Un an après avoir adopté la semaine de quatre jours au sein de leur entreprise, des entrepreneurs du Limousin, restaurateur et porcelainier, constatent les premiers changements palpables. Mais pas suffisant pour voir une évolution du point de vue des bénéfices à cause, disent-ils, de l'inflation. Retour d'expérience.
« Aujourd’hui, on travaille intensément sur quatre jours. Ça permet aux salariés de profiter de leur famille et de prévoir des activités le week-end. Ça nous permet de les fidéliser et qu’ils n’aillent pas voir ailleurs », se félicite François Durgueil, le gérant du restaurant L’Agape à Limoges. Il a décidé d’adopter la semaine à quatre jours et il n’est pas mécontent avec un an de recul.
C’est au moment de la reprise après la crise sanitaire liée à la Covid que l’entreprise avait perdu en effectif et pour les retenir, le patron a décidé de passer à cette formule.
« On s’organise beaucoup mieux, notamment pour les approvisionnements, c’est plus gérable. On travaille beaucoup avec les artisans du coin. Avec la boulangerie Chez Renard, par exemple, avec la ferme Beauregard pour tout ce qui est magret ou foie gras de canard. Et cette nouvelle organisation nous permet d’avoir moins de pertes parce qu’on ne travaille que des produits frais. »
Autre élément non négligeable, confie François Durgueil, « avec plusieurs mois de recul, on voit que les salariés sont beaucoup plus productifs parce qu’ils sont reposés. Et cela se ressent sur leur productivité et donc sur le chiffre d'affaires ».
Sur l’organisation des tâches, ici, on travaille de 10 h 30 à 14 h 30 pour une reprise de 18 h 30 à 22 h 30, sans oublier les pauses repas. « Nous sommes ouverts du mercredi au samedi. Mes employés sont de repos le dimanche, le lundi et le mardi. Ce qui est très apprécié de mon personnel. »
Ils sont cinq salariés dont un chef de cuisine, des apprentis et des extra CDD.
Inflation
La semaine de quatre jours génère, certes, un gain de productivité, mais c’est une bonne nouvelle à relativiser. "Aujourd’hui, on fait face à une inflation trop galopante (par exemple sur l’énergie, les matières premières.), du coup les bénéfices générés ne suffisent pas" tempère le chef d’entreprise. "On fait plus attention à la gestion financière, car le gouvernement nous annonce que le coût de l’énergie va augmenter et ce n’est pas pour nous rassurer", se désole-t-il.
"Dans un autre temps, j’aurais donné des primes, mais l’époque est trop incertaine pour me permettre d’augmenter les salaires", regrette le restaurateur.
Face à la crise et au manque de personnel, certains restaurateurs du Limousin ont fait appel à des salariés recrutés au-delà du Limousin, comme c'est le cas au Coq d'or, à Chénérailles, et au restaurant Alexia, à La Souterraine (Creuse)
Reconduite de la semaine de 4 jours chez ce porcelainier
À quelques kilomètres de là, à Pierre-Buffière, c’est la crise énergétique qui a tout changé. 30% du prix de production est liée au coût de l’énergie. C’est intenable à la longue. Un four énergivore qui avec la nouvelle organisation tourne sur quatre jours seulement, ce qui aide à réduire la facture d’énergie.
Ici, on travaille 35 heures par semaine du lundi au jeudi. « Et on voit bien que le jeudi soir, au moment de la débauche, tout le monde retrouve le sourire, car ils savent qu’ils ont du temps devant eux », confie Bruno Lamande, directeur du site de Pierre-Buffière chez le porcelainier Guy Degrenne. Les femmes représentent ici 70% du personnel.
En revanche, "après le premier anniversaire de la mise en place de la semaine de quatre jours, il est trop tôt pour parler de gain de productivité. On a la même quantité de production qu’avant", tempère le porcelainier. "C’est plus le bien-être au travail que l’on a constaté et qui est reconnu par les salariés", se félicite-t-il.
Recrutements
« Ça nous a certes permis de faire des recrutements. Plus de 20 personnes ont été embauchées depuis la mise en place de la semaine de quatre jours ».
Autre élément non négligeable, rappelle le chef d’entreprise, "nous sommes en milieu rural, et il ne faut pas oublier que beaucoup de nos salariés ont pu faire des économies de carburants avec cette nouvelle organisation. 100 euros d’économies dans le mois, c’est appréciable", souligne Bruno Lamande.