Créer une forêt dite comestible, c'est le projet un peu fou d'un agriculteur d'Estibeaux dans les Landes. Son idée : produire toutes sortes de fruits et légumes en permaculture, avec peu d'intervention humaine, et vendre cette production en circuits courts.
Laissé en jachère depuis 10 ans, un terrain de sept hectares de la commune d'Estiveaux pourrait accueillir un ambitieux projet. Sur les hauteurs de ce village de Chalosse, Yoann Lang veut créer une forêt comestible. L'idée, c'est de s'inspirer d'une forêt traditionnelle pour produire son alimentation.
"On travaille sur les strates de végétation, avec un grand arbre qui va en protéger un plus petit, qui va lui-même protéger un buisson qui va protéger un fraisier par exemple. Et puis des carottes en dessous. On peut monter jusqu'à quatorze strates, développe cet agriculteur écologiste. L'idée, c'est d'être au plus proche de la nature pour produire notre alimentation."
Peu d'intervention humaine
Les premiers résultats sont déjà visibles. Dans ce maraîcher naturel, piments, tomates et courgettes et autres salades sont cultivées au milieu des hautes herbes en irrigant le moins possible. "Lorsque vous voyez ce genre de produit, une salade, qui pousse sur une bande où il n'y a aucun apport humain d'eau, on peut dire que c'est prometteur," sourit Franck Lutic, ouvrier agricole.
Si quelques chênes et saules ont fait leur apparition, 60 000 arbres vont être plantés d'ici à 2028. "Ici, on va avoir à peu près tous les fruitiers qu'on connaît et on fait quelques tentatives en anticipant le réchauffement climatique, comme le yuzu, le citron caviar ou l'anacardier, qui produit des noix de cajou !"
Une production vendue en direct
Pour alimenter le futur jardin d'Eden, un système d'irrigation est en cours de construction. L'objectif est de récupérer au maximum les eaux de ruissellement environnantes. "On les filtre dans une première épuration en phytoépuration, soit une filtration de l'eau par les plantes, poursuit Yoann Lang. On a installé une écluse qui nous permet de réguler le niveau de ce premier bassin. On peut libérer l'eau pour qu'elle se disperse dans trois canaux."
Propriétaire du terrain, Yoann Lang a dû faire appel à des financeurs privés pour bâtir ce projet de 200 000 euros. Toute la production de cette forêt comestible d'Estibeaux sera vendue en direct, via des circuits courts.