. Spécialisée dans la fabrication d'implants chirurgicaux en céramique, la société cesse son activité ce vendredi 6 décembre. Vingt-deux salariés perdent leur emploi. ©Jean-Martial Jonquard, Nassuf Djailani

L'entreprise avait perdu 400 000 euros de chiffre d'affaires en 2023. Elle avait accumulé 700 000 euros de dette et devait également rembourser un autre million d'euros de prêt garanti par l'État (PGE). Créée en 2005, elle avait pourtant développé une technologie de pointe en créant des implants médicaux en céramique, intégrant directement des antibiotiques. En 2015, elle avait même été à l'origine d'une première mondiale, avec l'implantation d’un sternum en céramique au CHU de Limoges. Cette opération inédite avait alors marqué un tournant dans la chirurgie des infections et métastases osseuses, la céramique poreuse constituant une technologie totalement biocompatible.

Une réglementation trop stricte ?

Le P.-D. G. André Kérisit impute ce gâchis à une réglementation qu'il juge trop stricte. "Pour vendre des produits sur des marchés français, il faut passer par des organismes notifiés par l'Union européenne, expliquait-il au printemps dernier. Sauf qu'en France, il n'y en a qu'un. À côté de nous, les Allemands en ont dix et les Italiens encore plus." Selon lui, les normes imposées se révèlent difficilement conciliables avec l'activité d'I.Ceram : "Il faut vendre vite, faire des auditions, etc."

L'autre point noir résiderait dans le marché de niche que représentent les projets de recherche dans le médical. "De manière générale, les projets de recherche scientifique ne sont pas nombreux. Alors les investisseurs prêts à mettre de l'argent dans le médical se font rares. Encore plus dans mon cas, où la médiastinite postopératoire liée au sternum reste quand même une maladie rare." 

Quand une entreprise est placée en liquidation judiciaire, ses biens doivent être vendus pour permettre le paiement des différents créanciers. Avec un patrimoine matériel s'élevant à six millions d'euros, I.Ceram risque d'attiser les convoitises de tous horizons. Le PDG., lui, espère que la société reprendra son activité grâce à de nouveaux investisseurs. Avec lui ou sans lui.

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