Le succès de la brasserie Plormel est celui de sa bière phare, la Barbotine. Artisanale, biologique, multi-médaillée et brassée en plusieurs gammes au coeur de Limoges, on la retrouve de la Haute-Vienne à la côte bretonne en passant par la région nantaise.
La brasserie Plormel, malgré sa consonance bretonne, est une histoire 100% limousine. Son histoire est celle de sa bière emblématique, la Barbotine, brassée depuis 10 ans mais reprise, en 2017, par Mathieu et Sabrina Plormel. En 2018, le couple quitte les locaux de Nieul pour s'agrandir et venir brasser au coeur de Limoges, juste derrière la gare. Mais la Barbotine garde son identité d'une bière artisanale, issue de l'agriculture biologique.
Une entreprise familiale
Ancien gestionnaire immobilier en Charente-Maritime, Mathieu Plormel a décidé il y a trois ans de tout quitter pour devenir brasseur. Un métier qu'il avait déjà abordé dans sa jeunesse, et qui est devenu une passion. "J'avais des membres de ma famille qui étaient brasseurs, donc quand j'étais étudiant j'allais faire mes armes l'été sur leur brasserie. Pendant 20 ans j'ai exercé un métier totalement différent, mais je crois comme beaucoup qu'on a plusieurs vies dans une vie professionnelle."Tout en produisant 26.000 litres de bière par mois, la brasserie Plormel a fait de la fermentation longue, gage d'une bière de qualité, l'ADN de son entreprise familiale.
Sur cette cuve, ça fait une semaine qu’on a ensemencé les levures, elles ont consommé le plus gros des sucres, donc désormais on peut parler de bière. On est passé du moût à une boisson alcoolisée. On pourrait optimiser et produire plus, mais on veut garder des temps long, un temps de travail à même de produire des bières de qualité. On ne cherche pas à tout prix à produire pour produire.
Plusieurs gammes de Barbotine, blonde, blanche, ambrée, mais aussi florale et IPA, ont été développées au fil du temps. Mais elles restent non filtrées, non pasteurisées, et gazéifiées naturellement par une refermentation en bouteille. L'entreprise a multiplié par douze sa capacité de production en arrivant à Limoges, et emploie désormais six salariés, dont deux brasseurs. Beaucoup de jeunes, y compris des apprentis.
On investit sur les jeunes. Notre deuxième brasseur a fait ses armes au lycée agricole des Vaseix, au travers d’un BTS. Mais on a aussi pas mal de contrats d’apprentissage, qui sont aidés par l’Etat en ce moment, afin de favoriser ce type de formation. C’est la relève et ça permet de se servir de nouveaux talents, de voir si des affinités se créent au fur et à mesure entre le produit et les jeunes. On est une entreprise en pleine croissance, donc c'est intéressant.
Se démarquer au dans un secteur en pleine expansion
La France se situe encore tout en bas de l'échelle des plus grands consommateurs de bière, très loin derrière la République Tchèque ou nos voisins allemands. Mais la tendance est en train de s’inverser. "Il y a un engouement qu’on sent tous autour de la bière, c’est une boisson qui est ludique, qui a retrouvé ses lettres de noblesses il y a une dizaine d’années", s'enthousiasme Mathieu Plormel. Les brasseries artisanales essaiment partout en France, et la concurrence est rude."Quand on regarde l’annuaire professionnel qui regroupe les brasseries en France, celui de 2020 est trois fois plus épais que celui de 2014. On voit qu’il y a un essor", constate Sabrina Plormel. En France, elles sont environ 2.000, et 60% d'entre-elles ont moins de trois ans. Mais la Barbotine arrive malgré tout à frayer son chemin à travers la concurrence, et a déjà conquis la Haute-Vienne, la région nantaise et bretonne, et prend la direction de toute la côte atlantique.
Face à la crise sanitaire et à la fermeture des bars restaurants, de nombreux brasseurs se retrouvent en grande difficulté. Heureusement pour les Plormel, 90% de leurs bières sont vendues en grande distribution ou dans les magasins bio. Le succès de la Barbotine tient aussi dans ses quelques médailles, dont l'une gagnée au concours général agricole du salon de l'agriculture.Sur le limousin, on a l’avantage d’être local. C’est dans notre ADN de continuer de produire bio et avec des ingrédients de qualité, puisque la bière c’est avant tout une recette. C’est comme le boeuf bourguignon de mamie : si on a une bonne viande, on aura un bon bourguignon, et la bière c’est un peu la même chose.