On ne compte plus, ces derniers mois, le nombre de commerces de marques nationales qui ont fermé leurs portes en centre-ville de Limoges. Camaïeu, San Marina, Burton... et bientôt André, Pimkie. Les raisons sont multiples : prix des loyers, inflation, nouveaux modes de consommation...
"C'est avec regret que notre équipe et votre magasin vous disent au revoir...". Ces quelques mots placardés à l'entrée du magasin de chaussures André, en haut de la rue du Clocher, annoncent aux clients la fermeture du commerce dès le 3 mai.
Les quatre salariés ont appris la nouvelle il y a seulement quelques jours, même si le placement en redressement judiciaire de l'entreprise en février les avait alertés.
"Il y a beaucoup de difficultés dans le monde du commerce actuellement. C'est dû à plusieurs facteurs : le prix des loyers qui est exorbitant et continue de monter sans aucune régulation de la part de l'État, le coût des charges et de l'énergie, les ventes en ligne et la concurrence des produits asiatiques moins chers, plus attractifs en période d'inflation", analyse Adrien Baruteau, conseiller vente relais chez André Limoges.
Ce salarié dévoile le loyer pour ce magasin de 160 m² en plein cœur de ville : 5500€... L'une des raisons qui a poussé la marque nationale, installée depuis l'après-guerre rue du Clocher, à renoncer à sa boutique du centre-ville.
Fermetures en série
Dans cette même rue du Clocher, artère piétonne et commerçante du cœur de ville, plusieurs autres enseignes nationales ont fermé boutique ces derniers mois : Camaïeu, San Marina, et à l'angle de la rue Jean Jaurès : Burton, dont le local reste pour l'instant inoccupé.
Ce n'est pas le cas du local de l'ancien commerce Camaïeu, qui a retrouvé un occupant à peine un mois-et-demi après la fermeture. L'enseigne de lingerie Valège cherchait à s'installer en centre-ville, et a négocié le loyer pour cet emplacement de 200 m². "Les propriétaires de certains locaux ont fait un geste pour que les loyers baissent et que certaines enseignes puissent s'installer. On a sauté sur l'occasion, et on est très contentes d'investir ce lieu", affirme Aicha Abbou, la responsable de la boutique de sous-vêtements.
Fournier se maintient, mais avec de l'aide
Un peu plus haut, un autre magasin de chaussures, l'enseigne limougeaude Fournier, rebaptisée Société de Distribution Centrale, possède 16 magasins en France, en centres-villes et en périphéries. Elle compte 70 salariés et fait l'objet d'une procédure de sauvegarde pour rembourser les PGE (prêts garantis par l'État) contractés pendant la période du Covid. "Les délais de remboursements sont très courts, trop courts par rapport à une reprise qui n'est pas aussi évidente que c'était prévu. En plus, la croissance n'est pas au rendez-vous et les charges sont très lourdes à assumer", explique le PDG Michel Fournier qui se désole que l'accès des consommateurs au centre-ville devienne de plus en plus compliqué.
Centre-ville versus centres commerciaux
D'autres enseignes prévoient de quitter prochainement le centre-ville pour se concentrer sur leur présence dans les centres commerciaux, c'est le cas de Micromania, rue du Consulat.
L'enseigne Pimkie devrait elle fermer son magasin du centre Saint-Martial avant la fin de l'année, pour garder uniquement celui situé rue du Clocher.
"Les grandes enseignes dans les centres-villes ne représentent plus la société de consommation d'aujourd'hui", analyse Jean-François Pailloux, président de l'association "Pignon sur rue 87" qui regroupe une centaine de commerçants, "En centre-ville, ce sont des gens qui veulent de la qualité et de la marque et sont prêts à y mettre le prix. Les petits commerces ont une place à prendre, car ils collent plus à la demande de terrain, qui n'est pas celle d'il y a 30 ans".
La rue Adrien Dubouché, longtemps sinistrée, est en train de prendre ce tournant, avec l'installation récente de plusieurs petits commerces locaux, comme le créateur de chaussures sur-mesure Uniqua, le Comptoir du Thé et une librairie spécialisée en BD-mangas.