Témoignages. PARIS 2024. "Ce n'est pas toujours facile" : le casse-tête des athlètes paralympiques pour financer leur préparation aux Jeux

Publié le Mis à jour le Écrit par Da Silva Nicolas
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À quelques mois des Jeux paralympiques de Paris, les athlètes poursuivent leur préparation pour espérer décrocher le Graal. Malgré des subventions importantes, la recherche de partenariats pour couvrir les frais semble difficile pour certains. Des difficultés financières qui pourraient compromettre leurs Jeux.

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J-141 avant le début des Jeux paralympiques de Paris 2024. La compétition d'une vie avec un titre historique au bout, mais un rêve qui s'éloigne peut-être déjà pour certains, à cause d'une préparation tronquée par des difficultés extérieures. C'est ce qu'indiquait la femme de Cyril Jonard, judoka sourd et malvoyant, dans un entretien sur France Bleu Limousin.

Le natif d'Eymoutiers a bien du mal à trouver des sponsors en vue des Jeux. Des difficultés qui entachent sa préparation. "On est toujours en recherche de partenariats malgré le palmarès de Cyril. Il n’a jamais eu 1% des partenariats de Teddy Riner alors qu’il a un palmarès important aussi. Dans toutes les compétitions de parajudo, il n’y a pas de prime, hormis les Jeux olympiques. C’est une véritable galère", alerte sa femme Cécilia, que nous avons pu joindre par téléphone.

À LIRE AUSSI : Jeux paralympiques 2024. "Il faut 39 000€", Ahmed Andaloussi, un triathlète à la recherche de financement

"On est moins dans le dur qu'avant"

Mathieu Bosredon est une autre figure du handisport dans la région. Multimédaillé dans la discipline du handbike, le Briviste est déterminé à ramener la breloque dorée devant son public. Contrairement à Cyril Jonard, il estime avoir les moyens nécessaires pour une bonne préparation en vue des Jeux. "En fonction des revenus, il y a des aides de l’ANS (agence nationale du sport) pour les athlètes pouvant aller jusqu’à 40 000 euros par an. Je m’en sors avec ça aujourd’hui. Je suis intégré dans une structure professionnelle, donc les déplacements sont défrayés tout comme les lieux d’hébergement. On a accès aux matériels de professionnels, on nous paye les patins de frein, les pneus, les chambres à air, la nutrition. On nous met à disposition des entraîneurs et des préparateurs mentaux."

Le Corrézien reconnaît qu'en tant qu'handbiker, il bénéficie d'aides financières que d'autres athlètes paralympiques n'ont peut-être pas. "Il y a des sports qui coûtent plus cher que d’autres. Le paracyclisme est la discipline la plus pourvoyeuse de médailles avec 15 à 20 médailles estimées aux Jeux de Paris. On est l'une des disciplines qui a le plus de subventions, on est passé de 130 000 euros à Rio à 500 000 euros aujourd’hui."

Je comprends que certains athlètes soient dans le dur, mais on est moins dans le dur qu’avant.

Mathieu Bosredon

Paracycliste

Car lorsque Mathieu Bosredon participe aux Jeux paralympiques de Rio en 2016, ce n'est pas dans les mêmes conditions. "On n’avait pas la même médiatisation ni le même accès aux partenariats. On se pose moins la question de “est-ce qu'on va pouvoir manger, courir, équiper notre vélo”... On est concentré sur notre préparation, sur le fait de performer. Je suis beaucoup moins stressé que quand j’étais plus jeune. Je n’aurais jamais continué si c'étaient les mêmes financements qu’à Rio", avoue-t-il.

Pour autant, ce dernier craint un retour en arrière après les Jeux de Paris. "On sent des moyens développés, ça donne un coup de fouet à nos partenaires. J’espère que ce sera le cas pour les olympiades d’après, et je ne suis pas du tout sûr. J’ai peur que ça s’arrête d’un coup, et là, ce serait dramatique."

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Compter sur le soutien des fédérations

De son côté, Léane Morceau doit encore se qualifier pour la compétition. Sans le soutien de la Fédération française de natation, l'athlète née à Poitiers ne pourrait pas se permettre de rêver d'une finale paralympique devant son public et sa famille. "J’ai un seul partenariat et c’est la fédération qui m’a mis en contact avec eux. Pour les sponsors qui ne sont pas partenaires premium des Jeux, il y a des lois et des règles qui vont faire que c'est moins avantageux pour eux. Trouver des partenaires n'est pas toujours facile, mais la fédération est consciente des difficultés et nous aide à trouver des solutions."

Actuellement en école de kinésithérapie à Limoges, elle bénéficie d'un calendrier aménagé. "On doit normalement faire 35 heures par semaine. Au vu de ma préparation, j'ai découpé mon année et je suis très peu à l’école, donc plus de salaire. La fédération me donne une aide pour compenser et elle s’est arrangée avec la région pour que je puisse toucher mon salaire."

Des subventions qui permettent à Léane Morceau de croire en son rêve. Pour l'atteindre, elle s'entraîne plus de cinq heures par jour la semaine. "Ça se passe bien. Je peux me concentrer sur mes entraînements et mes études, et je ne pense pas aux sponsors."

Pour rappel, Emmanuel Macron avait déclaré en 2021 que la France "doit intégrer durablement le top 5 olympique et paralympique." Lors des Jeux de Tokyo 2020, la France avait terminé 8ᵉ aux Jeux olympiques et 14ᵉ aux Jeux Paralympiques.

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