Témoignages. "J'ai vu des vols passer de 100 à 400 euros" : bloqués à Madère, ces voyageurs de Limoges et La Rochelle racontent la galère

Publié le Écrit par Sarah Boana

De nombreux touristes Français sont toujours bloqués sur l'île portugaise de Madère depuis le samedi 17 août. Alors que certains habitants de la région partagent leur galère sur les réseaux, nous avons pu contacter deux vacanciers de Nouvelle-Aquitaine qui nous racontent leur périple depuis le début des blocages.

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Il n’a fallu de quelques heures pour que les vacances se transforment en cauchemar pour ces vacanciers venus passer du bon temps sur l'île, seul, en famille ou entre amis. En cause, des vents violents qui perturbent le trafic aérien depuis le 17 août. 

"Personne ne savait ce qu'il se passait"

L'un de nos collègues, salarié de France 3 Nouvelle-Aquitaine, fait partie de ses vacanciers bloqués sur l'île. Philippe Ruisseaux a embarqué le 1ᵉʳ août avec sa fille de seize ans, pour deux semaines de vacances. Tout se passait bien jusqu'au 15 août, date de leur retour en France. "Nous devions prendre un vol vers 21 heures et arriver à Bordeaux vers minuit. À l'aéroport, on a attendu. Il y avait du retard et on avait peu d'infos. On a discuté avec d'autres passagers. Personne ne savait ce qu'il se passait. Vers 23 heures, on a su que notre vol était annulé. On a essayé de trouver d'autres vols, mais sans succès. On a su qu'on allait devoir dormir sur place. Dans cette situation, il faut vite rebondir. C'était hors de question de dormir ici avec ma fille, en plus. On devait retourner en ville, et de l'aéroport, il faut compter plus d'une demi-heure en navette", raconte-t-il. 

J'ai parlé à un couple avec un enfant en bas âge. Moi, j'ai eu de la chance parce que ma fille est grande et autonome. Mais, je ne sais pas comment eux et d'autres ont fait.

Philippe Ruisseaux

Vacancier bloqué à Madère

"Les prix sont très vite montés."

C'est le début d'un périple qui va durer six jours. Durant le trajet, jusqu'à Funchal, une ville de l'île, la petite famille recherche des hôtels au prix les plus abordables, mais ils ne sont pas seuls. "Les prix sont très vite montés. Vous imaginez tout à coup des centaines et des centaines de touristes qui affluent dans les hôtels alors que les réservations sont déjà faites depuis des mois ?" réagit-il.

À une heure du matin, il trouve enfin une chambre d'hôtel pour y passer la nuit : "C'était cher, mais on n’avait pas d'autres solutions. C'était inenvisageable de dormir dans la rue avec ma fille. J'ai continué à chercher des vols, mais c'était compliqué. On se voyait déjà bloqués ici pour une quinzaine de jours." 

Après plusieurs jours de recherches, ils finissent enfin par trouver des vols pour revenir en France : 

On les a eus, mais avec des tarifs... J'ai vu des vols passer de 100 euros à 400 euros. Ils en profitent !

Philippe Ruisseaux

Vacancier de Haute-Vienne bloqué à Madère

Bataille administrative 

Le sentiment est toutefois mitigé entre le soulagement de rentrer chez soi et l'appréhension des démarches administratives une fois en France. "Les vacances sont gâchées, on a oublié tout ce qu'il a eu avant, regrette notre collègue. Je m'inquiète. Ça va être de la charge mentale, d'aller batailler pour demander des remboursements, à la base, j'étais en vacances. Ma fille qui avait organisé des choses avec ses amies, ça tombe à l'eau, elle a la rage. On se demande qu'est-ce qu'on fait là ? Je vais revenir encore plus fatigué."

Pour l'heure, le binôme espère pouvoir prendre son vol, ce jeudi 22 août, en soirée en direction de Lisbonne, pour ensuite rejoindre Bordeaux.

Des passagers toujours bloqués à l'aéroport

D'autres vacanciers sont toujours dans l'attente. Beaucoup ont abandonné l'idée de dormir à l'hôtel, par manque de places et aussi en raison des prix. Ils attendent donc toujours dans l'aéroport de Madère. Sur les réseaux sociaux, les postes se multiplient concernant la situation. Les passagers tentent de s'entraider à l'aide de groupe Facebook par exemple, à la recherche de solutions de remboursement et de compensations financières de la part de leurs compagnies respectives.

Selon, Imane El Bouanani, responsable Juridique France de Flightright : " Les incendies et vents violents sont des situations extraordinaires et ne sont pas le fait des compagnies aériennes. Il n’est donc pas possible de demander une compensation. Néanmoins, les passagers ont des droits, comme une nuit d’hébergement, un transport aller-retour de l’hôtel à l’aéroport, des vouchers pour une boisson et une collation et un vol pour arriver à leur destination initiale."

Certains avaient décidé de filmer pour informer le public de la situation à l'aéroport. C'est le cas d'un chef d'entreprise originaire de la Rochelle à travers des publications Facebook postées sur son profil. 

Contacté par téléphone à 17h ce jeudi, Olivier Kerr nous confirme qu'après sept jours d'incertitude, il s'apprête à rejoindre un avion direction Bordeaux. "Un mélange d'excitation, de se dire, on rentre et d'incertitude, est-ce qu'on va décoller… Mais bon l'activité a repris normalement. On a des réponses claires d'Easy Jet qui sont rassurantes et son patron s'engage à prendre en charge les dossiers des gens bloqués. Mais d'autres passagers autour de moi disent qu'ils ne savent s'ils vont être remboursés. Certains ont déjà des refus !"

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Ce jeudi, Olivier Kerr et les passagers qui s'apprêtent à rentrer, enfin, en France. ©Confiée par Olivier Kerr

 

 

Ce dernier nous confirme donc que les matelas ont peu à peu disparu à l'aéroport. 

La situation semble évoluer positivement dans l'aéroport de Madère, selon les passagers qui attendent néanmoins toujours de retourner chez eux. 

Un périple qu'ils ne sont pas près d'oublier. 

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