Publié le Écrit par Margaux Blanloeil

Après avoir passé une partie de son enfance à Limoges, le créateur de mode Jean-Charles de Castelbajac a été choisi pour réaliser des vêtements et des ornements liturgiques à l’occasion de la réouverture de Notre-Dame-de-Paris en décembre 2024.

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Qui aurait cru qu’après avoir foulé la ville des arts du feu enfant, il deviendrait un influenceur majeur du monde de l’art et de la mode ? Qui aurait cru que son parcours le mènerait, à 74 ans, jusqu’à réaliser 2000 pièces qui vêtiront près de 1500 évêques, prêtres et diacres permanents de Notre-Dame de Paris ?

C’est pourtant vrai. Jean-Charles de Castelbajac s’est façonné comme artiste à Limoges, au côté de sa mère en créant la société Ko & Co. Il y a un an, une école a d’ailleurs été baptisée de son nom. "C’est dans cette ville où j’ai construit le début de ma vision, de mon concept et une façon d’électriser l’histoire."

Sélectionné par le diocèse pour œuvrer au réaménagement de la cathédrale, Jean-Charles de Castelbajac a rejoint les artistes et les créateurs de l’Atelier de Notre-Dame. Depuis un an, il travaille à la conception de dalmatiques, d’étoles, de chasubles pour le clergé. Ils seront portés pour toutes les festivités à partir du 8 décembre 2024, date de début des cérémonies de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

 

Notre-Dame rejoint le fil de ma carrière, un peu comme un accomplissement dans mon chemin d’artiste.

Jean-Charles de Castelbajac, artiste

 

La nuit où la vieille Dame de Paris a brulé, il nous confie avoir traversé Paris en priant. Dès le lendemain, il lui dessinait un nouveau toit en vitrail qu’il postait sur Instagram, mais il ne pensait pas qu’il serait choisi pour participer à sa renaissance.

 

2000 pièces pour Notre-Dame, un challenge

Pour ces créations, le styliste a voulu allier simplicité, solennité et modernité. Faire des vêtements liturgiques en harmonie avec l’architecture du Moyen Âge.

Je voulais participer à l’église de demain avec des vêtements qui parlent du futur.

Jean-Charles de Castelbajac, artiste

 

Alors Jean-Charles de Castelbajac utilise les techniques adéquates, modernes, les mêmes que celles du streetwear comme le flocage. Inspiré par la croix d’or de l’artiste Marc Couturier, restée droite dans le chœur de Notre-Dame après le chaos des flammes d'avril 2019, le visionnaire a travaillé autour du rayonnement, de l’écru. Il a aussi fait émerger de nouveau un symbole : le chrisme, le dessinant avec trois couleurs primaires, "un signe de 1700 d’histoire et pourtant si contemporain", dit-il. Enfin, pour souligner les mouvements des célébrants, accompagner leurs gestes ou provoquer des reflets, il a ajouté des ganses de couleurs aux vêtements.   

Comment ramener de l’authenticité dans les images ? Comment faire en sorte qu’elles soient porteuses de sens dans une société noyée sous un flux permanent de vidéos et de photos ? Taraudé par ces questions, Jean-Charles de Castelbajac veut participer à la revalorisation des institutions et recréer des symboles autour de la spiritualité. 

Désormais, c’est au tour des grandes maisons françaises de participer à leurs confections.  

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Un lien profond avec l’église

Catholique, enfant, le célèbre couturier a grandi dans plusieurs pensions. Dans son travail, les liens symboliques avec l’église sont omniprésents. "Mes vêtements sont en forme de croix avec beaucoup de symboles d’ange et j’utilise une gamme de couleur chromatique."

En 1997, pour les Journées mondiales de la Jeunesse, le styliste français avait été chargé du vestiaire liturgique porté par le pape Jean-Paul II, les évêques et les prêtres. "Pour moi, c’est une suite logique lorsque j’ai achevé mon travail pour Jean-Paul II, j’avais le sentiment qu’il fallait que je continue. J’avais fait un rassemblement de plus d’un million de personnes et j’avais envie de faire quelque chose où mon art pouvait rencontrer le plus grand nombre, être un élan d’espoir et d’exemple."

Récemment, il a inauguré, à Saint-Germain-des-Prés, une sculpture d’ange de seize mètres de haut en treillage de bois. Preuve que son ancrage en Limousin reste fort, il a dessiné une colombe pour les commémorations des 80 ans du massacre d’Oradour. Un symbole de paix réalisé par le porcelainier Bernardaud, édité à 80 exemplaires. Les colombes ont été offertes à toutes les personnalités présentes.  

 Aujourd’hui, Jean-Charles de Castelbajac dit être un artiste total. Et Notre-Dame est "un accomplissement".

 

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