Santé : l'épidémie de bronchiolite sévit en Limousin

En Limousin, comme presque partout sur le territoire français, l'épidémie de bronchiolite connaît un démarrage fort et rapide. Il est encore trop tôt pour savoir si le nouveau traitement préventif proposé aux enfants de moins d'un an aura une incidence sur l'épidémie cette année.

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Avec la baisse des températures, on entre sans surprise dans la phase des épidémies hivernales.
Certes, le Covid-19 est toujours présent, et les premiers cas de grippe apparaissent. Mais ce qui mobilise les professionnels de santé depuis quelques semaines, ce sont les infections respiratoires aigües, et plus particulièrement la bronchiolite, qui touche principalement les enfants de moins de deux ans.

Selon le dernier point épidémiologique hebdomadaire de Santé Publique France, sur les 13 régions de l'hexagone, 12 sont en épidémie de bronchiolite et la Corse en pré-épidémie.

En Nouvelle-Aquitaine, l'épidémie entre dans sa quatrième semaine.
"En une semaine, on a connu une augmentation brutale de la circulation du VRS, le virus de la bronchiolite, avec une forte croissance de l'activité, à la fois aux urgences et chez SOS Médecins. L'épidémie arrive un peu plus tardivement que l'année dernière, mais en 2022 elle était très précoce et très virulente", détaille Laurent Filleul, épidémiologiste à Santé Publique France Nouvelle-Aquitaine.

Chez SOS Médecins, à Limoges, on dresse le même constat : "Jusqu'ici, on avait des syndrômes viraux classiques, beaucoup de rhinopharyngites. Là, c'est le défilé des bébés qui toussent. Mais ce ne sont pas des cas graves, qui nécessitent une hospitalisation", précise Fabrice Massoulard, le président de SOS Médecins à Limoges.

Des hospitalisations en hausse

Et pourtant, les cas plus sérieux, eux-aussi, sont en augmentation.

La semaine dernière en Nouvelle-Aquitaine, 26% des passages aux urgences d'enfants de moins de 2 ans étaient liés à des bronchiolites (contre 19% la semaine précédente), près de 40% nécessitant une hospitalisation.
Plus d'un tiers des hospitalisations concerne des nourrissons de moins de trois mois.

A l'Hôpital Mère Enfant de Limoges, l'unité de 10 lits de saisonnalité liée aux épidémies hivernales a été ouverte le 20 novembre. A ce jour, une vingtaine d'enfants sont hospitalisés pour bronchiolite, répartis dans les différents services. Cela correspond à une activité habituelle pour la période.

Quelle efficacité du traitement préventif ?

Depuis le 15 septembre, un nouveau traitement préventif, le Beyfortus, peut être proposé aux enfants de moins de un an (nés après le 6 février 2023). Il est administré par injection d'une seule dose. Ce traitement permet d'éviter les formes graves de bronchiolite. Victime de son succès, il a fait l'objet d'une pénurie en pharmacie ces dernières semaines.

Alors, ce nouveau traitement va-t-il avoir un impact sur l'épidémie cette année ? "Il est trop tôt pour mesurer son efficacité. Y aura-t-il moins de cas graves ? La période épidémique sera-t-elle plus courte ? On ne le saura qu'à la fin. L'épidémie de bronchiolite peut s'étendre sur une quinzaine de semaines, on n'en est qu'au début, et impossible de savoir quand interviendra le pic", affirme l'épidémiologiste Laurent Filleul.

Des cas de brionchiolite chez l'adulte...

 Si l'épidémie pourrait reculer chez les enfants, on constate un nouveau phénomène depuis l'an dernier : des cas de bronchiolite chez les adultes. "L'année dernière, j'ai eu une quinzaine de cas en trois mois, alors que jusqu'ici j'avais dû en voir deux en dix ans", s'étonne le Pr François Vincent, pneumologue au CHU de Limoges, "Le VRS touche de manière inattendue des adultes atteints de fragilités, âgés ou immunodéprimés. Depuis début novembre, deux personnes sont hospitalisées dans le service, elles ont plus de 65 ans et sont diabétiques. On doit les mettre sous une dizaine de litres d'oxygène, c'est sérieux. L'écosystème est en train de changer au niveau de l'infectiologie".

Fin septembre, le professeur de pneumologie a signé avec plusieurs dizaines de médecins une tribune dans Le Parisien appelant à vacciner les personnes âgées contre le VRS.

... et de nouvelles pathologies pulmonaires

Et ce n'est pas tout. le PR François Vincent constate l'arrivée de nouvelles infections pulmonaires : "Depuis septembre, on a des cas d'empyème pleural. Cette infection très particulière touchait jusqu'ici des personnes en situation de précarité, qui attendaient longtemps avant de soigner un problème dentaire ou une bronchite. Là, ça peut concerner toutes les catégories socio-professionnelles. Selon moi, c'est la première traduction d'un manque de soins courants, des difficultés de recours à la médecine".

Dernière singularité : une recrudescence inhabituelle des infections respiratoires liées à la bactérie intracellulaire "mycoplasma pneumoniae". "Depuis début novembre, c'est le 3e cas que nous recevons dans le service. D'habitude, il n'y en a que quelques uns sur toute une saison. C'est une vraie résurgence, que l'on constate partout en France. Et ce sont des pneumopathies sévères la plupart du temps", décrit le Pr François Vincent.

Face aux virus et aux infections, il est utile de rappeler les gestes de prévention : se laver les mains, aérer les pièces et porter un masque lorsqu'il y a du monde ou si vous êtes malade.

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