Le récit et les premières images de cette journée de sauvetage dans le froid et l'enfer des répliques du séisme avec le responsable de l'association, dont le siège est à Limoges. Le pompier, habitué des sites de catastrophe, nous raconte avec beaucoup d'émotion le désarroi des familles qui espèrent encore retrouver des survivants.
Même pour ce secouriste chevronné, l'état de la Turquie après le séisme est difficilement supportable.
C'est quand on les voit devant les immeubles, c'est difficile oui... On a été submergés par les demandes, les gens ensevelis et les chiens qui marquaient de nombreux sites...
Philippe BessonPrésident-fondateur des Pompiers de l'Urgence Internationale
Le plus gros problème finalement n'est pas le froid intense, mais la détresse de tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont tout perdu en Turquie. Et c'est un homme courageux, mais troublé et très ému, qui nous raconte cette mission de sauvetage qui s'annonce périlleuse.
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L'équipe est arrivée mercredi matin via Ankara, et a poursuivi par la route : un cheminement compliqué en raison des averses de neige, et un froid jusqu'à -15 degrés. Mais les 36 sauveteurs, accompagnés de 3 chiens, parviennent à la destination fixée par l'ONU et la sécurité civile turque : Maras.
On a été engagé immédiatement, on n'a même pas eu le temps de prendre des consignes. Ils nous ont dit : vous êtes disponibles, opérationnels ? On a répondu oui !
Philippe BessonPrésident-fondateur des Pompiers de l'Urgence Internationale
Direction le centre-ville de Maras où un immeuble s'est effondré et où les premiers secours avaient noté des signes de survie. Difficile, là encore, d'arriver sur site en raison d'un trafic que le secouriste nous décrit comme considérable : les ambulances s'affèrent dans tous les sens pour tenter de sauver les survivants.
Deux vies sauvées dans cette course contre-la-montre
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On s'est scindé en deux équipes, parce que toute la population venait à nous pour nous demander d'intervenir. Ils avaient entendu des cris... On était submergé par les demandes. On a commencé la recherche avec les chiens, les caméras et les scanners.
Philippe BessonPompiers de l'Urgence Internationale
Dès les premières minutes, le chien indique aux sauveteurs un premier marquage... La phase de dégagement des victimes commence.
L'immeuble était couché avec un angle de quasiment 45 degrés, des risques d'effondrement très importants. C'était vraiment très tendu, parce qu'on s'est dit : avec les répliques, ça va finir de coucher le bâtiment et on va tous y rester.
Philippe BessonAssociation PUI
L'immeuble tient le coup, les équipes aussi... Finalement, une victime est sortie des décombres, mais elle est malheureusement décédée.
La 2e victime par contre était vivante : c'était une jeune fille de 11 ans qui était quand même assez blessée, mais son pronostic vital n'est pas engagé. Elle va être soignée à l'hôpital local, et si nécessaire, envoyée vers Ankara.
Philippe BessonAssociation PUI
Il est alors 15 h 30. Les recherches se poursuivent dans un immeuble de 7 étages qui s'est effondré, après qu'un autre immeuble est tombé dessus : il ne reste plus que 3 étages debout. Les marquages se succèdent et confirment qu'une femme se trouve coincée à l'intérieur. Elle est vivante.
On a demandé à une équipe turque de venir avec nous pour dialoguer avec la personne. On a mis un peu de temps, mais on a pu la dégager vers 21 h 30.
Philippe BessonAssociation PUI
Dans l'enfer de l'hiver par moins 15 degrés
Les conditions sont de plus en plus difficiles, car plus les heures passent, plus les chances s'amenuisent de retrouver des victimes vivantes. De nombreuses équipes sont arrivées du monde entier. Toutes sont regroupées sur une même base de la sécurité civile turque.
Les conditions sont difficiles, car il n'y a pas d'électricité, (le campement fonctionne avec des groupes électrogènes très bruyants, NDLR), il n'y a pas d'eau, quasiment pas de sanitaires. Il y a des populations présentes parce qu'elles ne savent pas où aller. Il n'y a plus de lieu de vie : ils ont tout perdu.
Philippe BessonPompiers de l'Urgence Internationale
Philippe Besson décrit les familles qui restent aussi prostrées devant les immeubles à guetter le moindre signe de vie. Des scènes d'horreur alors que, la nuit, les températures descendent jusqu'à moins 15 degrés.
Cette nuit, il a même gelé à l'intérieur des tentes. Tout a gelé, le matériel, les batteries ont été fortement endommagées. Malgré nos sacs de couchage prévus pour supporter moins 25 degrés, c'est un peu compliqué... Mais on continue.
Philippe BessonAssociation PUI
Un système de rotations pour tenir et sauver plus de vies
Pour les jours à venir, les équipes vont maintenir un système de rotations : l'équipe de ce jeudi matin s'est rendue sur le site d'un hôpital pendant qu'une seconde reste au camp de base, pour régler les problèmes logistiques et aussi pour se reposer. Car "la nuit, on ne peut pas dormir".
Quand le soir vient, en revanche, le bruit est limité et il est donc plus facile d'entendre les appels au secours. "On va continuer comme ça, et on a un très bon soutien des équipes turques qui font un travail remarquable."
