C'est un champignon aux multiples vertus : antioxydant, vitaminé, avec un gout incomparable : le shiitaké s'invite de plus en plus dans nos assiettes. Cette espèce venue d'Asie est cultivée depuis peu de temps en Limousin, dans les monts d'Ambazac, une passionnée de champignons en a fait son nouveau métier.
Dans les monts d'Ambazac, au royaume du cèpe, un petit champignon asiatique entend bien prendre sa place... Depuis trois ans, Corinne Grelaud cultive le shiitaké (prononcer "chitaké"), dans une ancienne ferme reconvertie en champignonnière. Il y a peu de temps, Corinne était encore à bord de son taxi, pour sillonner les routes de la Haute-Vienne, elle transportait surtout des malades lors de leurs rendez-vous médicaux.
Virage après la crise covid
Mais en 2020, une idée a fini par faire son chemin : elle s'est lancée dans la culture des champignons : pleurotes et shiitakés. Une passion pour les champignons qu'elle a depuis l'enfance, quand elle se promenait dans les forêts des monts d'Ambazac avec ses grands-parents.
En 2020, j'étais arrivée à un âge charnière de ma vie, j'ai eu envie de lancer ma propre activité et de vivre de ma passion pour les champignons.
Corinne GrelaudCultivatrice de champignons shiitaké en Haute-Vienne
Corinne a dû se former à cette culture un peu particulière. Pendant un mois, elle a suivi une formation dans le Jura pour acquérir les bases de la myciculture. C'est une culture à pratiquer sous protection, les spores du champignon sont volatiles et peuvent créer des dommages sur l'appareil respiratoire. Corinne doit enfiler un masque et une tenue de protection efficaces afin de ne pas mettre en danger sa santé.
Une production exotique, mais 100% locale
Elle a choisi d'installer son activité près d'Ambazac, dans le hameau de Gaudeix, son domicile. Sa grange reconvertie en cave offre des conditions optimales pour le développement du mycélium. Une température quasi constante et un degré d'humidité de plus de 90%. "La température idéale est de seize degrés, en un mois, je peux récolter jusqu'à deux cents kilos de shiitaké !"
Dans sa grange, une centaine de blocs de culture sont disposés ! Sur les étagères. Ce sont des substrats de paille et de sciure de bois, sur lesquels viennent pousser les fameux champignons. La cave est bien ventilée, une chambre froide et un séchoir viennent compléter son installation. La culture du shiitaké demande peu d'espace et surtout, elle n'est pas soumise à la météo.
Ses champignons frais ou séchés, Corinne les vend sur les marchés ou dans les épiceries fines, et auprès des restaurateurs. Le prix : environ quinze euros le kilo de champignons frais.
La jeune cultivatrice a été épaulée, au démarrage de son activité, par un restaurateur d'Ambazac. Joseph Travia, chef cuisinier, a intégré le shiitaké à sa carte, une saveur originale, qu'il fait découvrir à ses clients.
Ce shiitaké est local et bio, c'est un produit qui a une saveur particulière : le goût umami, le célèbre cinquième goût asiatique !
Joseph TraviaChef cuisinier à Ambazac
Le fameux goût umami !
C’est la cinquième saveur, après le salé, le sucré, l'acide et l'amer. Une saveur venue tout droit du Japon, qui sublime les petits plats. Le chef l'a mis à sa carte depuis l'installation de Corinne Grelaud à quelques kilomètres de son restaurant. La mycicultrice vend aussi sa production jusqu'à Paris et sur les bonnes tables de la Haute-Vienne, repérée par les cuisiniers du réseau des Toques blanches du Limousin.
Au-delà de son atout gustatif, le shiitaké a aussi de nombreux bienfaits : il régule le taux de cholestérol et favorise la réponse immunitaire, les chinois l'appellent : l'élixir de longue vie.