Témoignage. "Le seul établissement qui m’accueillait avec mes amis, c’était ici et assez tard" : après 27 ans d'activité, ce restaurateur cherche un repreneur

Publié le Écrit par Sarah Boana et Jean-Martial Jonquard

Le site existe depuis presque quatre siècles selon la légende, et il cherche désormais un repreneur. L'actuel gérant du restaurant le Cheval Blanc à Bellac (Haute-Vienne), a décidé de mettre son restaurant en vente.

C’est une page de la vie de Bellac, au nord de la Haute-Vienne, qui s’apprête à se tourner, mais aussi une histoire personnelle. Dominique Lafont, patron du Cheval Blanc, avait repris l'établissement en 1997. "C'est la vie, c'est tout à fait normal", confie-t-il, la voix sereine.

Le gérant aspire à présent à une vie plus tranquille, avec un quotidien plus classique, après avoir consacré vingt-sept ans de sa vie à l'établissement, et à la suite des petits ennuis de santé : "Avoir des week-ends tout bêtement, pouvoir aller au spectacle tout simplement, faire des réveillons comme tout le monde, rêve-t-il. J’ai eu une vie de patachon à une certaine période, ça m’a beaucoup plu. Maintenant avec l’âge et ma petite alerte niveau santé. J'ai eu le temps d’y penser un petit peu."

27 ans de service

Mais abandonner ce lieu qu'il aime tant, avec tous les souvenirs qui s'y rattachent, n'est pas chose facile. Dominique Lafont, a donc l'intention de ne pas abandonner son restaurant et de rester à ses côtés jusqu'à l'arrivée d'un nouveau repreneur : la fermeture est prévue pour octobre et il se laisse l'hiver pour trouver un acquéreur.

Sinon, il rouvrira au printemps d'après. "Ah non, je ne vais pas l’abandonner et fermer définitivement, surtout pas. En plus, ça ferait tache au niveau du carrefour. Déjà, qu’il n’y a plus grand-chose dans notre ville. Si les fenêtres du cheval blanc restent longtemps fermées, ce serait dommage pour notre ville", assure-t-il.

D'autant que le lieu est une ancienne hostellerie. Dans une Histoire de Bellac parue en 1890, l'auteur, un certain abbé Granet affirme qu'il existe depuis au moins 1630. Légende ou réalité ? Difficile à dire. Accolé à la maison natale de Giraudoux, qui l’aurait fréquenté, Le Cheval Blanc a tout d’une institution bellachonne, avec notamment ses toiles d’Aimé Vallat.

Le patron a bien conscience de la valeur de son établissement qui est devenu presque un patrimoine de Bellac. Ainsi, le Cheval Blanc est en vente pour 350 000€, mur et fond compris avec 90% du matériel. "C'est vrai, je suis cher, je tourne en ce moment à 60% des capacités. Si les personnes sont compétentes et professionnelles, elles peuvent très bien vivre dans cet établissement et bien gagner leur vie."

Richard Barde s'occupe des cuisines du Cheval Blanc depuis 2015. Issu d'une famille de restaurateur, il se souviendra toujours du charme du lieu "C’est inexplicable, l’intérieur est ancien, la cuisine était là, bien avant moi, et on sent qu’il y a eu du vécu. C’est une page à tourner, et c’est pour moi, peut-être le moment d’aller poursuivre autre part."

Lieu de passage

Le Cheval Blanc est un devenu un lieu emblématique de Bellac en grande partie grâce à sa localisation au niveau du carrefour de l'Europe. C'est un lieu de passage prisé par de nombreux touristes. "J’ai une clientèle, très cosmopolite, remarque Dominique Lafont. Je peux avoir cinq, six nationalités sur un service." Parmi elles, des Néerlandais, des Australiens et des Néo-Zélandais. "J’ai quelques locaux, heureusement et tant mieux, mais ce n’est pas eux qui me font vivre essentiellement."

Plus jeune, Dominique Lafont a eu comme un coup de foudre pour l'établissement. "Quand je traînais un petit peu trop en soirée, le seul établissement qui m’accueillait avec mes amis, c’était ici et assez tard. Et quand on rentrait dans la salle, il n’y avait aucun Bellachon, il n’y avait que des gens de passage, et je me disais 'C’est incroyable, comment ce mec-là fait pour avoir du monde, ce n'est pas possible'. En plus il n’y avait pas la façade comme maintenant, il n’y avait strictement rien, en plus les repas étaient plus que moyens. Il y a un truc, c'est pour ça que j'ai voulu le reprendre.

Habitués et nouveaux visages

Pour ce service de midi, habitués et nouveaux visages, se sont rejoints au Cheval Blanc. Léo, un touriste étranger, a pris place fidèlement à table : il y mange depuis quinze ans, à chacun de ses passages à Bellac. "C’est un endroit plaisant et l’ambiance est très amicale. Malheureusement, c'est notre dernier jour puisque nous quittons Bellac demain, mais nous reviendrons. Nous avons construit un lien particulier avec ce lieu", confie-t-il.

L'établissement a encore de beaux jours devant lui.

Et une fois qu'il aura vendu, Dominique Lafont a déjà des projets, notamment celui d'organiser des boums dans le Haut-Limousin. 

 

 

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