La sécurité est au coeur des journées parlementaires du Modem, à Sanguinet dans les Landes, en présence du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur et du Garde des Sceaux. L'appel à l'unité aussi, en vue des échéances électorales. Une " reconnaissance " pour le patron du Modem François Bayrou.
La sécurité revient en force dans les discours. Le choix des invités du Modem ce mardi 8 septembre, devant un parterre d'une quarantaine de parlementaires centristes, donne le ton : le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti. Deux ministres qui ont ferraillé sur ce sujet ces derniers jours.
Reconquête des territoires
Aux parlementaires du Modem, ces représentants des territoires et ancrages particuliers du parti de François Bayrou, Gérald Darmanin rappelle le lien entre insécurité et drogue, source de tous les maux selon le ministre. « Un sujet ancien, complexe et dans l’actualité », précise-t-il, avant d'évoquer les derniers événements de Grenoble.La drogue touche toutes les familles françaises ( .. ) la drogue gangrène les quartiers et fait vivre 200 000 personnes en France
Mais pas question de dépénalisation pour Gérald Darmanin, qui estime que cela serait un coup de tonnerre pour les policiers, les magistrats, les familles touchées par des enfants qui connaissent l’addiction à la drogue.
Les maires interpellés
Le ministre avance d’autres réponses pour lutter contre l’insécurité et s’en remet aux responsabilités des maires, laissant entendre que l’Etat ne peut pas tout dans ce combat.Aux maires de favoriser les caméras de vidéosurveillance dans leur ville, la présence de la police municipale dans les rues.
Quant aux services de l’Etat, Gérald Darmanin reconnaît qu’il faut remobiliser les policiers nationaux sur le terrain et en finir avec les "tâches indues" qui leur prend trop de temps. De même, il regrette le manque d’OPJ ( officier de police judiciaire ) sur le terrain et une formation des jeunes policiers qui n’est pas complète. Ces jeunes qui ne pensent qu’à une chose lorsqu’ils sont en poste en région parisienne : repartir en province.
Quelle réponse judiciaire ?
Eric Dupont-Moretti, le garde des Sceaux, défend sa justice et ses équipes. Réponse dent pour dent aux critiques de Marine Le Pen ces derniers jours, laissant entendre un refrain connu sur le laxisme ambiant. " Je veux des peines justes. Une justice qui intervienne systématiquement et vite. 90 % des affaires obtiennent une réponse pénale. Et ça Madame Le Pen ne veut pas l’entendre."Il se défend de promouvoir d’une justice laxiste alors que les critiques fusent du côté du Rassemblement national ou encore du côté des syndicats de policiers.
Les syndicats de policiers ont tendance à charger un peu la justice.
Le garde des Sceaux défend aussi sa vision de la prison. "La prison est indispensable", a dénoncé la patronne du Rassemblement National, qui a évoqué "les prisons garderie ".
« Quelle honte » lui répond Eric Dupont-Moretti. Le ministre de la Justice rappelle que le milieu carcéral est un chantier pour lui : "certains hommes sont détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes".
Eric Dupont-Moretti a sa solution mise en avant devant les élus : le travail d’intérêt général. Une réponse judiciaire pas assez efficace à son goût : "un travail d’intérêt général ( TIG ) met 14 mois à être exécuté, c'est une source d’incompréhension pour les Français", constate-il.
J’ai besoin des élus qui vont me proposer des TIG.
François Bayrou, le patron du MoDem, assis au premier rang, incite ses troupes à répondre favorablement au ministre de la Justice : "Nous, qui sommes un mouvement et qui avons beaucoup d’élus locaux…. Il nous faut tous faire une communication sur la création de travaux d’intérêt généraux."
Arrivée du Premier Ministre Jean Castex aux côtés de Francois Bayrou aux journées parlementaires du #MoDem dans les #Landes pic.twitter.com/cqsrDOdHIR
— France3 Aquitaine (@F3Aquitaine) September 8, 2020
Pour enfoncer le clou, Jean Castex annonce des mesures à venir. " Nous allons agir (...) C'est le sujet du séminaire de demain. Le gouvernement n'entend pas laisser se développer ces actes inadmissibles". Le Premier ministre prévoit un tour des grandes agglomérations :
Un tour de France, pour voir comment nous allons augmenter les moyens, renforcer les polices municipales, renforcer la coopération entre nous pour fixer des objectifs chiffrés pour faire baisser la délinquance.
