Témoignages. Agriculteurs en colère : ils se relaient sur l'A20 jour et nuit pour maintenir le blocage

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Les agriculteurs et agricultrices se relaient depuis ce mardi 23 janvier pour poursuivre le blocage de l'A20. ©Carole Maillard
Publié le Écrit par Nassuf Djailani et Manon Pélissier

Depuis ce mardi 23 janvier, l'A20 est bloquée entre les échangeurs 22 et 25, aux alentours du rond-point de La Croisière, près de La Souterraine. Nous sommes allés à la rencontre des agriculteurs qui se relaient jour et nuit pour tenir le piquet de grève.

Sous le pont de la Croisière, ils ont installé une table pour se restaurer et discuter. Jean-Pierre y a installé son tracteur dans lequel il dort depuis mardi, avec son chien Gus. "Je suis là depuis trois jours et je n'ai pas l'intention de m'arrêter. Je suis peut-être là pour quinze jours !", lance-t-il avec le sourire.

Ils sont une dizaine d'agriculteurs et agricultrices à se relayer jour et nuit pour tenir le piquet de grève. Sur la commune de Saint-Maurice-La-Souterraine, l'A20 est ainsi bloquée au niveau du rond-point de la Croisière depuis ce mardi 23 janvier. 

Des revenus "minables"

À 74 ans, Jean-Pierre est laitier en agriculture biologique à la Jonchère-Saint-Maurice, pour à peine 1 500 euros par mois. "Ce qui ne va pas en premier, c'est le revenu. On a des revenus absolument minables par rapport aux heures de travail que l'on effectue et aux investissements qu'on doit réaliser pour mettre en œuvre toute une exploitation agricole", explique-t-il.

On marche complètement sur la tête. Si on continue comme ça, on est perdu.

Jean-Pierre

agriculteur laitier

De son côté, Yann est venu prendre le relais pour la nuit, à 3h du matin, après s'être occupé de sa ferme. Éleveur et producteur en agriculture biologique, il vient de faire le choix de sortir du bio, faute de revenus : "On était en bio depuis 2011. On a fait treize ans de bio pour finir par dire : ah ben non, on en sort, car on ne peut plus. Et surtout, il n'y a pas de marché ! On vendait des céréales, de l'avoine pour les enfants, mais aujourd'hui, il n'y a plus de marché."

Éleveur bovin et céréalier à la retraite, Jean-Marie non plus ne s'en sort pas.

1000 euros de retraite pour 43 années de cotisation. Et ce ne sont pas des années à 1600 heures comme tout le monde, mais plutôt autour de 3000 heures par an. C'est la ruine.

Jean-Marie

éleveur bovin et céréalier retraité

Le blocage continue

La colère est bien présente, la gorge serrée et les yeux humides. Rare consolation sur ce piquet de grève, la tendresse de Gus, le chien de Jean-Pierre, et les provisions pour le casse-croûte.

Après un arrêté préfectoral, les manifestants libèrent ce soir-là quelques camions qui filent sur la route de Bellac. Déterminés à se mobiliser jusqu'à obtenir une réponse satisfaisante du gouvernement, les agriculteurs comptent poursuivre le blocage "aussi longtemps qu'il le faudra".

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