27 juillet 1944 : histoire d'un sabotage décisif dans les Landes

C'est sans doute l'un des sabotages ferroviaires les plus efficaces de la fin de la Guerre dans les Landes, du moins exécuté par un seul homme. Henri Ferrand avait plastiqué des trains entiers de munitions en gare de Laluque dans les Landes, favorisant la victoire alliée.

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Henri Ferrand est un instituteur de 24 ans qui a été réquisitionné par le service du travail à l'entretien des voies au dépôt SNCF de Laluque.

Ce 27 juillet 1944, il a repéré ce train. 69 wagons chargés de munitions sur la commune de Taller, le deuxième dépôt d'armes en France de la Wehrmacht.

Regardez et écoutez l'histoire incroyable de ce sabotage racontée par Ludivine Tachon et Jean-Yves Pautrat.

Interviennent dans ce reportage:
  • François Campa, historien
  • Alban Dubrou, ancien résistant, Corps Francs Pommiès
  • Serge Laurent, Président de l'AERI (Association pour des Etudes sur le Résistance Intérieure)

"Mon histoire de train"



Plus tard, Henri Ferrand témoigne de son action résistante ce jour là :

« Contrairement à ce qu’on a écrit, je n’étais pas déguisé en cheminot car j’avais 
bien l’intention de ne pas me faire voir du tout pendant le sabotage.
Je surveillais le train puisque j’habitais là dans le coin et je savais qu’il se formait petit à petit. Je me suis procuré des explosifs et quand je suis arrivé à la gare, à six heures, j’ai vu écrit sur le panneau des départs : « Train de munitions pour Rennes, départ à 21 heures » 

J’avais bien les explosifs mais c’était six heures et le train partait à neuf heures. Je vous assure que j’étais bien embarrassé parce que rien n’était prévu pour essayer de stopper ce train plus loin. 

Alors je suis allé au WC de la gare de Laluque et j’ai préparé mes explosifs. Je me mets ensuite au milieu des voyageurs parce qu’il y avait un train qui venait de Bordeaux et un autre qui partait de Dax. Je regarde mon train de munitions qui était sur une voie de garage et je m’aperçois qu’il y avait une sentinelle qui, au bout du train faisait des allers-retours. Puis, à un moment donné, le type, au lieu de revenir en arrière, a continué à marcher. Je me suis dit : « C’est le moment ! »

J’ai enjambé les deux ou trois voies. J’ai quitté les gens qui étaient là et, pendant que l’Allemand partait de ce côté du train, je suis passé de l’autre côté. Je voyais ses jambes par-dessous les wagons. Le premier wagon était fermé, le deuxième était ouvert alors je suis monté sur le marchepied et j’ai mis un explosif dans le wagon. Il me restait un deuxième explosif au cas où ça raterait. Je regarde et cinq wagons plus loin, j’en aperçois un autre qui était ouvert. J’ai mis ma bombe et j’ai sauté du train

Je suis à deux mètres et trois sentinelles arrivent vers moi. J’ai regardé par terre comme si j’avais perdu quelque chose. J’ai essayé de gagner un mètre. Il ne fallait pas s’affoler. Je regarde toujours du coin de l’œil si ma sentinelle s’agite. Elle tarde à m’interpeller… J’ai vu un passage, je suis passé. Rien ne s’est passé… je me suis éloigné et j’ai réussi à quitter les lieux comme ça (…)

J’ai dû revenir dans le courant de la nuit. Etant requis pour travailler sur les voies, je ne voulais pas qu’on me trouve manquant le lendemain. Les policiers nazis auraient tout de suite fait la liaison. Je m’en suis vu pour traverser la voie ferrée. Il y avait des débris partout. Dans la nuit, je ne voyais rien. Il y avait de la ferraille partout en travers. Ça a été terrible comme destruction. La gare ressemblait à un champ de ruines. Il n’y a pas eu de victimes. Tout le monde a eu le temps de rejoindre les abris. »




 



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