Depuis quelques jours, c'est la panique générale : les punaises de lit auraient envahi les transports en commun, les cinémas, les hôpitaux et même les universités. La petite bête prolifère-t-elle vraiment en cette rentrée et si oui, le réchauffement climatique est-il en cause ? Nous avons interrogé Régine Elliott, directrice de la Cité des insectes à Nedde.
Face à la recrudescence de signalements de punaises de lit dans les métros, les trains, les cinémas parisiens, mais également au CHU de Toulouse ou à la faculté de droit d'Aix-en-Provence, la psychose règne depuis plusieurs jours. Au point que le ministre Clément Beaune, ce mercredi 4 octobre, a communiqué pour signaler qu'aucun cas n'était avéré dans les transports. Dans le même temps, les principaux opérateurs et associations d'usagers ont été convoqués pour renforcer les contrôles.
Ces petites bêtes ont-elles envahi notre quotidien ? Leur prolifération est-elle réelle et faut-il y voir une nouvelle conséquence du réchauffement climatique ? Nous avons posé nos questions à Régine Elliott, directrice de la Cité des insectes à Nedde, près d'Eymoutiers.
La prolifération est-elle possible ? oui !
« En réalité, la femelle ne pond que très peu d'œufs pour un insecte : entre deux à cinq par jour. Cependant, ils éclosent très rapidement : entre dix à quatorze jours », précise Mme Elliott. Mais tout dépend de la température : plus il fait chaud et plus l'œuf pourra éclore rapidement. Les grosses chaleurs estivales favorisent donc sa prolifération.
Surtout, elles ont développé une résistance spectaculaire : elles peuvent survivre sans manger, si elles se trouvent dans des conditions optimales, par exemple abritées dans une maison, pendant un an et demi, voire deux ans, comme l'indique ce rapport sur les punaises de lit, rédigé par le Centre national d'expertise sur les vecteurs et le risque vectoriel.
Cerise sur le gâteau : elles ont développé une résistance aux produits chimiques censés les éradiquer.
Réchauffement climatique : tous les insectes sont concernés
« C'est évident. Nous avons des étés de plus en plus chauds et longs donc cela contribue à favoriser leur reproduction. Il y a ainsi davantage de punaises de lit, sur une période plus longue. Auparavant, en Haute-Corrèze, là où j'habite, elles mourraient avec les premières gelées dès la fin août. À cette période de l'année, normalement, les insectes qui hibernent devraient être en train d'hiberner et ceux qui doivent mourir devraient déjà être morts. On voit bien que ce n'est absolument pas le cas avec toutes ces punaises de lit, explique la directrice de la Cité des insectes.
"Mais cela concerne également les guêpes et les frelons. L'année dernière, on a observé une reine frelon en activité jusqu'à fin novembre, alors qu'elle aurait dû être en hibernation depuis un moment", ajoute-t-elle.
Outre les conséquences du réchauffement climatique, le deuxième facteur à prendre en compte est celui du tourisme et des échanges internationaux. « On voyage beaucoup, donc c'est clair qu'on peut en rapporter chez soi. Il vaut mieux inspecter ses valises à son retour », conseille-t-elle.
L'entomologiste Léna Polin explique sur Instagram que les punaises de lit avaient quasiment disparu en France après la Seconde guerre mondiale, avant de réapparaître dans les années 1960, notamment à cause du tourisme.
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Que conseillez-vous pour éviter d'héberger des punaises de lit ?
Même si les punaises de lit ne sont pas synonymes de saleté, la directrice de la Cité des insectes recommande fortement de respecter des règles d'hygiène de base, comme changer ses draps et passer l'aspirateur régulièrement. « L'entretien de nos maisons est extrêmement important, car on peut créer des milieux favorables à leur développement. Il faut surtout faire attention à la literie et tout ce qui est en tissu, comme le canapé, mais aussi au parquet, où elles aiment bien se faufiler », explique-t-elle.
L'entomologiste Léna Polin conseille également d'utiliser un nettoyeur vapeur pour s'en débarrasser, de laver ses draps à 60°C et de les repasser pour être sûr d'éliminer toute larve possible. D'autres recommandations sont disponibles sur le site du ministère de la Transition écologique.
Face à la panique générale, avec plus d'un million de sites infestés en 2022, selon la députée insoumise Mathilde Panot, une réunion interministérielle sur les punaises de lit est prévue ce vendredi 6 octobre.