Travaux repoussés depuis 2018, longueur de la piste d'essais divisée par trois, investisseurs absents… En Haute-Vienne, les travaux du futur laboratoire à ciel ouvert, du train le plus rapide au monde, n'ont toujours pas commencé.
La première pierre n'a pas encore été posée. En 2023, cinq ans après le lancement officiel du projet en Limousin, seule l'ancienne voie ferrée, qui doit accueillir la piste d'essais Hyperloop, a été débroussaillée. Après le fiasco industriel de l'Hyperloop de Toulouse, la construction d'une piste d'essais, dans le petit village de Droux (Haute-Vienne) est au point mort.
La société canadienne Transpod, porteuse du projet, continuait pourtant à avancer le contraire, au mois de septembre 2022. Aujourd'hui, Transpod peine encore à lever des fonds et attirer des investisseurs.
"C'est resté en stand-by"
Selon Madeleine Saillard, la maire de Droux, les travaux devraient débuter à l'automne 2023. Une date, sans cesse décalée, selon les riverains de l'Hyperloop."Pour le moment, on n'a pas eu trop d'informations, c'est resté un peu en stand-by. On sait juste que les travaux devaient commencer cet été, donc on attend de voir si ça va se faire", s'interroge Fanny Lepeytre, qui habite à proximité de la future piste d'essais.
Le cahier des charges semble, lui aussi, avoir évolué, au fil des années. Si elle sort de terre, la piste ne ferra plus qu'un petit kilomètre, contre trois kilomètres annoncés initialement. Pour autant, Vincent Léonie, le président de l'association Hyperloop Limoges, certifie qu'ils travaillent sur des avancées technologiques concrètes.
On voit qu'il y a des prototypes qui sont en train d'être mis en place, la lévitation et le déplacement de la capsule commencent à être expérimentés.
Vincent LéoniePrésident de l'association Hyperloop Limoges
Un message, que Vincent Léonie compte bien faire passer également sur les réseaux sociaux de l'association. Au travers d'articles de presse, de Une de journaux ou encore de reportage télévisé national, comme ici au 13 heures de TF1, tout semble se dérouler comme prévu.
"Hyper loupé" à Toulouse
En France, on comptait, jusqu'à présent, deux projets d'Hyperloop, l'un à Toulouse et le second en Haute-Vienne. Dans la ville rose, capitale de l'aéronautique et de l'aérospatiale, le projet de train subsonique, porté cette fois par "Hyperloop TT" a capoté. Qualifié de "fiasco industriel" dans les médias, l'entreprise "Hyperloop TT" a été sommée de quitter la base militaire qu'elle occupait.
Pour Gilles Dansart, journaliste spécialiste du transport ferroviaire, l'hyperloop aurait besoin d'un débouché réél.
Pour plus de crédibilité, il faudrait, à l'Hyperloop, un État ou une région qui porte un vrai projet et qui s'engage au Moyen-Orient, ou dans des zones qui ne sont pas contraintes.
Gilles DansartJournaliste, rédacteur en chef du site Mobilettre et spécialiste du transport ferroviaire
L'idée d'une capsule qui relierait Limoges à Paris à mille kilomètres par heure n'a jamais été jugée crédible par les spécialistes. En Limousin, l'Hyperloop ne rapportera qu'un peu d'emploi, d'image et d'activité industrielle.
Rappelons, qu'en Limousin, relier Paris à Limoges, demande une demi-heure de plus que dans les années soixante-dix. C'était l'un des thèmes abordés dans l'émission Enquêtes de Région consacrée aux transports ferroviaires.