Le nouveau maire de Bordeaux, particulièrement concerné par la forte montée des actes de délinquances dans sa ville, devrait logiquement faire partie des élus visités. Il devrait y avoir quelques sujets de discussion, puisque Pierre Hurmic réclame, lui, la présence d'une compagnie de CRS, et n'est pas pour la videosurveillance.
Le coeur au centre
Engagement politique sur la sécurité et perspectives politiques, les rendez-vous de cette rentrée sont faits pour cela. Jean Castex l’a rappelé dès le début de son intervention. Il fait la tournée des journées parlementaires d'Agir ( NDLR l’ancien mouvement d’Alain Juppé ) et le week-end prochain de la République en Marche. Avec cette escale dans les Landes, le Premier ministre marque tout son intérêt pour le centre et les amis du maire de Pau, François Bayrou.Le chef du gouvernement, qui entend être aussi celui de la majorité, plaide pour "la constitution d'un pôle réunissant les trois forces qui concourent à l'existence de cette majorité parlementaire" et "la constitution d'un intergroupe" à l'Assemblée, alors qu'un "bureau de liaison" des partenaires de la majorité, souhaité depuis un an par les instances de LREM, n'avait jamais vraiment vu le jour, faute jusqu'alors d'enthousiasme de François Bayrou.
La préparation des élections départementales et régionales nous y invite.
Car au-delà de la défense de son plan de relance, il a besoin de porte-voix pour faire entendre le message. Les parlementaires sont tout désignés pour être les messagers. Et le moment voulu, pour défendre ce bilan dans quelques mois, au moment des échéances électorales proches : 2021 pour les régionales et départementales, 2022 pour l’élection présidentielle.
Car, selon le chef du gouvernement, "l'heure est grave (et) les Français ne comprendraient pas que nous nous dispersions dans des querelles subalternes". Il en a profité pour défendre sa politique: "la meilleure dans les circonstances présentes, cellequi est la plus attentive au sort de chacun, et celle qui prépare le mieux aux défis de l'avenir".
Jean Castex le sait : pour assurer l’élection de son patron, Emmanuel Macron, les centristes, notamment du Modem, auront du poids, surtout dans les territoires hors des grandes villes.
Le message semble reçu pour la députée des Pyrénées-Atlantiques Florence Lasserre :
Nous, groupe Modem, nous continuons d'être ce pilier fondamental de la majorité, unis, et avec cette envie de travailler auprès du président de la république et du gouvernement.
" Une reconnaissance " pour François Bayrou
Le patron du Modem savoure cette période de grâce, où sa récente promotion en tant que haut commissaire au plan a mis en lumière.Je suis très heureux de la reconnaissance que ce mouvement rencontre aujourd'hui.
" Ça n'a pas toujours été facile, il y a eu des années de galère. Tous ces élus les ont traversé avec moi, ce qui fait la solidarité entre eux. "
Il salue la venue de nouveaux députés venus rejoindre les bancs du Modem à l'Assemblée Nationale. Trois députés LREM ont rejoint lundi 7 septembre le MoDem, après Christophe Jerretie qui avait ouvert la voie début août. Ce mardi matin 8 septembre, c'était le tour de trois députés issus du groupe Libertés et territoires Philippe Vigier, Yannick Favennec, Sandrine Josso - ainsi qu'une députée du groupe Ecologie Démocratie Solidarité, Sabine Thillaye.
Comme l'exprime Jean Castex, il y a un chantier à mener : " élargir cette maison commune à toutes les forces qui le veulent, à tous les élus des territoires qui le souhaitent " . Reste encore à pouvoir élargir le nombre d'élus prêts à soutenir le Président de la République lors de sa deuxième campagne présidentielle.
Le Premier ministre, lui, a démissionné de LR juste avant sa nomination début juillet. Il n'a pour l'instant adhéré à aucun parti.