Les violentes pluies qui se sont abattues sur les Landes cet hiver ont rendu de nombreuses pistes impraticables. Il est devenu très difficile pour la filière de s'approvisionner en bois dans la forêt des Landes de Gascogne. Les professionnels manquent de stock, alors que la demande augmente.
Il a beau avoir chaussé ses bottes, il ne prendra pas le risque de s'aventurer trop loin sur la piste. Au cœur de la forêt landaise, à Saugnac-et-Muret, Nicolas Lafon, président départemental de la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI), reste prudent : le sol est détrempé, avec, par endroits, jusqu'à 40 centimètres d'eau stagnante.
La conséquence des pluies diluviennes qui se sont abattues sur le département cet hiver.
Cette piste inondée, comme de nombreuses autres, est habituellement utilisée par les engins de débardage, qui permettent de transporter les arbres coupés jusqu'aux camions. Toutes sont indispensables à l'activité bois en forêt landaise.
"Ces engins pèsent environ vingt tonnes, ce qui peut faire d'énormes dégâts sur une parcelle détrempée, explique Nicolas Lafon. Un débardeur va passer peut être une fois, mais pas plus. Il se retrouverait sur des sols mouvants, qui se dégradent au fur à mesure que l'engin passe. L'engin créerait de grosses ornières et la réparation de la piste serait coûteuse".
Des pistes indispensables mais coûteuses
L'entretien des 42 000 kilomètres de pistes de la forêt landaise coûte cher mais est indispensable à l'ensemble de la filière bois. Non seulement elles permettent aux engins de passer, mais ce sont les voies d'accès des pompiers afin d'intervenir au plus vite en cas d'incendie pendant la saison des feux de forêt.
Impossible de répondre à la demande
Les intempéries exceptionnelles ont donc des conséquences sur l'exploitation et l'économie de la filière bois, alors que la demande est en augmentation.
"Le matériau est en train de prendre sa place : les gens veulent des maisons avec du bois, le public s'aperçoit que le bois est un bon matériau, ils le préfèrent au plastique", explique Bruno Lafon, le président de la Fédération interprofessionnelle des bois Landes de Gascogne, qui ne cache pas ses craintes en cas de nouvelles intempéries.
"Habituellement, les entreprises travaillent avec quinze jours ou un mois d'avance de stock. Elles peuvent taper dedans en cas de difficulté. Mais comme elles ont déjà utilisé ce stock, elles ne se retrouvent plus qu'avec 48 ou 72 heures, d'avance", poursuit Bruno Lafon.
Ce manque de stock peut mettre l'usine en rupture d'approvisionnement, et entraînerait du chômage partiel. Ce qui serait quand même un comble, alors que l'activité économique est bonne !
"Ne pas répondre à nos clients, c'est jamais bon"
L'inquiétude est partagée par les différents acteurs du secteur. " Les Landes humides sont saturées, tout le monde va sur les Landes sèches… Les stocks des industries diminuent très rapidement", confirme Sébastien Menaut, gérant de la scierie Larreillet et Compagnie. Lui se dit être en perpétuelle recherche de stocks de bois.
La situation est tendue. On sait très bien que nos clients vont aller chercher du bois dans d'autres régions de France et que ça va être compliqué de les récupérer ensuite. Refuser des marchés, ne pas répondre à nos clients, c'est jamais bon.